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La Fashion Week s'ouvre à Londres, fébrile avant l'arrivée imminente du Brexit

Après New York, c'est au tour de Londres de présenter ses collections printemps-été 2020 du 13 au 17 septembre, à la veille du Brexit dont la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est fixée au 31 octobre. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Défilé Victoria Beckham automne-hiver 2019 à la London Fashion Week, le 17 février 2019 (WWD/REX/SHUTTERSTOCK/SIPA / SHUTTERSTOCK)

Succédant à New York, la Fashion Week de Londres consacrée aux collections printemps-été 2020 débute ce vendredi 13 septembre, à 48 jours de la date prévue du Brexit, un divorce auquel l'industrie de la mode britannique est farouchement opposée.

Selon une enquête du cabinet-conseils Fashion Roundtable, 96% des professionnels du secteur au Royaume-Uni ont voté pour rester dans le giron européen lors du référendum de juin 2016, notamment par crainte de formalités douanières accentuées et de règles durcies en matière de circulation des personnes. Et depuis, leurs craintes n'ont pas été apaisées.

L'industrie de la mode ne veut pas du Brexit

Le British Fashion Council, qui représente cette industrie, plaide pour que "soit évitée" une sortie sans accord de l'Union européenne, le 31 octobre, scénario envisagé par le Premier ministre conservateur Boris Johnson.

Si le pays devait passer le 1er novembre aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, il en coûterait à l'industrie de la mode entre 950 millions et 1 milliard d'euros, selon une étude de l'Association britannique pour la mode et le textile datant de 2018.

L'industrie de la mode britannique rapporte 35 milliards d'euros à l'économie du pays et emploie 900.000 personnes. "C'est presque autant que le secteur financier", a fait remarquer le BFC dans un communiqué début septembre, exhortant le gouvernement à chercher un accord avec l'UE "qui garantisse une croissance saine et constante de l'industrie de la mode".

Victoria Beckham et Burberry très attendus

Parmi les défilés vedettes, celui de Victoria Beckham, l'ex-Spice Girl reconvertie styliste. L'an dernier, la star habituée des podiums new-yorkais avait présenté pour la première fois à Londres ses créations à l'occasion des dix ans de sa marque. Cette année, elle lance une ligne de produits de beauté.

Le défilé du poids lourd de la mode britannique Burberry sera un autre point fort. Aux manettes, Riccardo Tisci, ex-Givenchy, connu pour célébrer la diversité.

La Londonienne Molly Goddard, diplômée de la Central Saint Martins, a fait parler d'elle en créant la vaporeuse robe rose bonbon portée par la tueuse Villanelle dans la série télévisée américano-britannique Killing Eve. Elle devrait mettre un peu de fantaisie lors de cette Fashion Week.

Pour les nouvelles pousses, on guettera le défilé des jeunes pousses de l'incubateur de talents Fashion East et ceux de l'Anglais Richard Quinn, maître de la couleur et des imprimés, et de l'Irlandais Richard Malone, qui trouve l'inspiration dans la sculpture et prône une mode durable.

Une Fashion Week ouverte (un peu) au public

Nouveauté cette année : en raison d'un engouement populaire grandissant, la Fashion Week de Londres a décidé de s'ouvrir au public lors d'une sorte de Fashion Week parallèle. A partir de 150 euros, les fashionistas peuvent acheter un ticket permettant d'assister aux défilés d'Alexa Chung, célèbre "It-girl" (mannequin, chroniqueuse, présentatrice télé, Instagrammeuse...), de House of Holland, du styliste anglais Henry Holland, et de participer à des rencontres-débats avec des membres de l'industrie.

Un pas vers le grand public alors que les Fashion Weeks ne sont depuis longtemps plus réservés aux professionnels, avec l'immixtion d'influençeurs publiant des photos des défilés sur les réseaux sociaux.

"Une des industries les plus polluantes du monde"

Tout le monde n'est toutefois pas fan de cette semaine de la mode organisée jusqu'au mardi 17 septembre. Le mouvement écologiste Extinction Rebellion veut même y "mettre fin" et prévoit des actions de désobéissance civile dénonçant l'impact environnemental d'"une des industries les plus polluantes du monde". Cette mobilisation doit culminer avec une "procession funéraire" dénonçant les morts liées au changement climatique qui démarrera devant le lieu de principal de la Fashion Week dans le centre de Londres.

Pressée de faire mieux, l'industrie de la mode se réinvente, avec des stylistes comme le duo VIN+OMI qui présentera une collection incluant des pièces textiles conçues avec du plastique recyclé et même avec des orties récoltées dans le jardin du prince Charles.

Le BFC tente elle de mettre en valeur les bonnes pratiques du secteur en matière de développement durable et d'éthique avec une exposition qui leur est consacrée.

Le monde de la mode britannique s'allie à Oxfam contre la culture du "jetable"

Le monde de la mode britannique, dont la styliste Vivienne Westwood et la mannequin Georgia Jagger, se sont alliés à Oxfam pour dénoncer la culture du "jetable", a annoncé l'ONG humanitaire. "Nous ne pouvons pas ignorer l'énorme impact de l'industrie de la mode sur l'environnement. Il est donc encourageant de voir que le monde de la mode de Londres soutient la volonté d'Oxfam d'encourager les gens à acheter d'occasion", a déclaré Danny Sriskandarajah, directeur exécutif d'Oxfam GB.

Oxfam a lancé une campagne intitulée #SecondHandSeptember destinée à promouvoir l'achat de vêtements déjà portés et écarter l'achat de vêtements dont la production a un impact négatif sur la planète. Plusieurs personnalités ont donné quelques uns de leurs vêtements. Ils seront vendus sur le site de vente en ligne d'Oxfam ou sur VestiaireCollective.com, site de ventes de vêtements d'occasion qui compte 8 millions de membres dans 50 pays.

Vivienne Westwood a donné un sac à main, le créateur Henry Holland des chaussures et l'actrice Rachel Weisz, les mannequins Daisy Lowe et Stella Tennant et la styliste Bella Freud ont vidé leurs placards. Les bénéfices de cette vente iront à Oxfam. "Je me lasse facilement" a témoigné la chanteuse Paloma Faith, "c'est le rêve de se constituer une nouvelle garde-robe sans dégâts sur l'environnement et avec l'esprit tranquille". "Achetez moins, choisissez bien, faites en sorte que ça dure", a prôné l'icône de la culture punk rock britannique Vivienne Westwood.

Selon une recherche conduite par Oxfam, l'empreinte carbone des nouveaux vêtements achetés au Royaume-Uni chaque minute est supérieure à celle produite par une voiture qui ferait six fois le tour du monde.

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