Saint Laurent, Pierre Cardin, Paco Rabanne, Le Coq Sportif... Huit expositions consacrées à la mode à voir en France
Si l'été est placé sous le signe du sport avec les Jeux olympiques et paralympiques dans l'Hexagone, des expositions consacrées à la mode proposent aussi de belles découvertes, certaines abordent même le thème du sport et de la mode.
"Yves Saint Laurent. L'audace"
Plongée dans l'univers saisissant d'Yves Saint Laurent à travers des créations emblématiques, soit vingt pièces révélant le style audacieux, libre et intemporel d'un couturier qui a consacré sa vie à magnifier la beauté des femmes. Une sélection d'étoffes témoignant des collaborations avec la maison Bonnet est dévoilée au fil du parcours. C'est une opportunité de plonger dans l'histoire fascinante de la haute couture française. Le style d'Yves Saint Laurent se distingue par son audace, sa modernité et sa capacité à défier les conventions. Il a révolutionné la mode en introduisant des éléments inspirés du vestiaire masculin dans le dressing féminin, notamment avec le smoking, symbole d'émancipation et de sophistication.
Sa vision avant-gardiste transcende les genres et les époques, repoussant les limites de la créativité. Son apport à la mode va au-delà de ses créations emblématiques : il a su capter l'essence de son époque, reflétant les bouleversements sociaux et culturels à travers ses collections. Son sens inné de l'équilibre entre tradition et modernité, entre élégance et subversion, a profondément marqué cette industrie et continue d'influencer les créateurs d'aujourd'hui. En repoussant les frontières du conventionnel, il a laissé un héritage indélébile.
Exposition Yves Saint Laurent. L'audace ! jusqu'au 17 novembre 2024. Musée des Soieries Bonnet, 55 rue Marcel Grillet, 01650 Jujurieux.
"Pierre Cardin & Paco Rabanne. Couturiers de l'audace"
Malgré des univers esthétiques différents, Pierre Cardin et Paco Rabanne conçoivent tous les deux le vêtement et la coiffe comme une sculpture en mouvement. Ils partagent un goût pour la transgression et l'envie d'une mode démocratisée, connectée avec la société. Les bouleversements sociaux que connaît la France des années 1960 se reflètent dans la mode, en particulier le chapeau pour qui sonne la fin de l'âge d'or. Les normes de la haute couture parisienne sont bousculées par une génération de créateurs innovants qui inventent la mode du futur. Parmi eux, ces deux couturiers chez qui, paradoxalement, le couvre-chef ne disparaît pas mais fait partie d'un nouveau style.
Pierre Cardin, fasciné par la conquête spatiale, imagine des combinaisons de science-fiction aux couleurs vives. En 1959, il présente la première collection de prêt-à-porter et révolutionne la mode masculine en l'adaptant à la vie active de la jeunesse des Trente Glorieuses. Ses chapeaux et casquettes en feutre, aux lignes avant-gardistes, sont produits par les établissements Fléchet de Chazelles-sur-Lyon. Depuis 1966 et ses premières "robes importables en matériaux contemporains", Paco Rabanne expérimente le plastique et le métal. Ces armures sont rivetées plutôt que cousues, une approche radicale qu'il applique également aux textiles. Il puise son inspiration dans les technologies contemporaines et les civilisations anciennes découvertes au cours de sa formation d'architecte. Quarante chapeaux, coiffes et casquettes, dix tenues haute couture et prêt-à-porter, des accessoires, des lunettes et des bijoux, des objets de chapellerie liés au travail de l'usine Fléchet pour la maison Pierre Cardin.... leurs audacieuses créations des années 1960-1990 sont ici.
Exposition Pierre Cardin & Paco Rabanne. Couturiers de l'audace jusqu'au 3 novembre 2024. Atelier-Musée du chapeau, 42140 Chazelles-sur-Lyon.
"Le Coq sportif, couturier du sport"
Le Coq sportif, marque de sport née dans un café de Romilly-sur-Seine, est une référence incontournable pour beaucoup de Français... Émile Camuset, passionné de sport, a un jour l'idée d'utiliser le savoir-faire local de la bonneterie pour confectionner des tenues sportives et équiper les clubs locaux, bientôt nationaux, puis internationaux. Le Coq sportif devient la première marque de sport au monde. Cette proximité avec les sportifs amateurs, les champions et leurs supporters, l'amour du sport mais surtout le partage collectif des émotions qu'il génère, guident la marque depuis son origine.
Équipementier des délégations françaises lors des Jeux olympiques de 1912 à 1972, le Coq sportif est partenaire de Paris 2024. C'est ce même esprit, 140 ans plus tard, fait de passion et de convivialité, qui l'anime toujours. Le rugby, le football, le cyclisme, le tennis, l'aviron... constituent l'univers de la marque.
Exposition Le Coq sportif, couturier du sport jusqu'au 13 octobre 2024. Musée de la maille, mode et industrie. Hôtel de Vauluisant. 10387 Troyes.
"Sport et villégiature"
Pour la première fois depuis sa création, le Musée provençal du costume et du bijou propose une exposition dédiée à un sujet d'actualité : le sport. Depuis deux siècles, sur la Côte d'Azur, douceur de vivre et qualité du climat ont engendré une nouvelle vision de la villégiature. Rapidement, sport et villégiature sont devenus indissociables, créant un style de vie encore recherché de nos jours.
Ici est retracé l'incroyable diffusion de certaines pratiques sportives, depuis les premiers témoignages antiques jusqu'au développement de l'activité physique au XIXe siècle, suivi de sa démocratisation au siècle suivant. Traverser l'histoire du sport depuis l'Antiquité, avec les JO ou encore le premier marathon, permet de mieux apprécier les évolutions qu'il a connues. Faut-il rappeler que, durant de nombreux siècles, il fut presque oublié en Europe ? Le jeu de paume, l'escrime et la danse, érigée en académie par Louis XIV, sont les activités sportives les plus courantes jusqu'à la Révolution française. Ici, plusieurs dizaines de silhouettes féminines et masculines sont présentées à la faveur de roulements afin d'assurer les meilleures conditions de conservation pour ces ensembles rares et recherchés de tenues sportives. Cycliste, patineuse sur glace, boxeuse, cavalière, golfeur, tenues de bain, de bord de mer vous y attendent.
Exposition Sport et villégiature jusqu'au 6 octobre 2024. Musée provençal du costume et du bijou. 06130 Grasse.
"René Lalique, l'inventeur du bijou moderne"
Au travers de plus de 100 bijoux, l'exposition dévoile comment René Lalique a renouvelé l'art de la bijouterie à la fin du XIXe siècle grâce à la diversité des créations, tant dans le type d'objets (peignes, bagues, colliers de chien, épingles à chapeau, broches...) que dans les matières ou les sources d'inspiration. L'exposition montre les apports de l'artiste à l'art de la bijouterie à la période Art nouveau.
À travers le port de ses parures, elle aborde la question de la mode à la Belle Époque. Soulignant que ses bijoux sont des œuvres d'art, elle montre à la fois leur dimension architecturale et l'attention scrupuleuse portée aux détails. Enfin, elle s'intéresse aux processus de création et de fabrication, à travers l'imaginaire du créateur, l'importance du dessin dans son travail, les matériaux employés, la question du volume et celle de la déclinaison de ses œuvres.
Exposition René Lalique, l'inventeur du bijou moderne jusqu'au 3 novembre 2024. Musée Lalique. 67538 Wingen-sur-Moder.
"Jean-Daniel Lorieux, photographe bienheureux"
Courrèges, Chanel, Dior, Lanvin, Cardin, Paco Rabanne… Claudia Schiffer, Salma Hayek, Johnny Halliday, Jacques Chirac… Depuis presque soixante ans, Jean-Daniel Lorieux photographie les plus grands mannequins vêtus des plus grandes signatures, a fréquenté stars et hommes politiques de renom. Repoussant les limites de l'âge, inlassable, infatigable, il continue de parcourir la planète et de côtoyer les plus belles filles du monde.
Pour cette première exposition rétrospective dans un musée, ce sont les images marqueurs d'une époque et celles qui définissent le mieux la "patte" Lorieux qui sont à l'honneur. Amoureux éternel et passionnel, Jean-Daniel a sublimé toutes les femmes qu'il a photographiées. Son amour pour leur corps est criant : même avec les tenues ou les coiffures les plus improbables, ses mannequins sont toujours mis en valeur dans leur beauté féminine. De longues jambes, un regard pénétrant, des poses anguleuses : elles sont au firmament et forcent le respect. Malgré l'hypersexualisation des années 1990, ses femmes apparaissent puissantes et dominantes. Traversée par les esthétiques des différentes décennies, l'œuvre de Lorieux offre un voyage dans l'histoire de la photo de mode des années 1960 à nos jours. L'exposition retrace ce périple où se croisent des femmes Courrèges, Cardin ou Paco Rabanne aux structures géométriques et color block ; des femmes séductrices et baroques pour Lacroix ou Dior dans les années 1990 ; des femmes indépendantes et libres… Ses mises en scène sont flamboyantes, ses clichés solaires et vivifiants.
Exposition Jean-Daniel Lorieux. Photographe bienheureux jusqu'au 6 octobre 2024. Musée Jean-Honoré Fragonard. 06130 Grasse.
"Carnet de bal, de Marie-Antoinette à l'impératrice Eugénie (1780-1880)"
Le carnet de bal, pense-bête destiné à noter l'ordre des danses et les rendez-vous, est le fil conducteur de cette exposition qui présente 40 costumes d'époque entre 1780 et 1880, des accessoires, appartenant à la collection de la Villa Rosemaine à Toulon et des pièces du musée de Bourgoin-Jallieu, certaines étant présentées pour la première fois. L'histoire des silhouettes est aussi celle de l'émancipation féminine à travers les âges.
L'exposition fait la part belle aux robes à crinoline, les plus extravagantes de l'histoire de la mode, magnifiées dans l'inconscient collectif par Sissi, l'impératrice Elisabeth d'Autriche ou par Eugénie de Montijo épouse de Napoléon III. Nous remontons dans le temps jusqu'à l'Ancien Régime, à la période de Marie-Antoinette. L'impératrice Eugénie est l'instigatrice de cette fascination pour les robes de cour du XVIIIe siècle et les élégantes du Second Empire s'emparent de ces pagodes, soieries, paniers et autres rotondités. Mise en scène de la fin de l'Ancien Régime au début de la Troisième République, l'exposition de vêtements authentiques, témoignages uniques et préservés du temps, est présentée sur mannequins afin de suggérer les évolutions de la silhouette féminine des XVIIIe et XIXe siècles. Redonner vie, redonner corps, tel est l'objectif illustré par des visuels d'estampes issus des premiers journaux de mode.
Exposition Carnet de bal de Marie-Antoinette à l'impératrice Eugénie (1780-1880) jusqu'au 8 décembre 2024. Musée de Bourgoin-Jallieu.
"Le spectacle de la marchandise. Art et commerce, 1860-1914"
Le musée des Beaux-Arts de Caen s'intéresse à la manière dont le développement commercial des villes se manifeste dans le regard des artistes de 1860 à 1914. À cette époque, dans les grandes métropoles, les lieux de commerce se multiplient : échoppes, vendeurs ambulants, grands magasins… . Réunissant des artistes comme Adler, Bonnard, Vuillard, Dufy, Luce ou Steilen... le parcours fait revivre ce bouillonnement des villes marchandes à travers une centaine d'œuvres, enseignes, affiches publicitaires et objets promotionnels.
Curieux des nouvelles architectures autant que de la foule, le citadin flâne et une cascade d'artifices visuels l'assaille, depuis l'étalage des marchandises jusqu'aux enseignes commerciales et aux affiches. Paris est dans la seconde moitié du XIXe siècle le symbole de cette ville moderne. Le grand magasin constitue alors un phénomène typiquement parisien. Le Bon Marché ouvre en 1852, suivi bientôt par d'autres, pensés pour une clientèle bourgeoise ou pour les classes moyennes. La boutique traditionnelle, la petite échoppe, la vendeuse ambulante ou le camelot ne disparaissent pas pour autant. Les artistes représentent peu les grands magasins. C'est la rue tout entière qui offre la marchandise en spectacle. Jouant de la confusion des genres et des espaces, photographes, dessinateurs et peintres révèlent une ville fragmentaire, kaléidoscopique, tout à la fois extérieure et intérieure. L'exposition propose un ensemble d'œuvres couplé à des objets commerciaux. Attentifs à tout ce qui signale le règne naissant de la marchandise, les artistes en éclairent encore le revers social, celui d'un monde en mutation.
Exposition Le spectacle de la marchandise. Art et commerce, 1860-1914 jusqu'au 8 septembre 2024 dans le cadre du festival Normandie impressionniste. Musée des Beaux-Arts au château de Guillaume le Conquérant. 14000 Caen.
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