Cet article date de plus de sept ans.

Emmanuel Macron : "Un personnage de roman" sous la plume de Philippe Besson

Emmanuel Macron? "un personnage de roman" pour l'écrivain Philippe Besson, un proche du président et de son épouse, qui raconte l'irrésistible conquête de l'Élysée dans un livre politique qui se lit évidemment comme un roman.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Philippe Besson publie "Un personnage de roman" (Julliard), sur le président Emmanuel Macron
 (JOEL SAGET / AFP)

Portrait intime, récit d'une aventure, "Un personnage de roman" (Julliard), le livre le plus attendu et le plus secret de la rentrée littéraire, est tout cela à la fois. L'auteur d'"Arrête avec tes mensonges" n'est pas un croyant de la dernière heure. Philippe Besson a cru au destin d'Emmanuel Macron le jour même où celui-ci a claqué la porte du gouvernement, le 30 août 2016.

"Une illumination"

"Cette fois, j'en suis persuadé : il y va (...) Il part à l'abordage". Mieux, en voyant Emmanuel Macron au journal télévisé, le soir du 30 août, le romancier ne doute plus. "Il se produit en moi une chose étrange. L'apparition provoque une illumination, une révélation. Je pense: cet homme sera président un jour".

"C'est cette impression d'irrésistible qui décide le livre. Je songe : je vais écrire l'histoire de l'homme qui devient président", écrit Besson, se retrouvant ainsi sur les traces de Yasmina Reza avec Nicolas Sarkozy ("L'aube, le soir ou la nuit") et de Laurent Binet avec François Hollande ("Rien ne se passe comme prévu").

La proposition de Besson de se glisser dans la campagne de celui qui n'est pas encore officiellement candidat à la présidence est vite acceptée par Emmanuel Macron. "Il dit: c'est d'accord. Sans rien exiger en retour. Aucun contrôle. Aucune relecture".

Au coeur de la campagne macronienne

Avec Besson on se retrouve au coeur de la campagne macronienne. Le candidat, qui tutoie l'écrivain, se confie. "Si j'aimais tant que ça les puissances de l'argent, je serais resté dans cet univers. Mais je n'aimais pas le cynisme qui s'en dégage", dit Macron.

Les journalistes sont regardés avec une certaine condescendance. "Les journalistes, comme souvent suiveurs d'opinion, flairent aussitôt le filon. Ils se rangent, plus ou moins ouvertement, derrière l'enfant prodige, tant qu'il a les faveurs du peuple", écrit Besson. Les plus politiques guetteront les "petites phrases". Elles ne manquent pas. "Juppé est en mode planeur. Il perdra" les primaires de la droite, dit très tôt Macron encore persuadé qu'il devra affronter Nicolas Sarkozy.

"François Hollande est un nihiliste", dit-il du locataire de l'Élysée avant que le président annonce qu'il renonce à se représenter. Le soir de l'annonce, Emmanuel Macron est sonné. "Son regard est vitreux. L'homme est ébranlé". Macron, explique Besson, se demande alors si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour lui. Trouve-t-on des critiques même feutrées à l'encontre de celui que Besson appelle "Emmanuel M."? Non! si ce n'est de trouver "absurde" le titre du livre de campagne du candidat intitulé "Révolution".

"Je me rends compte que j'ai envie qu'il arrive"

Mais le romancier est honnête et justifie son parti-pris. "J'ai abdiqué ma neutralité (si j'en ai jamais eu). Je me rends compte que j'ai envie qu'il y arrive". Et il ajoute avec humour: "Pour la France ou pour mon livre ?". Le soir du premier tour, avant les résultats officiels, Emmanuel Macron sait déjà qu'il sera présent au second tour. "Comment tu te sens?", lui demande Besson. "Il sourit: 'c'est la fin de l'innocence'. Il savoure: 'qui l'eût cru? Eh bien, nous!'. Je le vois animé d'une joie grave".

La suite, tout le monde la connaît. Le 8 mai, Emmanuel Macron "devient le plus jeune président de la République dont la France se soit jamais dotée". L'auteur reverra Emmanuel Macron en tête à tête un soir de juin. Les deux hommes parlent de l'exercice du pouvoir, de la solitude qu'elle engendre, de la mort qui accompagne la fonction présidentielle. Mais Philippe Besson a une dernière question: "'Au fait Emmanuel, pas de regret de ne pas être devenu écrivain?' Sa réponse fuse: 'La vie n'est pas finie'".

 "Un personnage de roman", de Philippe Besson (Julliard)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.