Le Goncourt interdit de vente en Algérie et au Salon du livre d'Alger, la réaction de l'éditeur Antoine Gallimard
L'interdiction de la venue au salon du livre d'Alger a été notifiée aux éditions Gallimard début octobre, alors que Houris, le roman du Franco-Algérien sur les violences de la "décennie noire", la guerre civile de 1992-2002, était l'un des favoris du prix Goncourt. Ce lundi 4 novembre, alors que ce roman obtenait le prix, Antoine Gallimard a déploré l'interdiction du livre en Algérie, où il est illégal de vendre des ouvrages portant sur cette période. "C'est malheureux. Et c'est malheureux aussi, d'ailleurs, puisque l'Algérie nous a empêchés d'être présents à la Foire du livre", a-t-il commenté, interrogé par l'AFP.
"Mais je pense qu'en Algérie ils sont assez forts pour trouver un moyen de le lire autrement", a ajouté le patron du groupe Madrigall, en référence aux éditions pirates qui circulent.
Interrogé sur le dialogue qu'il aurait pu avoir avec les organisateurs du Salon du livre, il a répondu qu'il n'y en avait eu "aucun". "On a essayé mais ils ne répondaient pas, il n'y avait personne. La loi du silence", a-t-il expliqué.
Des jurés du prix Goncourt ont démenti que cette interdiction du roman ait orienté leur choix. "Il ne faudrait absolument pas voir ce livre-là, ni même sa consécration par l'Académie Goncourt, comme un geste politique vindicatif à l'encontre d'un pays ami", a souligné le président du jury, Philippe Claudel. "Et je pense que la littérature, justement, peut permettre de réinstaller, de recoudre des liens que certains ont trop tendance à vouloir déchirer, ou peut-être intérêt à voir déchirés", a-t-il ajouté.
"Je ne crois pas du tout qu'il y ait une recherche d'affrontement", a commenté, de son côté, Christine Angot, autre jurée. "On a une voix. C'est la seule voix qui dit ce qui est à dire. Donc on ne peut pas ne pas en tenir compte, le reconnaître, s'incliner. On ne peut pas faire comme si on n'entendait pas ce qu'il dit", a-t-elle estimé au sujet de Kamel Daoud.
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