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Chutes en skate, vie dans le tour bus, tournages de clips : le documentaire "Regarde-moi" a suivi l'éclosion du rappeur Lomepal sur deux ans

Du Flip Skate Tour et ses concerts sauvages à la tournée triomphale des Zénith deux ans plus tard, le jeune réalisateur Tim Reinson a filmé au plus près l'ascension du rappeur Lomepal. Nous lui avons parlé. 

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le rappeur Lomepal (de son vrai nom Antoine Valentinelli) sur scène aux Francofolies de La Rochelle, le 12 juillet 2019. (XAVIER LEOTY / AFP)

C’est une aventure commencée comme un film de souvenirs entre potes sur une petite tournée atypique en 2017, et qui se termine deux ans et demi plus tard comme un documentaire sur une nouvelle star du rap français. Le documentaire Regarde-moi, à voir ci-dessous, retrace sans le vouloir la séquence précise de l’ascension de Lomepal, entre la sortie de son premier album Flip, à l’été 2017, et la tournée qui a suivi son second album Jeannine, en 2019.

Une tournée atypique qui a tout changé

Lomepal trime depuis six ans déjà sur ses rimes et son style, évoluant de Ep en Ep (cinq au total entre 2011 et 2016), lorsque son premier album, Flip, sort en juin 2017. Mais ce n’est que quelques mois plus tard que sa notoriété commence à décoller, grâce à une tournée d’un genre inédit, le Flip Skate Tour.

Skateur aguerri autant qu’il est rappeur, Antoine Valentinelli monte cette tournée avec une idée simple : rallier une ville par jour et y donner un concert sauvage, dans la rue ou dans un skate park. Ce road-trip va tout changer. Alerté sur les réseaux sociaux et alléché par de premières vidéos, le public l’attend, le découvre, s’enthousiasme pour son énergie et ses textes. C’est à ce moment-là que débute le documentaire de Tim Reinson.

Le documentaire "Regarde-moi":

Lomepal dans tous ses états

Le jeune réalisateur Tim Reinson a mis sa vie entre parenthèses à partir de ce skate tour, "génial pour les souvenirs mais monstrueux à vivre", dixit Lomepal. Pendant deux ans, il a filmé le rappeur-skateur-chanteur, ses chutes en skate, ses enregistrements, ses concerts, sa vie sur la route et ses tournages de clips. Une plongée intime aux côtés d’un artiste en pleine éclosion filmée au plus près, à hauteur de pote, et avec un beau grain vintage.

On voit ainsi Lomepal préparer, chez lui, son second album Jeannine, rimer, hésiter, et même jeter aux orties une chanson sentimentale. On assiste à ses échanges en studio avec le producteur Pierrick Devin. On croise Philippe Katerine en studio, Roméo Elvis dans le tour bus. On côtoie Lomepal en pleine déprime, en coulisses d’un concert donné à Londres. On rencontre sa mère Mamaz. On le suit sur un tournage de clip de luxe en Afrique du Sud mais on revient aussi sur ses premiers clips réalisés avec trois fois rien et beaucoup d'imagination. Et on le surprend même au lit, après une nuit blanche, le jour de la sortie de l’album.

Aujourd’hui, Lomepal sort d’une tournée triomphale des Zéniths et a prévu quelques mois de pause avant de reprendre la route des festivals cet été. "J’ai envie de passer du bon temps", dit il. "Partager avec des amis, c’est hyper important. Je n’ai pas envie de devenir riche tout seul, ça ne m’intéresse pas." Justement, on a parlé à son pote, le réalisateur Tim Reinson.

Cinq questions au réalisateur de Regarde-moi

Comment t’es-tu retrouvé à faire ce film ?
Tim Reinson : J’ai fait une école de cinéma mais à l’époque je faisais des frites dans un fast-food. Antoine (alias Lomepal NDLR) cherchait quelqu’un pour filmer son Flip Skate Tour. Je le connaissais déjà un peu, on faisait du skate ensemble, mais c’est un pote à moi qui m’a refilé le plan car il ne pouvait pas le faire. A l’époque, on ne savait pas qu’on allait faire un doc. Au départ, Antoine voulait juste conserver un souvenir de cette tournée. Il adore le cinéma et un jour il m'a avoué "nous savions que tu n'étais pas le réalisateur parfait au moment où on t'a pris, mais on s'est dit que tu avais le potentiel pour faire quelque chose d'intimiste et on a misé là-dessus."

Avec quel matériel as-tu travaillé ?
J’ai travaillé à moitié avec une caméra mini-DV vintage et avec un appareil photo de type 5D tout ce qu’il y a de plus basique. Au sujet de la caméra mini-DV, il s’agit d’une caméra venue du skate sur laquelle on met un fish-eye. Certains pensent que les images du doc ont été faussement vieillies en utilisant un filtre vintage, je tiens à le démentir. Cette caméra mini-DV date de 1993, elle est aujourd’hui désuète mais je ne révèlerai pas le modèle parce que pour moi elle appartient au mouvement skate et je ne veux pas que ce soit récupéré.

Quel est ton meilleur souvenir de ce tournage ?
On est tous d'accord là-dessus, c’est le Flip Skate Tour. C’était l’insouciance. On était vraiment une bande d’ados qui part en vacances. Le fait qu’Antoine ne soit pas encore super connu à cette époque, ça nous laissait aussi très libres. Les gens nous accostaient mais pas comme maintenant.

Comment décrirais-tu la personnalité de Lomepal ?
En fait j’ai posé cette question à un peu tout le monde dans l’équipe et on est d’accord sur le fait que c’est quelqu’un de très déterminé. Je suis persuadé d’une chose, c’est qu’Antoine savait dès ses 12 ans qu’il allait arriver là. C’est aussi un travailleur acharné. Du genre à m’appeler à 23h30 pour venir le filmer chez lui alors que je suis couché chez moi – il n’arrête jamais, c’est un hyperactif. Il est également exigeant, d’abord avec lui-même. Et, comme il l’avoue lui-même dans le doc, c’est un obsessionnel.

Qu’est ce qui t’a le plus surpris en faisant ce doc ?
Ce qui m’a le plus surpris, je pense, c’est la solitude qu’un artiste peut ressentir en tournée, même en étant bien entouré. D’une part en raison des nombreuses responsabilités qui lui reviennent (Antoine gérait tout), mais aussi parce que les relations avec les gens peuvent être faussées. Quand le public vient lui parler de sa musique à la fin d’un concert, ça le gonfle et c’est normal. Lui, il a envie que les gens parlent à Antoine, qu’ils lui parlent de skate ou du dernier film qu’il a vu. Je ne le montre pas beaucoup dans le film mais ça m’a marqué à titre personnel. En fait, je le respecte grave d’avoir su garder la tête sur les épaules malgré toute cette pression.

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