: Vidéos Retour sur la semaine parisienne de la haute couture automne-hiver 2022-23 en quatre défilés coups de cœur
29 maisons ont présenté leur collection haute couture automne-hiver 2022-23, du 4 au 7 juillet 2022, à Paris. Pour prolonger le plaisir, retour en quatre vidéos coups de coeur sur cette intense semaine de la mode.
Domaine d'excellence, la haute couture française est destinée à une élite fortunée et demeure le fruit du travail des créateurs mais aussi de leurs précieux collaborateurs, qui ont su transmettre des savoir-faire séculaires tout en innovant. Cette saison, 12 membres labellisés, 5 griffes étrangères (correspondants) et 12 membres invités, soit 29 maisons inscrites au calendrier automne-hiver 2022-23, ont présenté leur collection haute couture.
Retour sur cette semaine en quatre vidéos coups de coeur, celles des couturiers Christophe Josse, Stéphane Rolland, Franck Sorbier et Imane Ayissi.
Christophe Josse : fausse épure, simplicité étudiée
Saison après saison, à chaque collection, ce couturier d’une esthétique à la délicate élégance et à la simplicité étudiée développe un chapitre de son histoire. Sa garde-robe contemporaine composée d'une dizaine de silhouettes s'inspire d'images d’un passé évanoui comme, par exemple, ces dentelles anciennes qu"il utilise pour sublimer le dos d'une chemise. Cette saison encore, il a fait le choix d'un film plutôt qu'un défilé, une formule qu'il apprécie tout particulièrement comme il nous l'expliquait en janvier dernier.
Tourné dans les espaces Abraxas signés Ricardo Bofill de Noisy-le-Grand, des logements sociaux à l'architecture futuriste, ce film montre une collection tout en douceur qui tranche avec la rudesse du béton du décor. La palette des couleurs donne la part belle aux blancs, aux gris, à une touche de bleu poudré et de chocolat que viennent ponctuer d'un éclat doré quelques accessoires (ceintures, sandales) sertis de métal et ornés d’un cabochon de verre soufflé. Les formes qui semblent simples sont cependant très travaillées : fronces, taille haute nervurée, dos en marqueterie de dentelles brodées de crochet, manches en tricot.... Point de débauche de paillettes mais une élégance sobre et raisonnée très actuelle qui donne envie... Christophe Josse cultive l'intelligence de la main au travail.
Stéphane Rolland : hommage chic à Barbara
Stéphane Rolland a dédié sa collection à Barbara dans un défilé au théâtre du Châtelet où la chanteuse avait donné son dernier concert. "J'aime Barbara depuis que je suis enfant. Elle est envoûtante, passionnante, elle fait partie de mes références quand je dessine", affirme-t-il à l'AFP. Dans une courte vidéo précédant le défilé, la chanteuse raconte ce qu'elle ressent avant que le rideau s'ouvre.
Sur un podium noir et blanc et des chansons de Barbara en toile de fond, le chic du grand soir est au rendez-vous. Icône de la mode, la chanteuse décédée il y a 25 ans avait un style reconnaissable mais l'idée du couturier n'est pas de faire du "copié-collé". L'Espagnole Nieves Alvarez, en combinaison courte et cuissardes cachées sous un manteau noir, ouvre le défilé et le clôturera en robe rouge. Sur le podium, les robes asymétriques aux impressionnants volumes côtoient les pièces épurées d'apparence simple comme la combinaison noire en velours. "Je veux des plis qu'on ne peut pas faire dans du velours. Il y a plusieurs couches d'organza à l'intérieur", décrit Stéphane Rolland. "La haute couture, c'est aussi la pureté, la technique, toutes les finitions intérieures, le montage... Tout ce est caché est encore plus précieux que tout ce qui est montré", ajoute-t-il. Le mouvement des traînes rend hommage au langage corporel de Barbara. Une partie de la collection est inspirée de l'Afrique avec des "scarifications" reproduites sur des robes, des enfilades de bracelets sculptés dans la mousse et gainés en jersey, des colliers massaï...
Franck Sorbier : rencontre avec des saltimbanques
Franck Sorbier, qui aime les univers poétiques et puise son inspiration dans des rêves, a cette saison convié son public dans la cour d'honneur du Conservatoire national des arts et métiers à Paris pour un défilé-happening intitulé Les Saltimbanques. Un marchand de barbe à papa, une complainte qui s'échappe d'un orgue de barbarie, un saxophoniste coiffé d'une casquette installé en haut d'un escalier, un homme sur une bicyclette grand bi, les chevaux du cascadeur équestre Mario Luraschi dont les sabots résonnent sur la cour pavée, une colombine, des bandes rivales qui vont peut-être en venir aux mains... le décor est planté.
Ici les mannequins hommes et femmes se promènent, arpentent l'espace avec nonchalance. Le temps semble suspendu et l'ambiance fait penser d'emblée au film Les enfants du Paradis de Marcel Carné mais aussi aux bandes d'Apaches, les mauvais garçons de l'époque, ainsi qu'aux spectacles de rue... Ils sont d'hier, d'aujourd'hui et peut-être de demain ces saltimbanques, principalement vêtus de noir. Les femmes évoluent aussi en longues robes rouges ou en veste-tailleur. Les broderies sont omniprésentes, en guipure appliquée, en dentelle noire découpée et recomposée. Du bel ouvrage : on reste subjugué par un grand manteau en velours froissé noir avec un grand motif arbre de vie. Il est entièrement rebrodé d'oiseaux exotiques et d'insectes.
Imane Ayissi : retour aux sources
Quasi inconnu du public, ce créateur d’origine camerounaise est considéré comme l’un des meilleurs créateurs d’Afrique de l’Ouest francophone. Ce fou de Vionnet et de Balenciaga est passionné par le patrimoine textile africain et ses créations combinent les traditions : celles de la haute couture française et celles de son continent originel. Sensible aux questions d’environnement, Imane Ayissi utilise autant qu’il le peut des matières naturelles et souvent biologiques, avec le plus faible impact possible. Il privilégie les cotons bio, les cuirs aux tannages végétaux ou les textiles teints avec des ingrédients naturels ou imprimés de manière artisanale.
Sa collection est intitulée Miyené qui signifie à la fois "apparence" et "être vu" en langue Ewondo du Cameroun. Un mot qui résume la mode mais reflète aussi l'importance de l'apparence. "Dans cette collection, j'explore diverses apparences typiques. Je me suis inspiré du rôle des coiffures dans les sociétés africaines traditionnelles, moyens d'expression du prestige, aujourd'hui largement dévalorisés et perçue négativement" explique le créateur. Ainsi une robe est entièrement recouverte d'une multitude de lianes de tricot tressées se terminant par des perles blanches, un autre modèle se termine à partir du genou par des franges de tricot. On a aimé ce manteau-cape blanc sur lequel la tête d'une femme à la chevelure savamment travaillée est dessinée. C'est l'oeuvre de l'artiste camerounais Boris Nzebo avec qui Imane Ayissi a collaboré sur cette collection.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.