Mort de Johnny : "Presque tous les Français ont eu l'occasion de le voir sur scène, c'est un phénomène unique"
Pour Jean-François Brieu, journaliste, spécialiste du rock, auteur de "Johnny une passion française", le chanteur représentait "un condensé d'une nouvelle génération musicale à une époque où on écoutait Luis Mariano, Edith Piaf pour le meilleur" dans les années 60.
"C'est une carrière qui commence en 1960, qui se termine donc malheureusement ce matin. Presque tous les Français ont eu l'occasion devoir Johnny sur scène, l'ont vu physiquement. C'est un phénomène unique" a expliqué Jean-François Brieu, journaliste, spécialiste du rock, auteur de Johnny une passion française, mercredi 6 décembre sur franceinfo, après l'annonce de la mort de l'artiste dans la nuit de mardi à mercredi.
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franceinfo : Le public de Johnny, c'est plusieurs générations de Français ?
Jean-François Brieu : C'est d'abord et avant tout la génération des baby-boomers qui le découvre en mars 1960 au moment où sort son premier 45 tours. C'est un gamin, il a 17 ans, et son public a à peu près le même âge que lui. Et puis il y aura une nouvelle génération qui va le rejoindre après 68, puis une autre dans les années 70 et une autre dans les années 80, dans les années 90 et 2000 avec les shows dans les stades et à chaque fois certains anciens restent et puis des jeunes arrivent.
Dans les années 60, il porte les envies de révolte de la jeunesse et va populariser le rock en France...
Il est parmi les premiers et c'est vraiment celui sur qui la cristallisation se fait. Il chante Elvis très tôt. Il va chanter presque tous les grands rockers de sa génération. Et comme en plus il ramène, le look, la gestuelle et en plus il faut le dire la violence, on a un condensé d'une nouvelle génération musicale à une époque où on écoutait Luis Mariano, Edith Piaf pour le meilleur.
Sa carrière a connu plusieurs phases, comment les définir ?
Il y a une première période qui est en phase avec le rock and roll initial américain. Puis en 1964 il part au service militaire. Quand il revient, tout a changé dans l'histoire du rock. Les Beatles sont arrivés, James Brown s'est imposé. Il intègre ce nouveau répertoire. Puis c'est la période psychédélique, il est tout là. Puis il découvre la country qu'il amène en France
Il a touché toutes les strates de la société françaises...
C'est un grand chanteur populaire. Sa carrière ressemble en beaucoup de points à celle d'Edith Piaf. Et je me faisais cette réflexion. Jean Cocteau meurt, Edith Piaf meurt. Jean d'Ormesson meurt, quelques heures après Johnny Hallyday meurt. Il y a des effets miroirs extraordinaires. C'est vrai que les bourgeois s'y sont collés aussi et je pense à Jean-Pierre Raffarin, fan de la première heure.
Si je vous demandais un souvenir personnel ?
Le premier concert que je vois de Johnny c'est en 1969 dans un tout petit bled paumé dans le sud-ouest de la France. Je me retrouve innocemment au premier rang. La folie quand il arrive, quand je ressors j'ai perdu ma montre et un talon de chaussure tellement j'ai été piétiné. C'est cette image-là, c'est ça mon souvenir.
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