Le général Gudin, compagnon d'armes de Napoléon, n'a pas droit à un hommage aux Invalides
La dépouille du militaire, tué sur le champ de bataille, en 1812, est rapatriée de Russie en France ce mardi 13 juillet. Une simple cérémonie est prévue à son arrivée à l'aéroport du Bourget, conséquence des mésententes entre les deux pays.
Le corps était enfoui sous le champ de bataille, dans l'immense citadelle de Smolensk, en Russie. Quand la dépouille du général César Chales Etienne Gudin de la Sablonnière est retrouvée, en juillet 2019, c'est tout un pan de l'histoire napoléonienne qui ressurgit. "Gudin est un général très important de la période du Premier empire", explique David Chanteranne, historien et rédacteur en chef de la revue napoléonienne.
Il s'est illustré notamment dans les combats de Bade puis la campagne de Suisse contre les armées russes, en 1799, et lors de la bataille de Wagram, en 1809. Gudin est notamment considéré comme l'un des précurseurs des commandos, ces petits groupes de soldats menant des attaques surprises sur l'ennemi. Lors de la campagne de Russie, ce haut gradé a été grièvement blessé lors de la bataille de Valoutina Gora, non loin de Smolensk. Il perd sa jambe, fauchée par un boulet de canon, avant de décéder trois jours plus tard, le 19 août 1812. Son nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe, à Paris.
L'idée avec une grande cérémonie, poursuit David Chanteranne, est de "lui rendre les honneurs militaires puisqu'il est Grand Croix de la Légion d'Honneur. C'est une obligation de le faire."
Une cérémonie pour le faire connaître
Pierre Malinowski, un ancien légionnaire d'extrême-droite, a contribué à retrouver la dépouille. Cet ex-attaché parlementaire de Jean-Marie Le Pen avait imaginé une cérémonie aux Invalides, en présence d'Emmanuel Macron et de Vladimir Poutine, dont il se dit proche. Les deux chefs d'Etat avaient donné leur accord de principe, avant que les relations se tendent entre les deux pays, et que la France abandonne l'idée d'un hommage aussi symbolique. Il était prévu le 5 mai 2021, à l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon.
"On ne demande pas de glorifier Gudin, de dire que c'était le héros national."
Pierre Malinowski, président de la Fondation pour le développement des initiatives historiques franco-russeà franceinfo
"On réapprend notre histoire avec ce genre de projets", estime Pierre Malinowski. "Aujourd'hui, demandez à des jeunes d'ouvrir des livres d'histoire, et de lire Max Gallo, ou 500 pages sur la biographie de Napoléon, il n'y en a pas beaucoup qui le font ! Là, à travers ce genre d'histoire, cela permet d'apprendre aux gens ce qu'il s'est passé."
Un hommage plus discret au Bourget
Même déception d'Albéric d'Orléans. Pour le descendant direct du général, cet hommage était avant tout un symbole. "J'ai un peu grandi sous son portrait. Depuis que je suis tout petit, je sais qui il est", raconte-t-il. "Qu'il obtienne des honneurs militaires maintenant ou pas, d'un point de vue familial, ce n'est vraiment pas le problème. Mais c'est vraiment pour la France ! Il y a encore des militaires qui se battent actuellement pour notre pays à l'étranger."
"Je ne sais pas très bien ce que les militaires vont penser s'ils voient qu'un des leurs, mort au combat, ne reçoit même pas les honneurs militaires à son retour en France."
Albéric d'Orléans, descendant du général Gudinà franceinfo
Une cérémonie d'accueil des restes de la dépouille du général Gudin aura néanmoins lieu à l'aéroport du Bourget, mardi 13 juillet, en présence de la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. Geneviève Darrieussecq s'inclinera devant la dépouille, accueillie sur le tarmac par une haie d'honneurs formée d'une cinquantaine de bénévoles de l'association Paris Napoléon 2021. Les restes de Charles Etienne Gudin arriveront par un Airbus A320, affrêté par un oligarque russe. Le général devrait être ensuite inhumé dans le caveau familial, près de Montargis, dans le Loiret.
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