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François Mitterrand et l'Egypte : "Une fascination particulière"

Le 8 janvier marque le 25e anniversaire de la mort de l'ancien président de la République française. De la pyramide du Louvre à son ultime séjour sur les bords du Nil quelques jours avant sa mort, l'Egypte a tenu une place particulière dans la vie de François Mitterrand. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de la République François Mitterrand se tient au bord du Nil, à Assouan, sur la terrasse de sa suite à l'hôtel "Old Cataract", le 28 février 1995. (MANOOCHER DEGHATI / AFP)

C'est à Assouan sur les bords du Nil, en Egypte, que François Mitterrand a passé son ultime Noël en 1995. Comme beaucoup d'autres grands de ce monde, il séjournait régulièrement au mythique Old Cataractce palace posé sur la falaise qui surplombe le fleuve.

"C’est le dernier Noël que nous passons ensemble. Oui, nous sommes partis une fois de plus, loin des médias, de la France et du quotidien. Mais je savais que nous transporterions, dans nos bagages, la maladie et l’imminence de la mort", écrit sa fille Mazarine dans son ouvrage Bouche cousue.

L'Egypte pour ses ultimes vacances

Le 29 décembre 1995, jour de son départ d'Egypte pour Paris, il signera, d'une main où l'usure du temps marque son empreinte, le livre d'or de l'hôtel. Il décèdera dix jours plus tard.

L'ultime signature de François Mitterrand dans le livre d'or du palace "Old Cataract, le 29 décembre 1995. (MAISANT LUDOVIC / HEMIS.FR)

A en croire les chroniqueurs, ce n'est pas tant le confort de cet hôtel hors normes que recherchait l'ancien chef de l'Etat français, que la vue qu'il offre sur le fleuve sacré des pharaons. Le lieu est propice à la méditation, surtout quand l'heure de la mort est proche.

Ainsi, depuis la terrasse de sa suite, François Mitterrand pouvait contempler le site particulièrement riche d'histoire de l'île Eléphantine, en face du palace. Un îlot de 1,5 km de long où se trouvent des sépultures pharaoniques, un monastère chrétien et où vécut une colonie juive. La réunion de tant de spiritualités sur un même lieu ne pouvait que fasciner l'ancien président.

"Il connaissait les tombes de chaque pharaon"

L'intérêt que porte François Mitterrand pour l'Egypte, sa civilisation et sa symbolique ne se discute pas. "Il avait tellement lu de livres qu'il savait tout mieux que moi, raconte Hosni Moubarak. Il connaissait les tombes de chaque pharaon." Des propos rapportés par Christophe Barbier dans l'Express en 1996.

Les président Mitterrand et son homologue égyptien Hosni Moubarak posent pour les photographes devant le canal de Suez, le 25 octobre 1988. (MIKE NELSON / ARCHIVES)

Une réelle amitié lie les deux présidents, comme le reconnaît François Mitterrand dans une interview à un journal égyptien en 1988. "Il est de tous les dirigeants du monde, à l'exception de ceux des pays voisins de la France, celui que je rencontre le plus souvent : deux à trois fois par an depuis 1981." Le respect est tel entre les deux hommes que Moubarak prêtera son avion privé lors de l'ultime voyage de Mitterrand en Egypte.

"Une fascination particulière"

François Mitterrand a été, comme tous les érudits de son époque d'avant-guerre, formé sur un socle littéraire qui repose sur la Grèce antique, Rome et l'Egypte des pharaons. "Quelques pays, quelques peuples de par le monde exercent sur les Français une fascination particulière. L'Egypte est, à n'en pas douter, de ceux-là", explique le président Mitterrand à Hosni Moubarak en décembre 1982, lors de son premier voyage officiel en Egypte.

Le président Mitterrand visite le 26 novembre 1982 le site archéologique d'Abou Simbel, lors d'une visite officielle en Egypte. (PHILIPPE BOUCHON / AFP)

L'Egypte restera jusqu'à sa mort une grande source d'inspiration, lieu de méditation et d'introspection. Ainsi, c'est à l'issue de l'ascension du mont Sinaï, en décembre 1987, que Robert Badinter qui l'accompagne voit un signe. "J’ai compris à ce moment-là qu’il se représenterait pour un second mandat. Il venait de faire son test d’endurance."

Et c'est au cours de ce second septennat que le surnom de "tonton" véhiculé par la presse française s'effacera, pour laisser la place à celui de "sphynx"...

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