Du navire Sudan à l'hôtel Old Cataract, un voyage en Egypte sur les pas d'Agatha Christie
Le Sudan, bateau à vapeur qui a inspiré Agatha Christie pour "Mort sur le Nil", ne connaît pas la crise. Les réservations ont repris en octobre, pour des croisières de luxe autour de 4 000 euros, qui passent par l'hôtel Old Cataract d'Assouan, où l'écrivaine a écrit les premiers chapitres de ce roman policier
Coque noire étincelante, boiseries et ambiance Belle Epoque, le bateau à vapeur Sudan construit en 1885 a inspiré la romancière britannique Agatha Christie. Il semble défier le temps en continuant de perpétuer sur le Nil, malgré son grand âge, la légende de la "reine du crime".
La ligne élégante du navire de 73 mètres de long et de 14,5 mètres de large, amarré à Assouan dans le sud-est de l'Egypte, contraste avec celle des autres embarcations souvent rudimentaires.
Et malgré la pandémie de coronavirus qui a obligé les compagnies de croisières à de longs mois d'arrêt, le Sudan a rapidement repris du service en octobre. "Nous avons eu des réservations immédiatement", se réjouit Amir Attia, directeur du bateau de croisière. "L'ambiance du voyage" a inspiré à Agatha Christie ses premiers chapitres de Mort sur le Nil, paru en 1937, affirme-t-il à l'AFP.
La suite d'Agatha Christie réservée deux ans à l'avance
Une oeuvre encore d'actualité puisqu'une énième adaptation cinématographique du célèbre roman, réalisée par le Britannique Kenneth Branagh, doit sortir en 2021. Construit pour la famille royale égyptienne avant d'être transformé en bateau de croisière en 1921, le Sudan a accueilli la romancière, auteure de 66 romans, avec son époux, l'archéologue Max Mallowan, en 1933.
Les passionnés d'histoire peuvent s'y offrir une croisière de luxe pour 3 600 à 4 500 euros, dans le cadre d'un package de huit jours incluant des nuitées dans deux hôtels historiques où le couple a séjourné.
Plusieurs fois abandonné, le navire connait une nouvelle jeunesse depuis son rachat et sa rénovation dans les années 2000 par un voyagiste français. Aujourd'hui, le bateau qui compte 23 chambres et suites ne fonctionne plus au charbon d'antan mais au diesel et à l'énergie solaire, et 67 employés veillent "jour et nuit" à son entretien. La suite de l'écrivaine reste "la plus prisée", avec "des demandes de réservation jusqu'à deux ans à l'avance", selon Amir Attia.
Les premiers chapitres écrits à l'hôtel Old Cataract
Sur le pont en bois, la vue sur les palmiers et les rives sablonneuses du Nil depuis des fauteuils en rotin est la même qu'au temps d'Hercule Poirot, le légendaire détective belge des romans d'Agatha Christie. Et à Assouan, le voyage dans le temps passe également par l'hôtel Old Cataract, qui a lui aussi gardé des traces du passage de la romancière.
Jean-Pierre Pichardier, professeur d'université franco-suisse à la retraite, y séjourne pour la troisième fois. Il note ne pas venir "spécifiquement pour Agatha Christie", mais apprécier "cet aspect historique". Dans le hall d'entrée de l'hôtel, derrière un cordon en velours, se trouve une chaise à bascule et un petit bureau, où s'asseyait l'auteure dans sa suite, affirme Selim Shawer, directeur général de l'hôtel.
Depuis sa construction en 1899, le luxueux Old Cataract est un point de chute privilégié pour les hommes d'Etat, les artistes et la haute bourgeoisie internationale. Winston Churchill, le prix Nobel de littérature égyptien Naguib Mahfouz et "presque tous les présidents français des quarante dernières années" y ont séjourné, selon Selim Shawer. François Mitterrand, notamment, était un habitué. Mais pour son directeur, c'est surtout "la possibilité de voir où Agatha Christie a écrit les premiers chapitres" de son roman égyptien qui attire la clientèle étrangère.
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