États-Unis : 50 ans après l'assassinat de Martin Luther King, sa voix résonne encore dans son quartier d'Atlanta
Pour commémorer les 50 ans de la mort du révérend noir mercredi, franceinfo s'est rendu à l’Ebenezer baptist church, l’église où Martin Luther King prêchait.
Il y a 50 ans, le 4 avril 1968, Martin Luther King était assassiné à Memphis, sur le balcon du Lorraine Motel par un ségrégationniste blanc. L’Amérique va commémorer cet anniversaire mercredi 4 avril. Un demi-siècle après la mort du prix Nobel de la paix et de cet infatigable militant des droits civiques, que reste-t-il du message du pasteur noir ? Son rêve est loin d’être achevé. Les questions raciales continuent de diviser le pays où persistent de fortes inégalités entre Noirs et Blancs.
Sa mémoire est encore très présente dans sa ville natale d'Atlanta (sud-est). Mardi, à la veille des commémorations, de nombreux Américains sont venus des quatre coins du pays lui rendre hommage.
Sur le trottoir de l’Ebenezer baptist church, l’église où Martin Luther King prêcha pendant plusieurs années, un haut-parleur diffuse en boucle ses discours. Sa voix résonne dans tout le quartier. Sa tombe et celle de son épouse Coretta sont juste derrière, au milieu d’un bassin.
Jayne Shaff est venue de Chicago avec son mari et ses deux petits-enfants. Elle avait 22 ans ce 4 avril 1968. Les larmes montent dès qu’elle commence à évoquer ce drame. "À l'époque, j'étais surveillante dans un centre de loisirs, raconte-t-elle. On a appris la nouvelle et tous les enfants se sont mis à sangloter et moi aussi. J'étais dévastée de savoir que quelqu'un avait tué un homme si bon."
L'hommage de John Lewis
Mardi après-midi, l’Ebenezer Baptist church a reçu la visite de John Lewis ; il fut l’un des compagnons de lutte du révérend King. Il était à ses côtés à Washington quand il a prononcé son célèbre discours "I have a dream". Il était aussi avec lui pendant la marche de Selma. "Martin Luther King était le dirigeant dont nous avions besoin à l'époque, il a changé l'Amérique à jamais", affirme celui qui est désormais, à 78 ans, élu démocrate à la Chambre des représentants pour l’État de Géorgie.
50 ans après, il nous manque si cruellement. On a tellement de choses à accomplir encore.
John Lewisà franceinfo
Le combat de John Lewis et de Martin Luther King a permis aux Afro-Américains d’accéder aux droits civiques et au droit de vote, mais il reste tant à faire aujourd'hui entre les inégalités sociales et économiques et la violence qui touche particulièrement cette communauté.
C'est en tout cas ce que ressent Denis, un Américain originaire du Congo qui vit à Atlanta depuis près de 30 ans : "Mes enfants sont nés ici. Je leur dis tout le temps de faire attention à ne pas être arrêtés inutilement. On nous tire dessus pour un rien. Il y a encore beaucoup de travail à faire dans ce sens-là." L’actualité de ces derniers jours semble donner raison à Denis : Sacramento a connu plusieurs jours de manifestations après la mort de Stephon Clarke, un jeune homme noir abattu par la police alors qu’il n’avait à la main que son téléphone portable.
Le "I have a dream" d'un petit garçon noir
50 ans après sa mort, Martin Luther King continue d’inspirer les plus jeunes. C'est le cas d'Amir, le petit-fils de Gene. Lui aussi fait un rêve : "Le rêve que je fais, c'est de résoudre le problème des armes à feu, confie-t-il. C'est pourquoi, quand je serai plus grand, je me présenterai pour devenir président et pour aider les gens. Je ne vais pas rester assis à ne rien faire, à regarder les gens mourir, les sans-abri. Je ferai tout pour les aider."
Mardi soir, le chœur de l’Ebenezer baptist church répétait une dernière fois avant les cérémonies prévues mercredi autour de la tombe du révérend King.
Ebenezer Baptist Church, Atlanta. 50 ans après l’assassinat de #MartinLutherKing pic.twitter.com/yHMRskahyE
— Gregory Philipps (@gregphil) 4 avril 2018
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