"Labyrinthes" : Franck Thilliez joue les Minotaures avec un nouveau roman qui va vous faire frémir
L'auteur de "Pandémia" fête ses vingt ans d'écriture avec un nouveau roman très réussi en forme de poupées russes, qui clôt la trilogie commencée avec "Le manuscrit inachevé" et "Il était deux fois".
Franck Thilliez est le troisième auteur le plus lu de France (données 2021 de l'institut GFK), et pour cause : cet ingénieur reconverti au thriller il y a vingt ans maîtrise magistralement l'art de nous faire frémir avec des intrigues cousues de suspense et de substance scientifique, son dada. Labyrinthes publié aux éditions Fleuve Noir le 5 mai met en scène une journaliste, une inspectrice, une psychiatre, une kidnappée, une romancière, et … un auteur de polars psychopathe.
Une construction d'équilibriste, un scénario ciselé à l'échelle du micron, des personnages campés en quelques lignes, une écriture ultra efficace… le roi du polar français nous embarque dans une mise en abîme vertigineuse dont on ressort essoufflé, essoré, mais ravi.
L'histoire : un corps, le visage en bouillie, a été découvert dans un chalet perdu au fond d'une forêt. Pas loin de la scène du crime, une femme hagarde, en état d'hypothermie, a été récupérée et hospitalisée. L'enquête menée par l'inspectrice Camille Nijinski, se heurte à l'amnésie de cette suspecte. Un cas inédit pour le docteur Fibonacci, son psychiatre. "Je dois vous confier que, au cours de ma carrière, je n'ai jamais été confronté à un cas pareil".
Lysine, journaliste au Courrier normand, Véra Clertone, ancienne psychiatre souffrant d'hyper-electrosensibilité réfugiée au fin fond des Vosges, Julie, séquestrée par un psychopathe, Ariane, artiste peintre obsédée par les labyrinthes ou encore Sophie Enrichz, romancière un brin dérangée… Qui sont ces femmes qui gravitent autour du meurtre ? Quel fil d'Ariane les relie ?
Pour démêler l'incroyable enchevêtrement qui a conduit au massacre, il faudra écouter jusqu'à la fin l'histoire confiée au psychiatre par cette mystérieuse suspecte sur son lit d'hôpital, avant qu'elle ne sombre dans l'amnésie …
Snuff art et mauvaises ondes
L'auteur visionnaire de Pandemia est un passionné des sciences, qu'il met au service de ses intrigues. Dans ce dernier roman, il met en scène les replis labyrinthiques du cerveau humain dans une construction parfaitement diabolique.
Le romancier nous plonge dans l'univers sordide du "Snuff art", forme de cinéma qui met en scène viols, tortures, meurtres. Son roman s'intéresse également à une bande d'"hyper-électrosensibles", intolérants aux ondes émises par les mobiles ou le wifi, qui vivent reclus dans une forêt vosgienne, à l'écart du monde moderne.
Quant à l'amnésie, elle est le personnage principal de son labyrinthe, une figure dans laquelle le facétieux romancier s'amuse à enfermer son lecteur, le forçant pour en sortir à revenir, une fois la dernière ligne lue, à la première page. La boucle est bouclée.
Cerise sur le gâteau : un code caché dans le labyrinthe dessiné en fin d'ouvrage offre pour ceux qui réussissent à en sortir quelques secrets de fabrication de ce roman diabolique…
"Trouver une bonne histoire, voilà ce par quoi il faut commencer" expliquait à son auditoire l'écrivain dans une master class alors du dernier festival du livre de Paris. Il publie simultanément Le plaisir de la peur, un livre de la collection du Robert "Secrets d'auteurs", dans lequel on peut en découvrir un peu plus sur sa fabrique à best-sellers. .
- "Labyrinthe", de Franck Thilliez (Fleuve Noir, 384 pages, 21,90 €)
- "Le plaisir de la peur", de Franck Thilliez (Le Robert, coll. Secrets d'écriture, 167 pages, 14,90 €)
- A noter, la sortie en poche de "1991" (Pocket, 537 pages, 8,50 €)
Extrait :
"- Asseyez-vous, mademoiselle Nijinski, je vous en prie. J'espère que vous avez du temps. Ce que je vais vous raconter, c'est comme un roman à suspense particulièrement sombre et en prendre pour cinq cent pages de montagnes russes. - J'ai tout le temps qu'il faudra. Il est important que nous établissions la vérité sur cette affaire
- Ah, la vérité…"
(Labyrinthes, page 371)
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