Fast fashion : "Il y a une 'prime au vice' des entreprises textiles", dénonce la co-présidente du mouvement Impact France
"Les entreprises du textile ne sont pas poussées à améliorer leurs pratiques, au contraire, il y a une prime au vice', c’est-à-dire un avantage compétitif à mal faire", dénonce lundi 4 mars sur France Inter Julia Faure cofondatrice de la marque de vêtements responsables Loom et co-présidente du mouvement Impact France. Elle participe lundi à la table ronde autour du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur le thème : "De l'ultra fast fashion à la mode durable".
"Si vous décidez de délocaliser la production de vos vêtements de la France vers le Bangladesh, vous allez diviser par trois à cinq vos coûts de production, poursuit-elle. Si vous décidez de bouger votre production d'un pays qui paie bien les gens, qui protège efficacement l'environnement, vers un pays où les gens touchent un salaire de misère et où les eaux issues des teintures et qui sont pleines de produits chimiques ne sont pas traitées et sont reversées directement dans la nature, vous allez être plus compétitifs".
Deux fois plus de neuf acheté que dans les années 80
"On est gagnant à faire mal, et tant qu'il n'y a pas des lois restrictives, le comportement naturel des entreprises sera toujours de faire pire", estime Julia Faure, qui soutient une proposition de loi du député Antoine Vermorel, déposée le 13 février, pour instaurer un bonus-malus sur la fast fashion. La proposition, notamment, est d'augmenter, "à hauteur de 10 euros par vêtement", l'éco contribution qui existe déjà, de "sorte que quand les marques polluent beaucoup, elles paient beaucoup". "Je suis à peu près sûre que si Shein devait payer 10 euros d'éco-contribution par vêtement qu'elle met sur le marché, elle ferait évoluer ses pratiques", ajoute-t-elle.
Julia Faure rappelle qu'en France "7 vêtements sur 10 qui sont vendus sont du low-cost", et que "3,3 milliards de vêtements, chaussures, linge de maison ont été consommés par les Français en 2022, c'est une cinquantaine de pièces neuves par an. C'est deux fois plus que dans les années 1980".
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