Vidéo Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon : comment la propagande nazie a fabriqué la fameuse image de "l'armée du crime"

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A l'occasion de la panthéonisation de Missak Manouchian et de sa femme, un documentaire retrace le parcours de ce résistant communiste et de ses camarades en France durant l'Occupation.
Lorsque la propagande nazi accusaient des résistants étrangers de terroristes A l'occasion de la panthéonisation de Missak Manouchian et de sa femme, un documentaire retrace le parcours de ce résistant communiste et de ses camarades en France durant l'Occupation. (Archive de la préfecture de police de Paris/ Mémorial de la Shoah)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
A la veille de l'entrée au Panthéon du couple de résistants, France 2 diffuse un documentaire consacré au "groupe Manoukian".

Le 21 février 1944, 23 résistants communistes, étrangers et juifs pour la plupart, sont exécutés par l'armée allemande au mont Valérien, près de Paris. Ils appartiennent au "groupe Manouchian", du nom d'un des leurs, Missak Manouchian. Quatre-vingts ans jour pour jour après sa mort sous les balles de l'occupant nazi, ce héros de la Résistance et son épouse Mélinée font leur entrée au Panthéon.

A la veille de cet hommage national à des résistants dont le destin a marqué l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, le documentaire Manouchian et ceux de L'Affiche rouge, réalisé par Hughes Nancy, est diffusé mardi 20 février à 21h10 sur France 2. Le film, réalisé à partir d'images d'archives, retrace  le destin de Missak Manouchian, poète, ouvrier et survivant du génocide arménien. Il décrit aussi l'odyssée tragique de 22 de ses compagnons de route.

Polonais, Hongrois, Espagnols, Italiens... Le documentaire met en lumière la part prise par les travailleurs étrangers dans la Résistance, notamment au sein des Francs-tireurs et partisans-Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), des unités communistes fondées en 1942 pour mener une lutte armée contre l'occupant nazi.

Déraillements, assassinats, évasions

Quelques mois plus tôt, le 22 juin 1941, l'"Opération Barbarossa" a agi comme un catalyseur. Alors que les rafles visant les Juifs se multiplient en France, Adolf Hitler ouvre un autre front, envoyant des millions de soldats et des milliers de chars à l'assaut de l'Union soviétique de Joseph Staline. Le monde bascule dans une guerre totale. L'événement pousse nombre de communistes, devenus des cibles pour les nazis et la police française, à entrer en résistance.

En réaction, le Parti communiste français lance un appel "au combat antifasciste immédiat et généralisé" dans L'Humanité, quotidien clandestin à l'époque. Les résistants des FTP-MOI, divisés en plusieurs sections, multiplient sabotages et attentats contre l'occupant allemand, particulièrement dans Paris, où se déroule une attaque tous les deux jours, comme le révèlent des archives. Leurs faits d'armes sont nombreux : déraillements de trains, assassinats d'officiers comme le général allemand Julius Ritter, évasions...

Pourchassés par la police française, 70 résistants communistes sont arrêtés en novembre 1943. Parmi eux, 23 membres des FTP-MOI, dont Missak Manouchian. Ils ne sont pas déportés comme leurs camarades, mais emprisonnés, car considérés par les autorités allemandes comme de dangereux terroristes. Une façon pour l'occupant de discréditer la portée politique de leur combat.

Des affiches placardées dans tout Paris

Une reconstitution grossière de leurs crimes est mise en scène par les Allemands dans la cour de la prison de Fresnes. L'objectif est d'assimiler ces résistants à des terroristes, tout en jouant les cartes traditionnelles de l'antibolchevisme, de la xénophobie et de l'antisémitisme. Une opération de propagande qui se concrétise par l'impression d'une brochure intitulée "L'Armée du crime" ainsi qu'une grande campagne d'affichage avec le visage de dix de ces soi-disant "terroristes".

Quelque 15 000 exemplaires de cette fameuse "Affiche rouge" sont imprimés, avec la mention : "Des libérateurs, eux ? La libération par l'armée du crime !" Ces visuels tapissent les murs de Paris et de certaines grandes villes de France. Les nazis entendent ainsi présenter le groupe de résistants comme une menace à l'ordre public. Mais plutôt que de ternir leurs actes, cette affiche fait rentrer dans l'histoire ces hommes et femmes étrangers qui ont donné leur vie pour leur patrie d'adoption.


Réalisé par Hugues Nancy, le documentaire Manouchian et ceux de L'Affiche rouge est diffusé mardi 20 février à 21h10 sur France 2 et sur france.tv.

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