Paris Fashion Week féminine printemps-été 2025 : coups de cœur pour les défilés Mossi, Leonard, Anrealage et Xuly Bët
Pour prolonger le plaisir de cette semaine féminine printemps-été 2025, voici quatre collections qui ont défilé à la Paris Fashion Week : Mossi, Leonard Paris, Anrealage et Xuly Bët.
Mossi, silhouettes sculpturales à l'esthétique épurée
Lauréat du prix Pierre Bergé de l'Andam 2020 et du Grand Prix de la création de la ville de Paris 2024, outre son prêt-à-porter féminin, Mossi Traoré propose un projet social et solidaire tourné vers la formation et l'intégration avec l'école de couture Les Ateliers Alix. Ses deux projets se combinent dans ses collections conçues et produites en banlieue parisienne.
Connu pour son approche avant-gardiste et inclusive, le créateur français d'origine malienne continue de réinventer les codes en alliant un design sophistiqué à un savoir-faire pointu. Cette collection se distingue par des silhouettes architecturales fluides, des volumes généreux et des détails subtils réinterprétant les classiques du dressing contemporain. S'inspirant des œuvres de l'artiste Simone Pheulpin et de la couturière Madame Grès – l'école que Mossi a fondée est en hommage à cette dernière – il s'approprie leurs codes pour créer une garde-robe poétique et structurée alliant savoir-faire artisanal et élégance intemporelle "avec une touche d'espoir et de dynamisme grâce à l'introduction de la couleur bleue".
Les tissus ont été sélectionnés pour leur tombé et leur souplesse. La laine froide est sculptée en volumes légers tandis que le jersey fluide épouse le corps. Un tissu à carreaux en coton rose et bleu offre un jeu entre tradition indienne et modernité. Le créateur explore également des matières rares et luxueuses, telles que le denim fluide japonais pour une touche de décontraction sophistiquée. Maîtrise des étoffes et des coupes pour une collection célébrant la beauté des détails et le dialogue entre héritage et innovation avec une interprétation moderne du patrimoine de la couture parisienne. Bien que travaillées, les tenues sont hyper portables. À noter, l'ouverture d'un point de vente e-shop, "ce site est conçu pour être une expérience unique et engagée, tout en rendant nos créations accessibles à une audience mondiale."
Leonard Paris, élégance glamour des années 1960-1970
Direction la Grèce où la femme Leonard rejoue l'âge d'or des années 1960-1970 quand les jet-setteuses voyageaient pour faire la fête dans des lieux spectaculaires. La silhouette est élancée, structurée, graphique et épurée. Tirés des archives ou créés pour cette collection, les imprimés donnent du relief à ce vestiaire. "Avec cette collection aux accents méditerranéens, j'ai voulu rendre hommage à l'élégance glamour et sexy des années 1960-1970. J'aime l'idée de femmes inspirantes qui deviennent mythiques par leur style de vie flamboyant. Solaire est l'adjectif qui les définit" explique Georg Lux, directeur de la création.
Cette saison, un film un peu oublié a capté son attention, Boom! (1968) de Joseph Losey avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. Signé par Tennessee Williams, le scénario suit le parcours d'une excentrique dans un décor qui surplombe la Méditerranée sous une lumière écrasante. Ainsi, beaucoup de modèles ont des références helléniques comme la robe drapée bleu Klein dos nu rehaussée d'une pièce en céramique d'un bleu profond ou les minirobes drapées néréides. Le kaftan reste un essentiel, la chemise d'homme est oversize et le tailleur mini structuré est brodé de paillettes style mosaïques.
Côté matières, le jacquard et le voile de coton, le jersey, le denim imprimé et l'éponge côtoient la mousseline de soie des robes vaporeuses. Le tout décliné dans des couleurs rappelant la Méditerranée – bleu azur et blanc. Un noir vient aussi révéler les couleurs de l'été comme les terracotta orange et le rose. Le coquelicot, fleur de la saison, est tiré des archives des années 1960, repensé et décliné en all over, mais aussi placé en broderies. L'orchidée, autre fleur star, se mélange à des motifs grecs. On a aimé tout particulièrement ces pièces en céramique qui donnent l'accent hellénique aux robes ou aux ceintures.
Anrealage, du vent insuffle des formes inattendues aux tenues
La marque Anrealage, lancée en 2003 par Kunihiko Morinaga, joue sur la combinaison de trois mots : real (ordinaire), unreal (extraordinaire) et age (jour). Son mantra : "Dieu est dans les détails". Le créateur japonais travaille avec une approche méticuleuse la conception de ses vêtements et, à chaque saison dans le cadre du calendrier parisien, il étudie un concept : si, pour l'hiver 2015-2016 par exemple, sa collection Light se penchait sur un procédé de photochromie pour révéler un vêtement photosensible, dix ans plus tard, c'est le vent qui le passionne.
S'appuyant sur son héritage d'exploration des frontières entre mode et technologie, il envisage l'art de s'habiller et de se déshabiller avec l'aide du vent en utilisant le mouvement naturel de l'air pour insuffler la vie aux vêtements, sculpter de nouvelles silhouettes et rendre l'invisible visible. Proposant une solution technologique ludique aux étés de plus en plus torrides au Japon et ailleurs, il évoque ici une garde-robe cool-wear qui rafraîchit.
Ces pièces conçues en collaboration avec Kuchofuku [pionnier japonais des vêtements utilitaires équipés de ventilateurs et de climatisation] sont coupées dans un matériau hermétique fabriqué à partir du plus fin des tissus en nylon. En un clic, le vent généré par de minuscules ventilateurs intégrés gonfle les robes jusqu'à des proportions irréelles, évoquant des créatures d'un autre monde. Les looks font germer des formes inattendues, telles des ailes ou des bulles. Les coupe-vent aux combinaisons de couleurs graphiques transformant les vêtements en boucliers thermo-protecteurs tandis que les looks couture en organza coupe-vent et en tweed contrecollé jouent la touche décalée pour les tenues de soirée. Certains looks – produits à l'aide de la technologie d'impression à jet d'encre durable Forearth de Kyocera avec un concept sans eau – ont des motifs abstraits changeants. Ici, le monde réel rencontre le monde irréel propulsé par la force invisible et imprévisible qu'est le vent. Une bouffée de fraîcheur !
Xuly Bët revisite la diversité de la rue
Xuly Bët – qui signifie "garde les yeux ouverts" en wolof – est une maison de couture parisienne fondée en 1991 par Lamine Kouyaté. Parti en 1982 de sa ville natale de Bamako au Mali, il étudie l'architecture à Strasbourg dans un premier temps avant de s'installer à Paris comme créateur où il lance une mode subversive, durable, moderne en offrant aux femmes une nouvelle liberté. Connue pour son mélange d'influences africaines et européennes, la marque a construit un héritage de surcyclage, de créativité audacieuse et d'inclusivité au cours des trois dernières décennies.
Connu pour son utilisation de vêtements recyclés, le créateur les remodèle en coupant, cousant et apportant des modifications allant de la mise en forme subtile parfois techniques – avec l'utilisation du tie-dye – à la transformation complète de la fonction du vêtement : de robes en jupes, de jupes en sacs, de bas en hauts dos nu, et de pulls cousus ensemble pour créer des robes. Son travail intègre des aspects de ses racines et de sa vie, qui englobent l'Afrique contemporaine et urbaine ainsi que les mondes de la mode de Paris et de New York. Des personnalités comme Rihanna, Cardi B et Kylie Jenner ont célébré la marque pour son engagement en faveur de la fusion culturelle et de la durabilité.
C'est dans un passage couvert du Sentier – où les façonneurs de mode se retrouvaient hier – que le public, debout, se presse devant les devantures de boutiques pour voir les mannequins d'un jour présenter la collection Enjoy au son de gros postes de radio. "Nous souhaitons rendre un hommage appuyé à Corinne Cobson, grande figure de la mode qui a su marquer son époque par son talent et son audace. Son esprit créatif et sa vision avant-gardiste continuent d'inspirer les nouvelles générations de créateurs. À travers ce défilé, nous honorons sa mémoire et son impact indélébile sur l'industrie de la mode", a déclaré le pionnier de l'upcycling qui a offert une vision sur la beauté de la diversité et de la mode avec ses robes maillot de sport revisitées, ses blousons et jeans tagués de lettrage ton sur ton, ses tenues imprimées léopard tout en transparence. Présentée sans artifice, la collection est fidèle à l'identité de la marque et reconnaissable, entre autres, avec ses coutures rouges emblématiques visibles. Ici, chaque pièce est un manifeste visuel, un hommage à l'esprit libre et non conformiste du créateur, bien loin des vestiaires proposés dans les magasins standardisés.
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