Selon des ONG, le pianiste russe Pavel Kouchnir, opposé au conflit en Ukraine, serait mort en détention en Russie

Le musicien âgé de 39 ans, qui avait critiqué l'invasion de l'Ukraine et le régime de Poutine dans des vidéos, serait mort alors qu'il menait une grève de la faim en prison.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Une vue du Kremlin et de la cathédrale Saint-Basile au crépuscule dans la capitale russe Moscou, le 28 mai 2024. (MIKHAIL KLIMENTYEV / TASS / SIPA USA / SIPA)

Il avait été emprisonné en Russie après avoir critiqué l'attaque contre l'Ukraine. Le pianiste russe Pavel Kouchnir, 39 ans, serait mort en détention, ont annoncé des ONG et des proches du musicien. Sa mort n'a pas été annoncée officiellement. Contactée lundi 5 août par l'AFP, l'administration pénitentiaire locale n'a pas souhaité réagir.

Le dissident serait mort à une date indéterminée dans une maison d'arrêt à Birobidjan, ville située dans une région reculée de l'Extrême-Orient, frontalière de la Chine. Diplômé du conservatoire Tchaïkovski de Moscou, considéré comme l'une des meilleures écoles de musique du pays, M. Kouchnir était le soliste de la Philharmonie de Birobidjan depuis 2023.

"Nous avons reçu des lettres de ses codétenus et venant de ce centre de détention, il n'y a plus de doutes sur le fait qu'il est décédé", a déclaré samedi 3 août 2024 Olga Romanova, responsable en exil d'une ONG défendant les détenus russes, au média Current Times. Selon Mme Romanova, il serait mort alors qu'il menait une grève de la faim.

Une amie d'enfance de Pavel Kouchnir, Olga Chkrygounova, a affirmé au média russe Vot Tak avoir été informée de son décès, vraisemblablement fin juillet, par sa mère.

Lundi, l'équipe du défunt opposant Alexeï Navalny, lui-même mort en détention en février 2024, a partagé sur X un appel aux dons pour rapatrier dans sa ville natale, Tambov, le corps du pianiste.

En mai 2024, une chaîne Telegram sur l'actualité de la région de Birobidjan avait annoncé son arrestation en affirmant qu'il était accusé "d'appels au terrorisme", un crime passible d'une lourde peine en Russie, qui réprime toute dissidence.

Son arrestation n'avait pas été annoncée officiellement.

Il critiquait "le régime fasciste de Poutine"

Selon le média Vot Tak, le pianiste avait publié depuis novembre 2022 quatre vidéos sur une chaîne YouTube suivie par quelques dizaines de personnes, où il critiquait le Kremlin et l'invasion de l'Ukraine.

Dans l'une de ces vidéos, consultée par l'AFP, il déclarait, debout face caméra, "à bas la guerre en Ukraine", "à bas le régime fasciste poutinien", "liberté aux prisonniers politiques", et dénonçait le massacre de Boutcha, près de Kiev, imputé à l'armée russe. "La vie, c'est que ce qui n'existera jamais sous le fascisme. La liberté, la création, la sincérité, la vérité, la beauté d'un visage humain", disait-il dans cette vidéo publiée début janvier.

Dans une interview en janvier 2023 à un média local, il revenait sur son parcours : "L'art est lié de très près aux valeurs que je me suis choisi et auxquelles je souhaite dédier ma vie."

La semaine passée a eu lieu un échange historique de prisonniers entre la Russie et les pays occidentaux. Cinq pays occidentaux ont obtenu la libération de plusieurs opposants politiques au régime de Vladimir Poutine, dont débordent les prisons russes, en échange du retour de plusieurs citoyens russes condamnés pour espionnage ou meurtre.

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