Major Lazer et Alpha Wann ont enflammé la deuxième journée de Rock en Seine 2019
Samedi le parc de Saint-Cloud a vécu une ambiance très soul et rap.
La journée de samedi a Rock en Seine a été marquée par le show géant de Major Lazer, l'élégance des reines de la soul Jorja Smith, Mahalia et Celeste dont nous avons fait le compte-rendu complet mais aussi par les concerts de Jungle, d'Alpha Wann et de Girl in red ainsi que de bonnes révélations à l'image de la chanteuse jazz Mathilda Homer et du crooner indien du groupe Peter Cat Recording Co.
Major Lazer invite Booba, MHD et Aya Nakamura dans ses mixes
Le show de Major Lazer, placé en conclusion de la journée du samedi, avait un seul objectif : faire la fête ! Diplo aux machines et Walshy Fire au chant, accompagnés d’une nuée de danseuses torrides ont joué leurs grands tubes dans une ambiance forcément survoltée sur la Grande scène. Même si le déluge de lumières et de pyrotechnie se voyait de très loin, probablement bien au delà des frontières du parc de Saint-Cloud, les fans attendaient depuis longtemps pour vivre de près le grand barnum “booty music” du groupe américain, qui offrait samedi à Rock en Seine sa seule date française.
Dès les premiers titres, Walshy Fire se jette dans le public et l’on a à peine de temps de contempler le décor d’inspiration indienne et les vidéos qui filent à toute vitesse derrière la chorégraphie survoltée que l’on se surprend à entendre des textes en français dans le flot des basses martelées. Car le combo américain a réservé une surprise pour sa fête parisienne : des mixes de plusieurs titres d’Aya Nakamura mais aussi de Booba (le freestyle Pirate dans lequel il s’attaque à Damso) de MHD (dont le Afro Trap Part 7 est déjà sorti en version remixée par Major Lazer) ou de Niska la veille, quadras et quinquas étaient aussi au rendez-vous de ce show exotique et éclectique joyeusement démesuré.
Alpha Wann met le feu pour son premier grand festival parisien
C’était un peu la caution rap de cette édition 2019 de Rock en Seine et c'était le bon choix. Le “mathématicien” du rap français a mis le feu sur la grande scène avec des comparses particulièrement énergiques dans leur mission d'haranguer le public le temps d'un concert exceptionnel puisque c’est la première fois qu’ Alpha Wann se produisait dans grand festival parisien. Enchaînant les morceaux de son dernier album, Une main lave l’autre, sorti l’année dernière, le rappeur a honoré sa réputation de showman. Pas un seul temps mort ni même une hésitation, Alpha manie les mots comme il respire. Le featuring est remarquable avec le rappeur Infinit’ sur Le Tour, et l'ensemble de son crew qui virevolte autour de lui sur la scène.
On a senti le chanteur radieux de s’essayer à une si vaste scène et le public lui a très bien rendu en lui montrant qu'il connaissait une bonne partie de ses paroles. "Merci à vous, vous m'avez respecté!", a-t-il lancé avant de quitter la scène. Mention spéciale à son ami et chauffeur de salle qui la accompagné tout du long du show avant de réaliser le meilleur plongeon du festival dans la foule.
Girl in red et Mathilda Homer : 20 ans et deux forts tempéraments
Dans des styles très différents des reines de la soul du jour (Jorja Smith, Celeste et Mahalia), deux autres filles sont parvenues à se faire remarquer en cette journée à la tonalité très rap et soul. Girl In Red tout d’abord, côté rock, qui arrive en courant sur scène avec sa guitare malmenée en bandoulière.
On est frappé par l’énergie incroyable que déploie cette jeune Norvégienne de 20 ans hyper souriante et d’une troublante sincérité. Si elle rougit sur scène c’est d’abord à cause de la chaleur et de ses toniques gesticulations dans le style des grands guitar heroes, mais elle est aussi visiblement émue de raconter ses histoires si personnelles face à un si large public. Car le drapeau gay friendly déployé par de très jeunes fans aux cris stridents du premier rang le rappelle, Girl in red a trouvé son public avec sa pop rock joyeuse mais aussi avec ses textes qui racontent ses propres histoires d’amour et l'affirmation de son homosexualité.
Revoir le concert de Girl in Red samedi 24 août 2019 à Rock en Seine
Elle aussi a tout juste 20 ans et c’est dans la pure tradition d’un jazz soft teinté de soul qu’on a découvert la voix magnifique de Mathilda Homer dans une ambiance de circonstance sur la pelouse de la scène Firestone et sa légère pente qui permet au public de se laisser bercer par la musique allongé dans l’herbe. Et de se laisser séduire ici par les douces chansons de la jeune Londonienne et ses musiciens qui sont visiblement du même âge. Et qui ont surtout le même talent. Le pianiste notamment et sa sublime voix à la Jamiroquai à qui la très élégante chanteuse a laissé le micro un court moment. Un délice pour les oreilles et une belle révélation..
L'art du son selon Jungle
Le groupe anglais funk mid-tempo Jungle était l’un des plus attendus de cette deuxième journée de Rock en Seine 2019. Sur une scène de la Cascade éclairée par des jeux de lumières orangés, le duo londonien constitué des deux amis Josh et Tom, était accompagné d’un batteur, d’un bassiste guitariste, et surtout de deux formidables choristes, incroyables voix d’appui. Il sont quatre à chanter et le groupe, en couvrant tout le champ vocal, du fausset aux graves, prend une dimension très 70’s, presque disco.
Mention spéciale à Tommy McFarland, co-fondateur du groupe et multi instrumentiste, qui a enchaîné clavier, basse et guitare tout en chantant. Le groupe a terminé son set avec son grand tube, Busy earnin’, mais a aussi joué plusieurs titres de son second album For Ever, sorti l'an dernier.
Revoir le concert de Jungle samedi 24 août sur la scène Cascade
Le crooner de Peter Cat Recording Co. se lâche sur du disco
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la dégaine à la cool et l’air ténébreux de Suryakant Sawhney, le leader et chanteur de Peter Cat Recording Co marque pleinement l’idée de contre programmation face à la lumineuse et très élégante Jorja Smith dont on entend des effluves de voix depuis la grande scène. Côté voix, nous sommes ici en présence d’un crooner mais dans un style très personnel. Car si le concert de Peter Cat Recording Co. débute dans l’aspect le plus jazzy des compositions de ce quintet originaire d’Inde, on part très vite dans un réjouissant mélange de styles d’un morceau à l’autre. Un peu soul, un peu rock, de petites touches d'électro, voir de disco, on se laisse volontier embarquer dans toutes ces propositions sans trop réfléchir. Car c’est d’abord la singularité de cette troupe à la fois lumineuse et sombre qui séduit. Elle mêle sans précautions les sons bruts d’une guitare électrique aux mélodies d’un harmonium indien (sorte d’accordéon horizontal) qu’on voit probablement pour la première fois sur une scène de ce festival.
L’air triste et finalement assez poétique, le chanteur semble sortir d’un film et donne parfois l’impression d’avoir l’esprit ailleurs. C’est grâce à l’insistance d’un premier rang imbibé de bières que Suryakant Sawhney va commencer à se lâcher avant de partir dans une irrésistible danse sur le disco épique de Memory Box, un des titres de leur album Bismillah dont on adore aussi le petit bijoux Heera.
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