Valentino, Givenchy, Chanel, Dries Van Noten : l'incessant jeu des chaises musicales dans la mode au niveau mondial

Dans un contexte de récession des grandes maisons, le mercato des directeurs artistiques n'a jamais été aussi mouvementé, alors que les Fashion Weeks du printemps-été 2025 de New York à Paris, en passant par Londres et Milan, se succèdent en septembre.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 3 min
Le créateur italien Alessandro Michele au final du défilé masculin Gucci pour l'automne-hiver 2020-2021, à la Milan Fashion Week, le 14 janvier 2020. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Qui sera le prochain directeur artistique de Chanel ? Où ira Pierpaolo Piccioli après son départ de Valentino ? De la Fashion Week de New York à Londres, aujourd'hui à Milan, demain à Paris, ces questions alimentent le feuilleton du "fashion game" mondial.

Démissions ou nominations ont ponctué l'année 2024 : Pierpaolo Piccioli a quitté Valentino en mars et la maison romaine a nommé à sa direction créative Alessandro Michele, dont le défilé prévu le 29 septembre à Paris est un des plus attendus. Chez Chanel, Virginie Viard, qui avait succédé à Karl Lagerfeld après sa mort en 2019, a annoncé en juin son départ, laissant un poste clé vacant. Les rumeurs vont bon train et le nom de Simon Porte Jacquemus est évoqué pour reprendre la maison de Coco. Le même mois, Dries Van Noten, le couturier culte d'Anvers, a tiré sa révérence pour son dernier défilé à la direction de sa maison éponyme. Récemment, le suspense concernant Givenchy, orpheline depuis le départ en janvier de Matthew Williams, s'est achevé avec l'annonce de l'arrivée de Sarah Burton, transfuge de la maison anglaise Alexander McQueen dont elle s'occupait depuis plus de treize ans.

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Résultat, à la Fashion Week de Milan, certaines marques sont absentes des podiums, cette saison : Blumarine vient de nommer le Géorgien David Koma à sa tête, Tom Ford, après le départ de Peter Hawkings en juillet, a nommé début septembre Haider Ackermann, le chouchou des stars Timothée Chalamet et Kylie Jenner.

Des accords de non-concurrence

Les directeurs artistiques remerciés par les maisons de mode sont souvent soumis à des accords de non-concurrence de un à deux ans, les empêchant de reprendre tout de suite les rênes d'une maison. Ces périodes sont généreusement indemnisées, mais rien n'empêche leur nouvel employeur de prendre en charge ce coût pour abréger leur délai de prise de fonction.

Dans ce contexte, les rumeurs vont bon train. Combien de temps encore Kim Jones restera-t-il à la tête du design de Fendi ? Quid de John Galliano dont le contrat chez Maison Margiela touche à sa fin et que certains voient chez Dior ou Fendi ?

"Derrière ces annonces, il y a des humains, il y a des destins. Il y a la vie de personnes qui donnent leur intelligence, leur vision, leur temps, leur passion à des maisons sous pression du marché, qui veulent des résultats immédiats, dans des temps records. Les directeurs artistiques doivent faire les chiffres en une saison, deux maximums, et si les résultats ne sont pas là, au suivant !", observe Alessia Pellarini, consultante créative pour les marques et fondatrice de The AP Archive, un fonds d'archives de pièces phare de l'histoire de la mode.

"Homme blanc européen"

"Il faut bien être conscient que ce travail demande du temps, demande de comprendre la marque, son héritage, son histoire, pour proposer certes quelque chose de nouveau, mais sans tout chambouler. Cette vision à court terme pour répondre aux exigences du marché ne fait que baisser la qualité culturelle de l'offre", déplore-t-elle. Elle a quitté en 2023 la direction du bureau de style de Fendi, un poste qu'elle a occupé pendant onze ans, travaillant avec Karl Lagerfeld puis Kim Jones.

Est-elle pour autant légitime pour reprendre la direction artistique d'une grande maison ? "Oui, sauf que je suis une femme ! J'ai beau avoir toutes les qualités et le CV parfaits, dans ce jeu de chaises musicales, on est quand même obligé de constater que le profil type continue d'être un homme blanc européen !"

La contre-attaque semble arriver là où ne l'attendait pas avec des grands couturiers qui se tournent vers les marques plus grand public. Clare Waight Keller, ex-Chloé puis Givenchy, a pris la direction artistique du géant japonais Uniqlo. Et Zara a annoncé une collection capsule début octobre créée par Stefano Pilati, ancien directeur artistique de Saint Laurent puis de Zegna.

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