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Avec l'upcycling, les maisons de luxe inventent de nouvelles silhouettes à partir d'anciens modèles

Près de deux Français sur cinq ont acheté des vêtements d'occasion en 2019 et 48% des personnes interrogées ont l'intention d'en acheter plus en 2020. En expansion, le marché de la seconde main évolue, le monde du luxe y voit une belle occasion de transformer d'anciens modèles. 

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Défilé Jean Paul Gaultier haute couture printemps-été 2020 le 22 janvier 2020 au théâtre du Châtelet à Paris  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Dans le marché de la seconde main, le vintage occupe déjà une place de choix avec ses pièces griffées, mais avec l’upcycling de luxe, qui consiste à transformer des vêtements récupérés en un produit de qualité supérieure, il gagne encore du terrain.

Retour sur le phénomène de la seconde main et ce nouvel engouement pour le vintage et l'upcycling, notamment dans les collections haute couture du couturier Jean Paul Gaultier et de la maison Viktor & Rolf. 

L'achat de seconde main, une pratique désormais valorisée

Deuxième industrie la plus polluante au monde, la liste des récriminations à l’égard de la mode est longue (pollution, gaspillage des ressources, atteinte aux droits humains…) et sa part de responsabilité dans le changement climatique pointée. 

Le marché de la seconde main en expansion prouve que le consommateur est prêt à s’engager contre la surconsommation de vêtements. En France, l'Institut Français de la Mode présentait (conjointement avec la FEVAD lors de la Paris Retail Week en septembre 2019) une étude précisant que près de deux Français sur cinq ont acheté des vêtements d'occasion en 2019. Cet engouement s'explique par une prise de conscience du gaspillage vestimentaire. En quelques années ce marché, avec son approche éco-responsable, s'est inscrit comme une valeur sûre de la mode désormais valorisée. C'est une solution économique pour prolonger la vie d’un vêtement. Il s'agit de vivre la mode autrement, en achetant mieux et moins cher. 

Pour s'approvisionner, il y a les charity shops (Emmaüs, La Croix Rouge, le Secours Populaire, Tissons la solidarité...), les boutiques de dépôts-vente (Dressing d'Oxfam...)  ainsi que les sites en ligne (Vide-dressing, eBay...). L’achat et la vente d'articles d'occasion peut se faire aussi via des applications (Vinted, United Wardrobe, Vestiaire Collective...).

Vintage et upcycling ont un bel avenir

Dans ce marché de la seconde main, le vintage occupe déjà une place de choix. Ce mot anglais, signifiant au sens propre “grand cru, millésime”, est utilisé pour qualifier tout ce qui est rétro. Le vintage satisfait une envie de rare dans un monde où tout se duplique à l'infini. Les sacs griffés, vendus aux enchères, sont l'exemple même du vintage de luxe. Aujourd'hui de nombreux créateurs s'inspirent, réactualisent, multiplient les clins d'oeil et hommages, et, les grandes maisons rééditent leurs modèles phares. Pour son supplément d’âme, la mode millésimée est devenue désirable ! 

Outre le vintage, le consommateur se tourne aussi vers l’upcycling (surcyclage), une tendance qui après s'être affirmée dans le prêt-à-porter se développe désormais dans le luxe et la haute couture. L’upcycling s’avère une alternative créative intéressante, un art de transformer des matériaux récupérés en un produit de qualité supérieure. 

La marque Gucci - et ses modèles de seconde main -brille sur le marché de la revente sur le site Vestaire Collective. 2020 (Anne Piqué pour Vestiaire Collective)

Jean Paul Gaultier et Viktor & Rolf, fervents adeptes de l’upcycling haute couture


Les couturiers Jean Paul Gaultier et le duo Viktor & Rolf ont prouvé leur passion pour l'upcycing lors de la semaine parisienne de la haute couture en janvier 2020. Le dernier show haute couture printemps-été 2020 de Jean Paul Gaultier, le 22 janvier, pour ses 50 ans de carrière a prouvé que la haute couture s’investissait elle aussi dans ce créneau. Dans sa note d’intention remise au défilé, le couturier déclarait "Je pense que la mode doit changer. Il y a trop de vêtements, et trop de vêtements qui ne servent à rien. Ne les jetez-pas, recyclez les ! Ce soir, vous voyez ma première collection haute couture upcycling (...) j'ai utilisé mes archives comme de la matière. Ce que j'ai fait à mes débuts sans moyens, je le fais aujourd'hui avec mon patrimoine pour donner vie à des créations nouvelles".

Jean-Paul Gaultier : les adieux d'un anticonformiste
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Même topo pour la maison Viktor & Rolf, des créateurs Viktor Horsting et Rolf Snoeren. Pour la haute couture printemps-été 2020, ils ont poussé encore plus loin la démarche. Ayant presque épuisé leur stock d’archives de tissus - remontant souvent à 20 à 25 ans - lors de leurs précédents défilés, le duo s'est tourné cette fois-ci vers leurs archives d'échantillons de tissus parmi lesquels ils ont sélectionné les plus luxueux. Leur collection souligne la beauté de l'imperfection et met en évidence le principe du design conscient : faire plus avec moins. Historiquement, la technique du patchwork est née de la nécessité frugale : les vieux vêtements, pour être réutilisés, étaient découpés en patchs et recousus en motifs décoratifs. 


Défilé Viktor & Rolf haute couture printemps-été 2020, à Paris, le 22 janvier 200 (VIKTOR & ROLF)

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