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Rock en Seine 2023 : six groupes et artistes lycéens vont jouer sur leur "Première Seine"

Pour la sixième édition, le tremplin Première Seine donne sa chance à des musiciens amateurs scolarisés dans des lycées d’Île-de-France. Les six lauréats sélectionnés remportent leur ticket pour jouer à Rock en Seine. Témoignages de trois d'entre eux et rencontre avec le groupe Feather Aid que nous avons suivi en répétition avant leur concert ce soir.
Article rédigé par Léa Beaudufe-Hamelin
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Le groupe Feather Aid, lauréat 2023 du tremplin Première Seine, répète à L'Empreinte à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) le 23 août 2023, deux jours avant son concert à Rock en Seine. (Léa Beaudufe-Hamelin)

Des mathématiques aux guitares électriques, il n’y a qu’un pas. Il y a quelques semaines à peine, Éloi, Thomas, Paul-Énée et Rafaël suivaient leurs cours en prépa scientifique. Ce vendredi 25 août, ils joueront à Rock en Seine. Ces quatre amis qui se sont rencontrés au collège, forment le groupe de rock progressif Feather Aid. Ils figurent parmi les six lauréats du tremplin lycéen Première Seine, coorganisé par le festival et la région francilienne depuis 2017. À la clé pour les gagnants : donner un concert sur la scène Île-de-France de Rock en Seine.

"J’ai vraiment hâte d'être au moment où on a essayé d'être depuis trois ans. On va enfin être sur cette scène, ça va être incroyable", confie Rafaël, le batteur du groupe âgé de 19 ans, le sourire aux lèvres. Car c’est la troisième fois que Feather Aid participe au concours, découvert via des affiches placardées dans son lycée à Fontainebleau (Seine-et-Marne). "Travailler pour le tremplin et avoir tenté trois fois, ça nous a fait beaucoup grandir, estime Éloi, le bassiste et chanteur de 18 ans. Je pense qu'on n’aurait pas autant progressé si on avait gagné dès la première fois."

    Six heureux élus

    Jouer à Rock en Seine, ça se mérite. Cette année, 120 candidats, groupes ou artistes solos, ont tenté leur chance. Rock, pop, rap… tous les styles musicaux sont les bienvenus. Seules conditions : les musiciens doivent être âgés entre 16 et 21 ans et la moitié des membres du groupe doit être scolarisée dans un lycée d’Île-de-France. Le jour J, les artistes amateurs devront également être en mesure de jouer pendant 20 minutes et proposer au moins deux compositions personnelles. "Si on hésite entre deux groupes, on prendra toujours celui qui a plus de compositions originales, indique Manon Osika, chargée de projets à Rock en Seine. La pratique de l'écriture, la composition de textes et de musique, c'est quelque chose qu'on veut absolument encourager."

    Après une présélection sur dossier et sur écoute, une dizaine de groupes et artistes solos accèdent aux demi-finales organisées dans six secteurs de la région, puis aux finales. À la fin, ne reste qu’un lauréat par secteur, choisi par un jury de professionnels. "Il y a l'enjeu d'être finaliste et de pouvoir jouer à Rock en Seine, mais ça permet surtout de les accueillir dans des salles de concert franciliennes, leur montrer ce qu’est un vrai concert et leur faire découvrir l'envers du décor professionnel de la musique", explique Manon Osika.

    Une fois le tremplin remporté et avant le grand jour, chaque lauréat bénéficie d’un accompagnement assuré par des structures locales partenaires du projet. À deux jours de son concert, Feather Aid répète sans relâche son set de cinq morceaux, sous l’œil, l’oreille et les conseils de son coach à L’Empreinte, structure labellisée Scène de musique actuelle (Smac) à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). Rien qu’au studio, on se croirait déjà au concert. Les garçons débordent d’énergie, ils échangent des regards complices, balancent la tête, se laissent aller à des mimiques au rythme de leurs harmonies. Ceux-là, pour sûr, sont habités quand ils jouent.

    L’intention, l’énergie, la présence scénique, la façon de s’adresser au public… tout est passé au crible. "Vous n’étiez pas très carrés à la reprise après le solo", "tu as bien géré l’émotion, mais il faudra qu’il y en ait plus", "il faut que vous partagiez l’énergie", "au niveau des intentions, vous étiez très justes, c’est bien les gars !", prodigue Erwan Vattaire-Hervé, apprenti chargé de production à L’Empreinte, responsable de leur accompagnement. Lui-même est membre d’un groupe de musique et entre musiciens, ils se comprennent. "Je sais quand il faut mesurer, être plus fermé pour laisser place à plus d'émotions, comment toucher le public, comment et où placer les interventions…", détaille-t-il. Et alors, sont-ils prêts ? "Oui !" répondent les quatre garçons d’une seule voix.

    "Démystifier" le monde de la musique

    Tant mieux, car le jour J, ils seront considérés comme des artistes à part entière. La preuve : ils touchent un cachet, ont accès au catering – l’espace de restauration réservé aux artistes – et leur nom figure dans le programme du festival aux côtés de ceux des têtes d’affiche. "Ils font partie intégrante de la programmation de Rock en Seine", abonde Manon Osika. Tessa Galli, autre lauréate solo aux influences électro-pop, s’inspire de Christine and the Queens qui se produira justement à Rock en Seine ce vendredi : "Ça me chamboule et me fait chaud au cœur de me dire que mon nom peut être à côté de celui d’artistes aussi talentueux et que j'admire."

    Après leur concert, les finalistes sont également invités à visiter les coulisses du festival, à monter sur le côté d'une des grandes scènes et à rencontrer différents professionnels, comme la scénographe de l’événement, des disquaires ou encore des artistes. "Le but, c’est de leur ouvrir les portes et de démystifier ce monde des musiques actuelles. On parle souvent des artistes, mais notre rôle, c'est aussi de leur faire découvrir les métiers qui sont autour, la production, la communication, la technique… Ça peut éveiller des vocations", estime Manon Osika. "Les backstages d’un festival, c'est quelque chose qu'on n'avait jamais vu. C’est énorme, c'est plus qu'un concert. On a pu être en immersion dans le festival", se souvient Mitty, lauréate en 2022.

    "Ce serait un rêve de devenir professionnel"

    Un an plus tard, la jeune artiste qui souhaite faire de la musique son métier, mesure les bénéfices de l’expérience : "Gagner un tremplin et participer à un festival aussi gros que Rock en Seine, ça donne de l'espoir, parce que ce sont des métiers très compliqués à atteindre et on est conscient que, si ça se trouve, ça va être trop compliqué." Depuis son passage à Rock en Seine, elle planche avec les musiciens qui l’accompagnent sur son premier album qui devrait sortir en janvier.

    Comme elle, nombre de ces jeunes artistes rêvent de devenir professionnels. Tessa Galli a "eu le déclic" au collège : "Le tremplin, c’était vraiment ma première scène, avec mes chansons à moi. Ça m'a tellement boostée. C’était une confirmation que c’est bien le métier que je veux faire". La musicienne sortira un single intitulé Vital ! quelques jours après son passage à Rock en Seine et un EP dans les mois suivants. Du côté de Feather Aid, priorité aux études pour l’heure, même si "ce serait un rêve de devenir professionnel", souffle Rafaël. Éloi acquiesce : "J’y pense de plus en plus". Le groupe prévoit d’enregistrer un EP pendant les prochaines vacances scolaires, en parallèle de leur deuxième année de prépa. Mais d'ici là, place au show ce week-end. 

    Les lauréats de Première Seine joueront sur la scène Île-de-France de Rock en Seine : Vendredi 25 août : Feather Aid à 15h55 et Shmiska à 17h20. Samedi 26 août : Venythia à 15h et Human Eyes à 16h20. Dimanche 27 août : SG Corp à 14h30 et Tessa Galli à 15h50

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