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"Ça va être fun!" : Etienne de Crécy, Boombass et DJ Falcon, trois figures de la French Touch, mixent ensemble au Fnac Live

Au festival parisien gratuit, un trio de sorciers du son issus de la French Touch historique s'apprête à transformer le parvis de l'Hôtel de ville en piste de danse, jeudi 29 juin en fin de soirée. Nous avons voulu en savoir plus sur ce projet inédit à six mains. Interview.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
A gauche Boombass, moitié du groupe Cassius; à droite Etienne de Crécy : deux figures de la "French Touch" canal historique. (MATHIEU COUTURIER - MARIE DE CRECY)

Dans le riche programme, toujours de belle tenue, du prochain Fnac Live, qui se déroule de mercredi 28 à vendredi 30 juin, un nom, ou plutôt un trio de noms accolés, nous a tapé dans l’œil : Etienne de Crécy x Boombass x Dj Falcon, programmés ensemble jeudi 29 juin en fin de soirée. Quel est donc cet objet non identifié, tout droit sorti de la French Touch Canal historique ?

Chacun à leur façon, ces trois artistes ont imprimé leur empreinte sur la musique électronique française et internationale des trois dernières décennies. Etienne de Crécy a fait date avec la house euphorisante de sa fameuse série des Superdiscount, puis avec sa structure live innovante, le Cube, que le monde nous enviait, mais également, dès 1996, avec le projet Motorbass en duo avec le regretté Philippe Zdar, disparu accidentellement en juin 2019. Boombass (Hubert Blanc-Francart de son vrai nom) était quant à lui le binôme de ce dernier au sein de Cassius, tandem électronique fièvreux qui nous a donné nombre de tubes comme I Love U So, Toop Toop ou Feeling for You, après avoir été les artisans de l'ombre des deux premiers albums de MC Solaar. Quant à DJ Falcon, proche de Thomas Bangalter de Daft Punk avec lequel il a sévi sous pseudo Together, ses sets survoltés et ses remixes trépidants - notamment de Good Times de Chic et de La Mouche de Cassius - font chavirer les pistes de danse du monde entier depuis 1999.

De ce projet inédit à six mains, nous avons voulu tout savoir. Etienne de Crécy et Boombass ont accepté de nous raconter la naissance et le devenir de cette "dream team" de sorciers du son, qui est surtout le prétexte à retrouvailles entre vieux copains, et pour le public l'occasion rare de voir ces trois légendes joindre leurs forces pour faire danser.

DJ Falcon (de son vrai nom Stéphane Quëme) se produit au festival Coachella (Californie, Etats-Unis), le 12 avril 2014. (MARK DAVIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Comment est né ce projet à trois ?
Etienne de Crécy : Pour fêter les 25 ans de Superdiscount, en octobre 2021, j'ai organisé une soirée au petit Palace. J'avais demandé à Hubert (Boombass) et à Stéphane (DJ Falcon) de venir jouer avec moi, ainsi qu'Alex Gopher - qui lui ne veut plus du tout faire le DJ. Or la soirée s'est super bien passée, j'ai eu de très bons échos, les gens étaient emballés.
Boombass : A ce moment-là j’avais arrêté le Dj’ing. C’était une période un peu compliquée dans ma vie… Mais ce soir-là je me suis éclaté à mixer et j’ai retrouvé le pourquoi on faisait ça. J’ai adoré rejouer avec Falcon et retrouver Etienne.
Etienne de Crécy : A la suite de ça, nous avons eu des demandes de booking à trois. On s’est dit pourquoi pas ? On a fait le Electric Park (festival électronique qui se déroule à Chatou NDLR) l’an dernier grâce à Joachim Garraud. Au Palace, on avait joué les uns après les autres comme à une soirée entre potes, mais pour Electric Park on avait préparé un vrai set.

Qu’avez-vous fait depuis ?
EdC : Pour la fête de la musique, nous devions jouer cette année sur le Summer Stage à New York, mais un problème de visa nous en a empêchés. A la rentrée, on fait le festival américain CRSSD de San Diego. On n’avait pas vraiment prévu de développer ça, mais on est demandés, surtout par les Anglo-Saxons, alors on essaye de s’adapter.
: Je suis hyper content de pouvoir faire tout ça sans que ça prenne des proportions astronomiques. Ça reste avant tout un truc d'amitié et de transmission de ce qu'on sait faire.

Que jouez-vous ensemble ?
EdC : Pour Electric Park, on avait mixé que des morceaux d'époque, c’était un peu un set nostalgie années 90. Mais là, avec les autres dates qui arrivent, on n'a pas envie de rester coincés dans cette période parce que ce sont des morceaux qu'on a déjà joués des milliers de fois.
B : Rester sur une époque c’est un peu chiant. Il y a quand même des super disques qui sortent aujourd'hui. Alors on a prévu de mélanger nos musiques, des trucs un peu connus, en tout cas d’un certain public, avec des choses actuelles. Mais ça reste vraiment house.
EdC : House et électro. C’est assez éclectique mais on n’est pas dans la tendance très speed actuelle, hard-trans à 160 BPM. Les vieux morceaux, on les a, on peut les jouer s'il le faut. Mais l'option de laisser le truc ouvert est plus fun. L’avantage, avec Boombass et Falcon, c'est que même si ça part dans tous les sens, c'est toujours de la bonne musique. Et les sets ne se ressemblent jamais : si quelqu'un nous voit deux fois, ce sera totalement différent.

Comment mixe-t-on à trois ?
EdC : Déjà à deux, c’est particulier, alors à trois… En répétant on a réussi à trouver un ton, une méthode qui fonctionne. On a décidé de faire un vrai B2B2B2B c’est-à-dire d'improviser. L’idée c’est de jouer un morceau chacun, et d'enchaîner le plus vite possible, pour que ce soit fun. C'est marrant de voir qu’on n’a pas gardé en mémoire les mêmes morceaux : on joue des musiques assez différentes aujourd'hui, ce qui fait que le set rebondit dans tous les sens. On mixe en direct, au feeling, ça oblige à être hyper réactif.
B : Mixer à trois, c’est bien plus compliqué qu’on ne l’imagine, même si tu mixes depuis longtemps. On improvise et on n’a pas les mêmes disques, alors ça peut vite être le chaos. C'est ça qui est marrant. L'art du DJ, c'est aussi ne pas se tromper, ne pas couper trop tôt, ne pas mettre la musique n’importe quand. On est libre, mais il faut rester concentré, essayer de ne pas passer du coq à l'âne et garder l'énergie. C'est un vrai exercice.

Ce projet n’est-il voué qu’à rester un projet live ? Avez-vous commencé à composer ensemble ?
EdC : Non, ce n’est pas prévu. Mais on pourrait, oui, pourquoi pas ?
B : Ça pourrait être la prochaine phase. Un morceau commun ça peut vraiment être marrant. C’est une bonne idée.

Le Fnac Live, c’est particulier pour vous ?
EdC : C’est comme jouer à domicile. Je crois que c'est la troisième fois que je joue au Fnac Live. C'est un festival ultra bon enfant, avec une super bonne ambiance. Le Parisien, quand il ne doit pas payer, il est hyper sympa (rires).
B : On a joué au Fnac Live avec Cassius en 2017 au moment de la sortie de l’album Ibifornia. On ne savait pas du tout ce que c’était, on était arrivés les mains dans les poches et il y avait un monde fou. J'en ai un souvenir génial. Cette fois, j’y vais carrément avec le trac.

Au-delà de cette "dream team", quels sont vos projets respectifs ?
EdC: Je travaille sur un nouvel album et je devrais sortir un premier single à la rentrée. C’est un album avec des featurings, sans instrumentaux. Le son est à rapprocher de mon album Tempo Vision. C'est vraiment le disque à écouter à la maison.
B : Je recommence à écrire, après mon autobiographie (Boombass, Une histoire de la French Touch, paru en août 2021 NDLR). Ce n’est pas vraiment une suite, je voudrais revenir sur ce que je n’ai pas réussi à aborder et à approfondir dans le premier. Et puis j’ai remis les mains dans la musique que nous faisions avec Philippe, toutes ces choses qu’on n’a jamais sorties, et c’est passionnant. Toutes ne sont pas intéressantes mais certaines sont le reflet d’une époque, et m’évoquent un savoir-faire d’artisans. Je réfléchis à une sorte de voyage dans notre aventure entre les mots et la musique. Cassius s’est terminé d’une manière étrange et violente… alors j’aimerais bien amener de la beauté et du soleil là-dedans. Mon idée serait d’embarquer le lecteur-auditeur avec nous, au moment où on le faisait.

Etienne de Crécy x Boombass X DJ Falcon mixent à trois au festival Fnac Live jeudi 29 juin, place de l’Hôtel de ville à Paris.

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