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"La démarche éco-responsable, c'est une contrainte mais aussi un challenge" : les créateurs engagés de Mansour Martin retrouvent le showroom Sphère

Depuis janvier 2020, Sphère apporte son soutien à de jeunes marques sélectionnées pour leur créativité et leur potentiel de développement à l'international. Le temps de la Paris Fashion Week masculine présentant le printemps-été 2022, et après une année en format digital, le showroom retrouve ses créateurs. 

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Collection printemps-été 2022 Mansour Martin (Benoit Bethume)

Outre les créateurs inscrits au calendrier de la Paris Fashion Week, d'autres dévoilent leur travail en showroom. A Sphère. Initiatives marques émergentes, la marque Mansour Martin - aux côtés des créateurs Arturo Obegero, Bluemarble, Boramy Viguier, EGONlab., LGN Louis Gabriel Nouchi, Uniforme et VALETTE STUDIO - présente sa collection printemps-été 2022 du 23 au 27 juin 2021. 

En 2019, Mansour Badjoko et Martin Liesnard lancent le label Mansour Martin, offrant des collections "genderless" - pour hommes qui s’adressent aussi aux femmes. Ces deux créateurs - axés sur une mode durable et respectueuse, avec des inspirations pop, urbaines et culturelles - ont intégré Sphère en 2020. En mars 2021, ils nous expliquaient comment leur marque avait évolué depuis la pandémie de la Covid-19. Aujourd'hui, ils retrouvent - physiquement - le showroom Sphère installé au Palais de Tokyo pour montrer leur collection à la presse et aux acheteurs. Rencontre avec des passionnés. 

Mansour Badjoko (à droite) et Martin Liesnard, les créateurs du label Mansour Martin (Thierry Balasse)

Piscine publique, pool house et club de natation

La collection printemps-été 22 intitulée Short studies about swimming pool s'inspire de la piscine municipale, lieu névralgique de la ville en été. C'est un "véritable carrefour sociétal  dans le même bain, en maillot, nous sommes tous égaux", explique Martin Liesnard. "L'été dernier avec la pandémie beaucoup de personnes ont fréquenté les piscines municipales", a-t-il raconté, ajoutant cependant que c'est surtout "l'univers des pool house américains des années 70 qui (les) ont influencés". 

Ce lieu est à l'origine de plusieurs histoires (thèmes de collectiondont celle d'une équipe de natation vêtue d'uniformes arborant le logo de son club. Ces uniformes entièrement confectionnés en satin upcyclé rappellent ceux des maîtres-nageurs. Le vestiaire comprend aussi des popelines légères, des chemises à capuches et des coupe-vent en polyester bleu déperlant. Des pantalons larges, dont certains à poches multiples, sont accompagnés de vestes ajustées. Les couleurs terre de sienne, ciel ou beige, font écho à l'atmosphère paisible des pool house américains.

Collection printemps-été 2022 Mansour Martin (Benoit Bethume)

"Nous avons réussi avec cette collection estivale à faire vivre ensemble deux projets d'artisanat de la main" insiste, de son côté, Mansour Badjoko.

Des broderies de l'atelier Ibaba au Rwanda

En effet, les créateurs se sont rapprochés de l’atelier de broderies Ibaba, au Rwanda, pour confectionner des créations reprenant le dessin d’un dinosaure aquatique, symbole de leur club de natation imaginaire, fil rouge de leur collection estivale.  

"Cet atelier de broderie, situé dans le village de Rutongo, est un projet porté par des femmes. Il soutient le développement économique local grâce à l’activité des brodeuses" explique Martin Liesnard, précisant que cette rencontre avait été faite avant le lancement de leur propre marque. "L’atelier est construit autour d’un modèle d’entreprise solidaire, qui permet de développer l’autonomie des femmes dans la société africaine et de protéger le savoir-faire historique de l’atelier", ajoute-t-il en montrant une broderie inspirée d’une piscine Art déco qui recouvre le dos de l’une des vestes de la collection. Elle constitue la pièce phare du projet entre Mansour Martin et l’atelier Ibaba.

Une collab avec Inès Alpha, artiste digital 3D

"Des photos de Slim Aarons, un photographe américain connu pour ses images de mondains, de jet-setters et de célébrités ont également joué un rôle dans l'atmosphère de la collection" explique Mansour Badjoko. Outre la collaboration avec l'atelier Ibaba, une deuxième collaboration a été faite avec Inès Alpha, une artiste spécialisée dans la création de maquillage digital 3D. Ensemble, ils ont imaginé un projet de "body painting" virtuel - en référence aux séances jadis de body painting autour des piscines - dans lequel ses créations de maquillage ont été utilisées. 

Ce motif qui emmène dans un univers aquatique imaginaire et fantastique a été imprimé sur des vêtements en lycra, sur des chemises et un maillot, afin de donner vie au motif "à même le corps". Ces pièces sont éco-responsables puisque réalisées en polyester recyclé.

"La démarche éco-responsable, c'est une contrainte"

Le duo ne peut pour l'instant revendiquer que 80% de produits éco-responsables au sein de la collection. "La démarche éco-responsable, c'est une contrainte" indique Martin Liesnard avant de préciser "mais c'est un challenge" ajoutant qu'ils travaillent entre autres avec "un petit atelier de réinsertion sociale à Bruxelles". Le duo a fait ce choix éco-responsable dès le départ car "faire des changements après, c'est plus compliqué". Leur objectif : une production réalisée à terme "entre la Belgique, la France et la Pologne, uniquement". 

Pour cette collection les pièces en satin sont confectionnées à partir de tissus upcyclés, sourcés en France et en Belgique. Le tissu en gabardine terre de sienne a été spécialement développée aux Pays-Bas à base de coton biologique avec un procédé d’impression lui aussi totalement responsable. Les pièces en polyester recyclé sont confectionnées avec un tissu développé en Espagne à partir de déchets marins. La teinture des motifs, réalisée sans eau, est faite au Portugal. La laine vierge des pièces drapées provient d’un petit fournisseur Italien qui utilise de la laine approvisionnée localement. Enfin, insiste Martin Liesnard, "la teinture de la grande chemise à capuche, tachetée, est réalisée à la main dans l’atelier parisien Whole, à base de pigments végétaux naturels, du bois de Campêche (ndlr, arbre de Guadeloupe). C'est une pièce unique". Elle est splendide. 

Collection printemps-été 2022 Mansour Martin (Benoit Bethume)

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