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Mostra de Venise : Caetano Veloso se dit alarmé par "la perte des libertés publiques" au Brésil

Empêché de faire le voyage à Venise pour cause de Covid-19, le musicien brésilien s'est exprimé en visio-conférence.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Caetano Veloso débat à l'université de Columbia à New York, le 15 octobre 2019 (VANESSA CARVALHO/REX/SIPA / SHUTTERSTOCK)

Lors d'un échange en marge de la Mostra de Venise, où un documentaire lui étant consacré est présenté, Caetano Veloso s'est dit alarmé par la situation politique de son pays. "Nous sommes sur le point de perdre les libertés publiques"

"Derrière l'apparence d'une démocratie, il y a au Brésil une menace plus subtile, moins claire. Il y a une structure autoritaire, presqu'une maladie, (...) qui corrompt les principes démocratiques, empêche la circulation des idées et l'affirmation des droits", a déclaré la star de la musique brésilienne lors d'une visio-conférence.

54 jours de cellule

Caetano Veloso, 78 ans, n'a pas pu entreprendre le voyage à Venise en raison des restrictions liées à la crise sanitaire. Un documentaire, Narcissus off Duty, présenté hors compétition, revient sur son séjour en prison sous la dictature militaire (1964-1985).

Ce témoignage intime et émouvant retrace les 54 jours qu'il a passés en cellule à partir de décembre 1968 sur ordre de la dictature. "La situation est différente de celle de 1968, mais la façon de gérer les affaires publiques dans mon pays ne correspond pas pour le moins à celle d'une démocratie", a-t-il poursuivi, à propos du régime de Jair Bolsonaro, dont il refuse de citer le nom.

A l'époque il y avait explicitement une dictature, aujourd'hui nous sommes sur le point de perdre les libertés démocratiques

Caetano Veloso

Dans le film, qui ne comporte pas d'autres interviews, Caetano Veloso relit l'interrogatoire réalisé par la police, et retrouvé récemment, dans lequel il est accusé de "terrorisme culturel" pour avoir changé les paroles de l'hymne national.

"C'était très émouvant. Je n'avais pas idée que cela existait. Ce document est réapparu avant le tournage du film grâce aux recherches" d'une commission pour la vérité, a-t-il précisé.

"Se souvenir, ce fut une catharsis pour moi. Je suis sorti de chez moi en pensant tourner une interview et à la place, je me suis retrouvé 50 ans en arrière, avec une histoire que j'avais gardée pour moi pendant tellement de temps et qui m'a submergé d'émotion", conclut-il. 

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