Printemps des poètes : après la polémique, le festival ébranlé, Sylvain Tesson conforté

Après la controverse suscitée par la désignation de Sylvain Tesson comme parrain de son édition 2024, le Printemps des poètes est secoué. Mais l'écrivain est toujours là, et il s'est enfin exprimé après plusieurs jours de silence.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'écrivain Sylvain Tesson à Paris, le 19 mai 2022. (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

Les attaques contre Sylvain Tesson, accusé d'être une "figure de proue" de l'"extrême droite littéraire", ont mis à mal le festival du Printemps des poètes dont il est parrain. Mais elles ont conforté finalement cet écrivain à succès. L'auteur de La Panthère des neiges est toujours la tête d'affiche de cette édition des 25 ans, prévue du 9 au 25 mars 2024.

Mais dans un climat de méfiance généralisée, depuis que la polémique a éclaté le 18 janvier, quelles manifestations pourront être organisées sereinement ? Interrogée lundi sur l'avenir de ce Printemps 2024 par l'AFP, la direction du festival a répondu que les événements listés sur son site internet restaient toujours prévus. "Le Printemps des poètes aura bien lieu, dans les bibliothèques, les écoles et ailleurs", a indiqué une porte-parole. L'association qui le porte, présidée par l'écrivain Alain Borer, doit réunir son conseil d'administration prochainement.

Crise profonde

Le festival traverse une crise profonde. Il a perdu sa directrice artistique Sophie Nauleau, qui a démissionné vendredi 26 janvier, à un mois et demi du début de l'édition 2024. Elle est victime de la tribune publiée dans Libération le 18 janvier, signée par des auteurs tels que Nancy Huston, Baptiste Beaulieu ou Chloé Delaume, qui reproche à l'écrivain "une idéologie réactionnaire" et d'être une "figure de proue" de l'"extrême droite littéraire".

Sophie Nauleau, qui occupait ce poste depuis 2008, a dénoncé "une cabale effarante, consternante pour ne pas dire monstrueuse". Mais pour elle, la position était intenable. Au-delà du choix de Sylvain Tesson, elle affronte des accusations de "management traumatisant". Lancées par des actuels et anciens salariés de l'association, celles-ci ont été relayées par les quotidiens Le Monde et Libération.

Pendant dix jours, Sylvain Tesson est resté silencieux. Dans l'intervalle, des soutiens ont afflué spontanément. Les plus significatifs sont ceux de deux ministres. Celle de la Culture : Rachida Dati a défendu "un grand écrivain", que les Français "lisent beaucoup", visé par "du sectarisme". Et celui de l'Économie et des Finances : Bruno Le Maire a exprimé son "soutien total à Sylvain Tesson", victime de "l'exclusion sectaire d'une plume aventureuse".

Le romancier de 51  ans, réputé conservateur, a reçu dans une contre-tribune publiée par Le Point des soutiens comme ceux de Pascal Bruckner, membre de l'Académie Goncourt, des anciens ministres Luc Ferry ou Bernard Kouchner, ou de l'essayiste Rachel Khan.

Des soutiens à gauche

À gauche, où on a peu d'affinités avec l'éloge de la tradition de Sylvain Tesson, qu'exalte encore Avec les fées (éditions des Équateurs), son dernier livre paru le 10 janvier, si certains ont trouvé la charge bien méritée, d'autres la jugent complètement absurde. Ainsi, l'ancien ministre de la Culture Jack Lang a parlé de "campagne imbécile", "crétinisme" et "insulte à la poésie". Le prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, aux idées ancrées à gauche, s'est étonné "des mobiles qui poussent des auteurs et des autrices à faire front commun non plus contre des idées, mais contre un homme".

Si les adversaires de Sylvain Tesson citent ainsi le livre de François Krug, Réactions françaises, enquête sur l'extrême droite littéraire, ce journaliste démontre seulement que l'écrivain a de très nombreuses amitiés à l'extrême droite, pas qu'il y est actif politiquement.

"Quel est mon crime, qui sont mes juges ?"

"Quel est mon crime, et qui sont mes juges ? (...) Je suis un peu déçu de me rendre compte que ceux qui devraient être des bardes préfèrent devenir des magistrats", a déclaré le principal intéressé, dimanche soir sur France 2, pour sa première réaction. "Je veux bien être un rétrograde, même un ringard (...) Mais ils ont trouvé un mot qui est le mot du conformisme absolu et qui clôt le débat, c'est : extrême droite", a-t-il ajouté.

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