Avant son nouvel album annoncé pour le 30 août, le pianiste Tigran Hamasyan partage le très beau "Areg and Manushak" dans un clip documentaire

Le pianiste arménien a mis en ligne un clip dans lequel il présente le nouveau morceau de son prochain album "The Bird of a Thousand Voices" et évoque le conte arménien qu'il a adapté pour son disque. L'occasion de découvrir les images d'un splendide manuscrit enluminé dans lequel il a puisé son inspiration.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Tigran Hamasyan dans le mini-documentaire du morceau "Areg and Manushak", lancé le 31 mai 2024 (réalisation : Ruben Van Leer). (RUBEN VAN LEER)

Deux ans après StandArt, un précédent album consacré à des classiques du jazz, Tigran Hamasyan se replonge dans sa culture arménienne millénaire, mais aussi dans ses passions rock, via un nouvel opus à paraître le 30 août sur le label Naïve, The Bird of a Thousand Voices (L'Oiseau aux mille voix). Ce disque conceptuel au long cours (24 pièces) a été composé d'après un conte mythologique arménien transmis par tradition orale et transcrit au début du XXe siècle.

Le héros de cette légende traverse des royaumes invisibles en quête d'un oiseau mythique dont le chant divin a le pouvoir de rapporter l'harmonie au monde.

Un voyage médiéval et mystique


Dans le clip mis en ligne vendredi 31 mai, Tigran Hamasyan met en avant le morceau Areg and Manushak, un thème qui illustre l'histoire d'amour entre un prince, Areg, et une jeune femme, Manushak (Violette). Cette pièce mélodieuse et sans paroles, portée par la voix cristalline d'Areni Agbabian, chanteuse associée de longue date aux projets artistiques du pianiste, nous invite dans un monde onirique, médiéval et mystique.

Dans le document ci-dessous, mi-clip, mi-documentaire, Hamasyan décrit la genèse de son projet, le conte L'Oiseau aux mille voix découvert en 2019, qui lui a immédiatement donné envie d'écrire de la musique. Avec la chercheuse Arusyak Tamrazyan, il nous convie à la découverte de manuscrits enluminés arméniens très anciens, ornementés d'oiseaux magnifiques... Il s'interroge sur les liens qui existent entre ces récits et le conte qui l'a tant marqué (voir transcription en français de tous les commentaires au bas de l'article).



Le destin du prince et de Manoushak est déterminé par "une prophétie dont Areg a été averti par un vieil homme sage à un carrefour entre notre monde matériel et le royaume invisible", peut-on lire sur le communiqué de presse. "Il incarne les tentations d’Areg et le sacrifice qu’il doit faire au cours de sa grande quête pour trouver et ramener l’oiseau divin et son chant éternel, afin de restaurer l’amour et la paix dans le cœur des gens et d’apporter l’harmonie à un monde en plein bouleversement."

Le mini-film a été réalisé par le cinéaste néerlandais Ruben Van Leer qui a déjà travaillé avec Tigran Hamasyan sur l'habillage scénique pour Jazz à la Villette, à Paris, de l'album Shadow Theater (2013), puis sur les vidéos de The Cave of Rebirth et Fides Tua, deux pépites de l'album An Ancient Observer (2017).

Des climats variés, lancinants, et une ouverture rock

L'album The Bird of the Thousand Voices nous donne à savourer des climats variés, lancinants, au gré de la narration du conte éponyme. Ainsi, le morceau d'ouverture, The Kingdom, mis en ligne le 26 avril dernier sur YouTube, est d'un tout autre registre que Areg and Manushak : il est très rock.

Fan de groupes Metal comme Meshuggah et Tool, Tigran Hamasyan y fusionne avec gourmandise folklore arménien, sons contemporains et synthétiseurs.



Avec Ruben Van Leer comme vidéaste, Tigran Hamasyan va donner le 8 juin prochain à Amsterdam la création mondiale de The Bird of a Thousand Voices, un projet musical transmédia qui doit par ailleurs se décliner dans des vidéoclips de fiction cinématographique et un jeu en ligne.

En France, le nouveau programme sera présenté à la rentrée, vendredi 27 septembre, à la Philharmonie de Paris lors de journées spécialement dédiées à l'Arménie. Entre-temps, Tigran Hamasyan jouera le répertoire de l'album The Call Within (2020) le vendredi 28 juin dans le cadre de La Défense Jazz Festival.

Transcription en français des commentaires de la vidéo

Tigran Hamasyan : "Je suis tombé sur ce conte arménien en 2019, et c'était une histoire tellement puissante, aux proportions épiques, que ça m'a immédiatement frappé et m'a donné envie d'écrire de la musique. Pour moi, c'est vraiment intéressant de savoir s'il existe des liens entre ces manuscrits médiévaux et ce conte populaire, parce qu'il y a beaucoup d'images d'oiseaux. Cela pourrait faire allusion à cette histoire et c'est ce que je veux découvrir."

Dr Arusyak Tamrazyan, chercheuse, directrice du groupe d'étude de musique médiévale arménienne au Matenadaran, Institut Machtots de recherches sur les manuscrits anciens à Érevan : "Les hymnes religieux sont imaginatifs, des appropriations créatives du christianisme, de la vie, de l'amour. Cela s'exprimait à travers la tradition hymnique, par la prière, par la musique. Et vous pouvez retrouver tous ces strates dans les hymnes médiévaux.

Et aussi, ces manuscrits sont décorés de magnifiques oiseaux spiritualisés, anthropomorphiques. C'est comme un trésor de notre puissance créatrice, un trésor de notre mémoire."

Tigran Hamasyan : "Il ne s’agit pas seulement de musique. C'est un processus plus vaste. Et c'est une grande inspiration, cela conduit à ressusciter cette histoire de ses cendres."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.