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La Paris Fashion Week masculine pour l'hiver 2020-21, entre grèves et Brexit : demandez le programme !

La Paris Fashion Week est la dernière des semaines de la mode après Londres et Milan à présenter du 14 au 19 janvier 2020 les collections masculines de l’automne-hiver 2020-2021

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Dries Van Noten automne-hiver 2019-20 à la Paris Fashion Week, le 17 janvier 2019 (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Que porteront les hommes à l’automne-hiver 2020-2021 ? Réponse sur les podiums parisiens du 14 au 19 janvier. Après Londres et Milan, la semaine de la mode est de retour à Paris. La ville confirme son statut de capitale mondiale dont les Fashion Weeks deviennent de plus en plus longues et denses attirant chaque saison des jeunes talents du monde entier qui défilent aux côtés des grandes maisons historiques. 

53 créateurs sont inscrits au calendrier de la Fédération de la haute couture et de la mode. A côté des griffes établies (Issey Miyake Men, Walter Van Beirendonck, Louis Vuitton, Yohji Yamamoto, Dior Homme, Lanvin, Paul Smith, Balmain…), la nouvelle génération de créateurs est au rendez-vous. 

La PFW débute dans un contexte de grèves liées à la réforme des retraites qui perturbent les transports à Paris depuis six semaines. Pour faire face, la Fédération de la haute couture et de la mode a prévu de doubler le nombre de navettes permettant de transporter les rédacteurs et rédactrices de mode sur les lieux des défilés disséminés en divers points de la capitale.

A côté des marques établies quatre jeunes labels

Quatre maisons font leur premiers pas dans le calendrier de la Paris Fashion WeekLeurs particularités : ce sont en majorité de jeunes labels, parfois peu connus du public et pour certains en recherche de reconnaissance : Botter (France/2017), Craig Green (Royaume-Uni/2013), Rhude (États-Unis/2018) et Rochas Homme (France/ 2019). 

La maison de couture Marcel Rochas n'est pas nouvelle puisque fondée en 1925. En 2015 elle a célébré ses 90 ans : à ce moment-là Interparfums a racheté la branche mode puis nommé Federico Curradi Directeur Créatif de sa ligne masculine mise entre parenthèse en 2017. 

Le Brexit n'a pas encore eu lieu mais a déjà des répercussions :  après la Fashion Week de Milan qui a hébergé une partie de celle de Londres, c'est au tour de la PFW d'accueillir Craig Green, jeune créateur britannique des plus doués. Celui qui est parmi les stylistes les plus innovants de la scène londonienne a été le lauréat du British Fashion Awards 2014 en prêt-à-porter masculin, du BFC/GQ Designer Menswear Fund 2016 et du British Menswear Designer des Fashion Awards 2016 et 2017. Fasciné par l'uniforme, il a réalisé des costumes pour le film Alien : Covenant de Ridley Scott en 2017 et a récemment collaboré avec Moncler pour une capsule aux pièces audacieuses. 

Le cas de Botter, composé du duo néerlandais Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, est, quant à lui, un bel exemple de réussite rapide. Ce label masculin a remporté en avril 2018 le grand prix du jury Première vision du 33e Festival international de la mode d'Hyères (Var) avec une collection aux allures de manifeste en faveur de l'environnement. Peu de temps après, ils ont été nommés à la tête de la Direction Artistique de Nina Ricci

Quant à RHUDE, fondée par Rhuigi Villaseñor en 2015, c'est une entreprise de design née à Los Angeles alliant techniques de luxe et éléments streetwear. Le créateur, qui a étudié l'histoire de l'art, sans formation spécifique au design de mode, attribue sa compréhension du vêtement et de sa construction au fait d'avoir grandi avec une mère tailleur.

Retour de Givenchy et Jacquemus

Givenchy et Jacquemus réintègrent à nouveau le calendrier. La créatrice britannique Clare Waight Keller avait signé son premier défilé masculin Givenchy à Florence au salon Pitti Uomo en juin 2019. Ce sera donc son premier show masculin sur les podiums parisiens. 

Simon Porte Jacquemus (qui a lancé sa première collection masculine pour l'été 2019) a connu une ascension fulgurante depuis la création de sa marque en 2009. Le créateur avait opté pour un défilé dans le sud de la France pour son 10e anniversaire en juin dernier. Il s'est fait remarquer par sa mode féminine solaire et poétique, à l'esthétique naïve, jouant avec les formes géométriques et les volumes. Aura-t-il le même succès avec l'homme ? 

La marque Vetements sans son créateur, Virgil Abloh remis de son burn-out ? 

Vetements, marque aux forts messages politiques et sociétaux à l'esthétique grunge post-soviétique, défilera sans son créateur-star qui reste toujours directeur artistique de la maison française Balenciaga. Le Géorgien Demna Gvasalia a quitté en septembre 2019 sa marque Vetements cofondée avec son frère en 2014 qui compte parmi ses fans Rihanna ou Kanye West.

L'Américain Virgil Abloh, fondateur de la marque Off-White et directeur artistique des collections homme de Louis Vuitton, était absent du dernier défilé pour cause de burn-out. En novembre 2019, il a posté sur Instagram un selfie dans l'ascenseur du siège parisien de Louis Vuitton, suggérant qu'il a repris le travail. Mais que verra-t-on sur les podiums ? Dans une interview au magazine Dazed, le roi du streetwear a prédit la mort de cette tendance. 

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Absence de Thom Browne, Céline et Kenzo

Kenzo fait l'impasse. Felipe Oliveira Baptista, le nouveau directeur artistique, présentera l'homme en même temps que la femme. La marque française Celine par Hedi Slimane, à l'esthétique gender fluide, présentera, elle aussi, un défilé mixte plus tard.

Même topo pour Thom Browne qui lui aussi a décidé que l'homme et la femme défileront ensemble pendant la semaine de la mode féminine de mars prochain. Le créateur américain a été occupé par sa première œuvre d'art dévoilée le 5 décembre 2019 lors de l’Art Basel Miami Beach : Palm Tree I est un palmier de plus de six mètres de haut réalisé en textile seersucker jaune, vert et rose, en pincord et en oxford vichy. Il évoque la palette emblématique d'un été américain. L'iconographie de la plante tropicale dans l'imaginaire collectif est un symbole du paradis et de la détente. Thom Browne est connu pour ses mises en scène, insérant des sculptures faites à la main et des performances lors de ses défilés de mode. 

Palm Tree I, oeuvre d'art du créateur américain Thom Browne dévoilée le 5 décembre 2019 lors de l’Art Basel Miami Beach (KRIS TAMBURELLO)

La présentation, formule plus intimiste, séduit de plus en plus

En parallèle des shows inscrits au calendrier de la PFW, 33 marques optent pour la présentation en off (sous forme de mannequins statiques ou de mini défilé). Moins onéreuse que le défilé, cette formule permet de voir de plus près les vêtements et également de pouvoir rencontrer le créateur. Parfois, la présentation se tient dans la rue et le passant assiste alors à un défilé sauvage ! 

C'est surtout un excellent moyen pour ces jeunes marques - les futurs talents de demain - de montrer leur travail.... Et si la presse et les acheteurs les plébiscitent, elles ont toutes les chances de se retrouver prochainement dans le calendrier officiel de la Fédération de la haute couture et de la mode. 

A côté des marques habituées à cette formule (maison Kitsuné, Louis Gabriel Nouchi, Blue Marble, Francesco Smalto, Andrea Crews, Arthur Avellano...) s’essayent cette saison pour la première fois à l'exercice sept maisons : Aldo Maria Camillo (France/2016), Davi (Italie/2018), Doublet (Japon/2013), Ziggy Chen (Chine/2012), Li-Ning (Chine/1990), Oteyza (Espagne/2011) et We11Done (Corée du sud/2019).

Des salons et des showrooms

La Fédération de la haute couture et de la mode apporte son soutien à la jeune création avec son nouveau showroom, Sphère, présent 4 fois par an. Pour cette première session qui se déroule du 15 au 19 janvier 2020 au Palais de Tokyo sont à découvrir Blue Marble, Boyarovskaya, Egon Lab, Ester Manas, Gamut, Kits, Mansour Martin, Mossi et Simon Lextrait.

Outre les défilés inscrits au calendrier, hors podiums Paris fourmille de lieux où la création est à l'honneur. Créateurs, acheteurs, journalistes s'y croisent à la recherche de nouveautés. Les lieux où se tiennent les défilés sont parfois des podiums à ciel ouvert où le passant peut admirer les looks les plus insolites portés par les influenceurs, blogueurs, journalistes qui attendent de rentrer dans la salle où se tient le show... C'est le street style ! A chaque coin de rue - loin des catwalks ouverts seulement à des happy few -, la capitale bouillonne de spots créatifs. 

Autre moyen pour les marques d'exposer leur travail, intégrer des salons destinés aux professionnels (Tranoï Paris, Man/Woman,  Who's Next), des showrooms multimarques comme le LONDONshowROOMS ou encore le Jetro, organisme de promotion du commerce extérieur Japonais, qui soutient 24 marques, dont Nippon Kimono Fabrics et ReSyuRyu pour leur première participation sur le marché français.

Expositions : Frank Horvat, Azzedine Alaïa et A.P.C.  

Les acheteurs et journalistes étrangers arrivant à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle profiteront de l'exposition qui s'y tient à l’Espace Musées (jusqu'au 30 avril). Consacrée au photographe Frank Horvat, elle rassemble 51 photographies presque toutes exclusivement prises à Paris, ainsi qu’une vingtaine de magazines originaux (Vogue, Réalités, Jardin des modes) illustrant à la fois l’importance de son travail et la place de Paris dans le monde du photojournalisme et de la photo de mode des années 1950 à aujourd’hui. Frank Horvat fait descendre ses modèles dans la rue, les montre dans un café, les installe dans un autobus, les surprend aux Halles associant vie quotidienne et pose étudiée. 

Le couturier Karl Lagerfeld et un modèle. Photo publiée dans Vanity Fair en 1970 (FRANK HORVAT)

L'exposition Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga, sculpteurs de la forme est inaugurée au dernier jour de la PFW et à la veille de la semaine de la haute couture au 18, rue de la Verrerie à Paris. Elle présente, pour la première fois, quatre-vingts modèles de ces deux maîtres de la coupe. Cette exposition partira ensuite chez le couturier espagnol, à Guetaria, le village qui l’a vu naître, et où la fondation Balenciaga l’accueillera en juillet 2020. Les créations Balenciaga présentées ici sont issues des archives patiemment constituées par le couturier franco-tunisien. Dès 1968 à la fermeture de la maison Balenciaga, il avait récupéré dans les stocks des modèles du maître, stupéfait par l’agilité des formes, l’architecture des coupes et l’exigence technique de chaque vêtement.

Affiche de l'exposition Azzedine Alaïa et Balenciaga, sculpteurs de la forme qui se tient à partir du 20 janvier 2020 rue de la Verrerie (Julien Vidal)

Jusqu’au 31 janvier 2020, A.P.C. installe son café à la Joyce Gallery. En plus de pouvoir y déguster des boissons, les clients y découvriront des objets à l’effigie du café dont le A a été renversé - un t-shirt, un tote bag... - mais aussi une exposition éphémère des archives de la marque classées de manière chromatique. En écho à cette sélection, sur les murs des panneaux évoquant des quilts - peints par Jessica Ogden qui travaille avec le créateur depuis 2001. Créé en 1987 par Jean Touitou,  Atelier de Production et de Création (A.P.C.) propose mode masculine et féminine. (Joyce Gallery. 168, Galerie de Valois).

Exposition A.P.C. Archives à la Joyce Galerie à Paris jusqu'au 31 janvier 2020 (WWW.OLIVIER-PLACET.COM)

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