: Récit Ils ont sauvé Notre-Dame : le "chantier du siècle" raconté par ceux qui l'ont mené
Il est près de 20 heures, le 15 avril 2019, quand la flèche de Notre-Dame de Paris s'effondre dans une clameur d'effroi. Toute la nuit, les pompiers de Paris livrent un combat acharné contre le feu pour empêcher la propagation de l'incendie qui ravage la cathédrale. Au petit matin, le bilan est effroyable : la toiture, la charpente et la flèche ont disparu. A l'intérieur, c'est la désolation. Les portes entrouvertes laissent apercevoir le trou laissé dans la voûte par l'incendie et le jour qui perce dans l'enceinte de l'édifice, sépulcral. "Notre-Dame, aujourd'hui, c'est une plaie béante au visage de Paris et au visage de la France", se désole Philippe Bélaval, à l'époque président du Centre des monuments nationaux (CMN). À l'intérieur, 500 tonnes de bois ont enseveli une partie de la nef ainsi que le transept, et 50 tonnes de plomb se sont répandues.
Certes, la cathédrale reste debout, ses deux tours sont intactes. Le feu a aussi épargné le grand orgue et la grande croix, visible dès l'entrée dans l'édifice. Le coq qui surmontait la flèche a été, lui, miraculeusement retrouvé dans les décombres. Les plus précieuses des œuvres du trésor, notamment la couronne d'épines et la tunique de Saint-Louis, sont à l'abri. Mais le constat est amer, les dégâts sont considérables. Et l'inquiétude subsiste sur la solidité des pignons des deux transepts, copieusement arrosés par les pompiers, et la solidité des voûtes qui ne se sont pas écroulées. Emmanuel Macron annonce pourtant vouloir rebâtir la cathédrale "plus belle encore" en cinq ans, avec une souscription nationale.
L'élan de solidarité est à la hauteur de l'émotion collective : des milliers d'appels, des milliers de mails et une montagne de courriers à traiter. À la Fondation du Patrimoine, jamais on n'avait connu pareille activité. En moins de 24 heures, elle récolte plus de six millions d'euros de dons de particuliers. "En moins d'une journée, on a eu 68 000 donateurs, se réjouit alors sa directrice générale Célia Vérot. C'est une fois et demie ce qu'on fait en une année. Je pense que les Français, en donnant, font un geste pour se sentir un peu moins impuissants." Une donatrice se confie à franceinfo : "Pour moi, ça a été immédiat. Le monde entier est bouleversé, alors c'est la moindre des choses de faire quelque chose."
Les grandes fortunes donnent aussi : le premier don est venu de François-Henri Pinault (100 millions d'euros). La famille Arnault se mobilise et double la mise : 200 millions d'euros de promesse de dons. Antoine Arnault, le fils de Bernard Arnault, actionnaire majoritaire du groupe de luxe LVMH, évoque sur franceinfo "un devoir citoyen" et la nécessité d'être "exemplaire". "J'y ai fait ma première communion. Voilà, nous avons tous des souvenirs incroyables autour de cette cathédrale."
Au total, 340 000 donateurs dans plus de 150 pays se mobilisent. La restauration de Notre-Dame va pouvoir compter sur 846 millions d'euros de dons, des plus petits donateurs aux plus grands mécènes. "L'afflux de dons est tellement considérable, il vient de personnalités d'horizons tellement divers, chrétiens, non-chrétiens, Français, étrangers, immigrés, analyse l'historien Fabrice d'Almeida. La question se pose de savoir comment tout cela va être géré. L'idée qui va germer, c'est qu'il faut qu'il y ait un établissement spécifique, un nouvel outil administratif qui permette de garantir aux donateurs que les fonds vont bien aller à Notre-Dame et que ça ne va pas être utilisé par l'État pour combler son déficit ou les dépenses du ministère de la Culture. C'est comme ça que s'impose l'idée qu'il faut un établissement public. Rebâtir Notre-Dame de Paris : ce sera son nom, à la fois pour la reconstruction et pour la conservation."
Pour mener à bien ce chantier, le président de la République choisit le général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d'état-major des armées. "Il fallait une personnalité incontestable, estime l'historien Fabrice d'Almeida. Le général Jean-Louis Georgelin était quelqu'un qui avait la capacité d'entraîner derrière lui. C'est lui qui va mettre en place toute l'organisation autour de l'établissement public et qui va être le premier négociateur des chantiers. Jean-Louis Georgelin, c'est une personnalité qui s'impose, et aussi une personnalité qui en impose. C'est le premier artisan du redressement."
Première phase, premières polémiques
Alors que se multiplient les débats sur la flèche ou sur les délais, le "chantier du siècle" commence par le déblayage des décombres et la sécurisation l'édifice.
En attendant une future reconstruction, des hommes en combinaison blanche travaillent activement au nettoyage et à la sécurisation du site. La couverture et la flèche de la cathédrale ont fondu lors de l'incendie. Du plomb s'est répandu et pendant une semaine, à l'été 2019, des travaux de dépollution ont lieu sur le parvis et plusieurs rues aux alentours. C'est le temps des interrogations et des polémiques : cinq ans, le délai est-il suffisant pour rebâtir Notre-Dame ? Quelle cathédrale voulons-nous ? Faut-il utiliser du bois, du béton ou du métal ? Quelles techniques, celles d'hier ou d'aujourd'hui ?
Face aux défis architecturaux, deux camps s'affrontent : ceux qui veulent restaurer à l'identique et ceux qui veulent s'inscrire dans l'époque. Emmanuel Macron se prononce pour "un geste architectural contemporain". Le Premier ministre de l'époque, Édouard Philippe, annonce un concours international d'architecture pour reconstruire la flèche de Viollet-le-Duc érigée en 1859. Architectes et designers du monde entier rivalisent d'idées. Des projets fous sont imaginés comme celui d'une flèche en cristal et acier inoxydable surmontant une toiture en verre. Pour le designer Philippe Starck, il ne faut "en aucun cas" rebâtir Notre-Dame à l'identique : "Il faut rentrer dans le territoire du génie. Ces gens-là avaient un génie. C'est ça, la question qu'on nous pose : sommes-nous encore des génies ?"
Mais les experts de la Commission nationale de l'architecture et du patrimoine sont unanimes : il faut reconstruire à l'identique. Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques en charge de la cathédrale, met sa démission dans la balance. Face aux polémiques, l'idée d'un "geste architectural contemporain" et le concours sont abandonnés. Emmanuel Macron tranche le 9 juillet 2020 pour un retour au style gothique de Viollet-le-Duc.
Pendant ce temps, sur l'île de la Cité, les cordistes ont entamé leur périlleuse mission dans le ciel de Paris : le démontage de l'échafaudage. Installé avant l'incendie afin d'effectuer des travaux de restauration de la flèche, cet immense mikado de fer de 250 tonnes a été complètement déformé par les flammes. L'équivalent d'un immeuble de cinq à six étages, près de 40 000 pièces qu'il faut scier et évacuer une à une. Au total, une quarantaine de personnes se relayent sept jours sur sept, 24 heures sur 24 pendant près de cinq mois. "C'était très impressionnant, reconnaît Grégory Vacheron, le premier cordiste à descendre dans l'échafaudage après l'incendie. Cela formait vraiment une cage autour de nous, comme un ring de boxe. On a pris le temps de faire les choses en sécurité et aujourd'hui, on peut se dire que c'était le premier pas vers la réussite du projet".
Après deux années de travaux, le 19 septembre 2021, la phase de sécurisation de l'édifice se termine. "La cathédrale est solide sur ses piliers, ses murs sont solides, tout tient. Nous pouvons donc résolument aller vers le cap 2024", résume le général Jean-Louis Georgelin. Un nouveau chapitre peut désormais s'ouvrir. "Pour rebâtir la cathédrale telle qu'elle était, il fallait faire appel à un grand nombre de savoir-faire, à des métiers très variés, des compétences très pointues", explique Anne Chépeau, journaliste à franceinfo. La plupart des entreprises du patrimoine sont des PME, des TPE, voire des indépendants. Au total, 140 marchés ont été passés et 250 entreprises ont travaillé aux travaux de restauration. Un record sur un chantier de monument historique. Jean-Louis Georgelin met en avant "l'organisation, la détermination, la volonté" à la hauteur de "l'élan qu'on sent en France" : "On est très conscient que les gens attendent qu'on rouvre cette cathédrale. Et vous verrez que si on y arrive – ce que je crois – dans cinq ans, les gens seront assez fiers. On rappelle les exigences, la beauté, la noblesse de tous les métiers d'art. On est en train de réaliser un équilibre entre le respect de l'héritage du passé et l'utilisation des moyens de notre époque."
Une "forêt" aux 1 300 chênes
Avant même que la sécurisation de la cathédrale ne soit terminée, la recherche des arbres nécessaires à la reconstruction de la charpente a commencé.
L'histoire de la restauration de l'édifice commence en forêt de Bercé (Sarthe), le 10 mars 2021. Sur l'écorce d'un tronc, trois lettres peintes en orange : "NDP", pour Notre-Dame de Paris. L'arbre a été sélectionné une semaine auparavant par les architectes en chef des monuments historiques. D'une vingtaine de mètres de haut, plus d'un mètre de diamètre, il a été choisi pour ses qualités exceptionnelles. "C'est une grande émotion de voir cet arbre-là par terre, réagit Claire Quiñones, ingénieure forestière à l'Office national des forêts (ONF), au micro de France Bleu Maine. On va lui donner une deuxième vie, dans la cathédrale Notre-Dame, pour des centaines d'années." Au total, cette forêt de l'Ouest fournira 233 chênes pour la restauration, dont huit arbres qui permettront de façonner le tabouret de la flèche.
La charpente de Notre-Dame n'est pas surnommée la forêt sans raison. Pour la reconstruire, il faut le bois de plus de 1 300 chênes, comme au 13e siècle. Ces charpentes de la nef et du chœur de Notre-Dame de Paris datent du Moyen Âge et figurent parmi les plus anciennes de Paris. Celles des transepts et de la flèche ont été édifiées au 19e siècle par Eugène Viollet-le-Duc. Les dimensions sont exceptionnelles : 100 mètres de long sur 13 de large dans la nef, 40 mètres dans le transept avec une hauteur de 10 mètres. "C'était un pari un peu fou de proposer de reconstruire la charpente à l'identique, estime Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques. Ces charpentes étaient d'une très grande qualité technique, c'est un jalon dans l'histoire des charpentes. On les restitue pour conserver toute l'épaisseur historique de la cathédrale."
Durant un peu plus de quatre mois, partout sur le territoire, des forestiers parcourent les massifs à la recherche de chênes centenaires. Une fois coupés, ils sont entreposés entre douze et dix-huit mois le temps du séchage, avant d'être mis à la disposition des charpentiers. Et pour équarrir les bois de la charpente de la nef et du chœur comme les bâtisseurs du Moyen Âge, il a fallu recréer des outils. Martin Claudel, à la tête de la taillanderie qui porte son nom, exerce à La Chapelle-de-Brain, au sud de l'Ille-et-Vilaine. Pendant quatre mois, le forgeron taillandier a façonné ces 60 outils aux côtés de quatre autres artisans (la maison Luquet, la taillanderie Sauvage, l'atelier Les Frappantes et l'atelier LET), avec des techniques traditionnelles qui ne se font quasiment plus aujourd'hui.
Les taillandiers n'avaient que des gravures d'époque pour forger ces haches. Difficile de savoir si elles sont semblables à celles qui ont servi au 13e siècle. "On s'est adapté aux traces sur la charpente originelle, explique Martin Claudel. On savait donc qu'on avait des géométries de hache à respecter pour obtenir ces traces-là. On a utilisé des modèles très similaires à ceux qu'on aurait pu trouver au 12e ou au 13e siècles, mais on a aussi extrapolé avec des haches plus récentes, fin 19e-début 20e, qui offraient les mêmes caractéristiques." Une aventure exceptionnelle pour Martin Claudel, dont le métier a progressivement disparu au 20e siècle à cause de l'industrialisation. Ils ne sont qu'une vingtaine comme lui aujourd'hui en France. "On ne part pas de zéro, mais on part de très loin. Notre-Dame, c'est un peu la commande du siècle. C'est aussi pour ça qu'on s'est regroupés à cinq, parce qu'on n'aurait jamais pu faire ça indépendamment."
Le "chantier du siècle" devient un chantier école pour de nombreux jeunes en apprentissage. Brieuc a 27 ans, il est apprenti charpentier aux ateliers Perrault à Saint-Laurent-de-la-Plaine, en Anjou : "C'est quand même une sacrée chance d'être arrivé juste au moment où le chantier Notre-Dame allait commencer !" Il découvre alors l'équarrissage à la hache. Mattéo Pellegrino, charpentier dans le sud de la France, explique. "Ça sert à faire des faces droites sur des arbres ronds, ce qui facilite le travail de charpente derrière. Certes, ce sont des techniques du Moyen Âge, mais elles ont encore une cohérence aujourd'hui, et pour moi, elles en auront une demain." Impossible de rester indifférent à ce chantier, reconnaît volontiers Mattéo Pellegrino. "Ça s'est vite transformé en une aventure humaine. On a fait des rencontres exceptionnelles. Il y a des gars qui sont venus des quatre coins de la France, et même du monde, des Américains, des Argentins avec qui on a travaillé pendant cinq mois. Ce sont des liens très forts, humainement. Et techniquement, aussi. Cela a permis le partage des techniques, des outils."
À la manière d'un gigantesque puzzle, toutes les pièces de bois sont marquées pour pouvoir être assemblées une à une et former la charpente. Les charpentiers se sont appuyés en amont sur un travail cette fois très moderne, celui des ingénieurs qui ont précisément étudié, grâce à des modèles de calcul, l'emplacement de chaque pièce. La charpente originelle a été entièrement numérisée pour être reconstituée le plus fidèlement possible. "Notre travail, c'est de fouiller, d'analyser et d'essayer de comprendre comment était la charpente d'origine, explique Thomas Janvier, responsable du bureau d'études aux ateliers Perrault. Et surtout, notre travail, c'est de mettre notre tampon en bas du plan et de pouvoir dire : la charpente est capable de tenir 800 ans. On va restituer une charpente visuellement identique, mais on a de petites astuces au niveau des assemblages qui permettent de ne pas avoir à la renforcer dans les années à venir."
Mai 2023 : le moment est venu pour les charpentiers d'effectuer la répétition grandeur nature du montage. Une étape nécessaire avant de la monter pour de vrai sur le chantier de la cathédrale. Une étape symbolique, aussi, pour Mattéo Pellegrino. "J'ai eu ce privilège de pouvoir participer au choix des arbres et de voir la transformation de cette matière en poutre, puis en ferme, puis en ferme assemblée et puis, par la suite, en cathédrale", confie-t-il. Une fois montées à blanc, les premières fermes de charpente sont acheminées vers la cathédrale. En juillet, trois triangles de bois de sept tonnes chacun sont livrés par voie fluviale, comme au Moyen Âge, à bord d'une barge qui se déplace lentement sous les yeux des Parisiens et des touristes venus profiter de l'été dans la capitale. Les fermes sont ensuite hissées au sommet de l'édifice, au-dessus des voûtes, à l'aide d'une grue.
Après des mois de travail, la charpente est entièrement posée, en janvier 2024. "Plusieurs milliers de pièces et plusieurs milliers de chevilles bois qui ont toutes été faites à la main, en chêne, issues des mêmes arbres", détaille Jean-Louis Bidet, directeur technique aux ateliers Perrault sur le projet Notre-Dame pour la restitution des charpentes médiévales de la nef et du chœur. Et pour que Notre-Dame retrouve sa silhouette, la flèche à la charpente en bois surmontée par sa croix en métal doit encore renaître à 96 m de hauteur.
Les piliers de la cathédrale
Le trou béant laissé dans les voûtes est peu à peu comblé, certaines pierres sont changées, les murs consolidés. Le chantier tient son cap, malgré la mort accidentelle du général Georgelin.
Avec son imperméable couleur sable, le général Georgelin se fond dans un paysage lunaire, en plein milieu d'une carrière de pierre calcaire de cinq hectares creusée entre les champs de l'Oise. Nous sommes à la Croix Huyart, en avril 2022. C'est ici que les pierres ont été choisies pour rebâtir les voûtes de la cathédrale. "Ce sont des pierres de remplacement de celles qui ont servi à la construction de la cathédrale. Il fallait des pierres de calcaire grossier d'âge lutétien. Et c'est très émouvant parce qu'on a un fil direct avec Notre-Dame."
La carrière de la Croix-Huyart fonctionne alors à plein régime. Au total, 620 m 3 de blocs de pierre qui supporteront la voûte de Notre Dame y sont prélevés. Une fois découpés, les blocs prennent la direction de l'atelier familial situé 25 kilomètres plus loin, à Saint-Pierre-d'Aigle. Une fois validés par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), ils sont mis à disposition des entreprises qui feront la pose. La carrière de la Croix-Huyart s'est avérée être la seule à pouvoir fournir le type de pierre dure nécessaire à la reconstruction. Huit autres carrières de l'Oise et de l'Aisne fournissent, elles, les pierres plus tendres. Au total, 1 300 m3 de pierre doivent être trouvées. "En réalité, nous assistons au premier acte de la reconstruction des voûtes", se réjouit à l'époque le général Jean-Louis Georgelin.
À l'hiver 2020-2021, l'intérieur de la cathédrale est entièrement doublé d'une toile d'araignée de métal. Une "forêt d'échafaudages", comme la nomme Mgr Patrick Chauvet, qui atteint plus de 25 mètres, juste sous les voûtes, sur toute la longueur de l'édifice et de son transept. Lors de l'effondrement de la flèche et de la charpente en flammes, les voûtes ont été percées à trois endroits. Les bords sont protégés par un cataplasme blanc, étanche, en attendant qu'elles soient reconstruites.
C'est là que les maçons-tailleurs de pierre entrent en scène pour remonter les voûtes effondrées, en s'appuyant sur les cintres de bois placés par les charpentiers. Pour l'architecte en chef, la reconstruction d'un voûtain du transept nord est particulièrement émouvante. Une étape importante pour les compagnons qui se sont rendu compte qu'ils "savaient faire" : "Je rends hommage à tous les maçons, salue Philippe Villeneuve. Vraiment, je vous mets au défi de repérer aujourd'hui les voûtes qui étaient percées par l'incendie." Les brèches se referment peu à peu et la nef retrouve son apparence. "Symboliquement, elle était importante parce que c'est le grand vaisseau, et c'est par là que se déversait la lumière le premier jour où je suis entré. Ces éléments-là, c'était comme la chair de la cathédrale blessée, et quand on les refermait, ça cicatrisait. Donc on était proche de la fin du chantier." Puis vient la fermeture de la voûte de la croisée du transept, sous la flèche. Un peu comme "la fermeture de toutes les cicatrices de la cathédrale après l'incendie."
En août 2023, le chantier de la cathédrale perd pourtant l'un de ses piliers : le général Jean-Louis Georgelin meurt après une chute en montagne, alors qu'il randonnait en Ariège. Philippe Jost lui a succédé à la tête de l'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, avec "la détermination de poursuivre son œuvre" .
La flèche, le coq et la croix
Dans la course contre la montre de la reconstruction, la réapparation de la flèche dans le paysage parisien est comme un signal de l'avancée du chantier.
Pour restituer la flèche à l'identique, Philippe Villeneuve et ses équipes se sont lancés dans un travail de fourmi : collecter les archives et les plans d'origine d'Eugène Viollet-le-Duc. La nouvelle flèche a été fabriquée et assemblée à blanc en Lorraine, dans les ateliers de l'entreprise Le Bras Frères. "Cela représente, en charpente pure, 60 mètres de haut et à peu près 300 tonnes de bois de chêne , raconte Laurent Biet, dont la fierté se lit dans les yeux. Cet édifice repose sur ses quatre pieds qu'on appelle le tabouret de la flèche. Ce tabouret est lui-même posé sur les quatre piliers principaux de la croisée du transept. C'est 2 000 pièces de bois pour 300 tonnes avec un peu plus de 1 500 ouvrages d'assemblage complexes, voire très complexes. Quand on est au pied de la cathédrale, on n'imagine pas l'immensité de ce que ça représente, mais 60 mètres de bois empilé, c'est extraordinaire."
L'échafaudage qui a servi à élever la flèche culmine, lui, à 100 mètres de hauteur. Quarante-huit niveaux étroitement imbriqués avec la charpente permettent aux compagnons de travailler. "L'échafaudage partait depuis le sol de la cathédrale et traversait la voûte de la croisée , raconte l'architecte en chef Philippe Villeneuve. Un ouvrage titanesque qui pesait aux alentours de 600 tonnes." Surnommé "le voile de la mariée" par Didier Cuiset, le maître d'œuvre de l'échaufadage, il va ensuite permettre aux couvreurs d'intervenir, après les charpentiers. "C'est un métier, échafaudeur, ce n'est pas deux tréteaux et trois planches, fait-il remarquer. Et ce métier, ça fait quarante ans que j'essaie de le défendre. L'établissement public m'en donne bien l'occasion et ça me fait grand plaisir qu'on parle un peu de notre profession."
Le 12 janvier 2024, la charpente, colonne vertébrale de l'édifice, coiffe à nouveau la cathédrale. Un moment inoubliable pour les charpentiers qui réalisent une photo de famille pour immortaliser l'instant. La flèche, elle, n'est pas tout à fait terminée. On peut alors voir ses étages ajourés, pas encore recouverts de plomb. Une admirable structure en chêne massif que décrit Philippe Jost, en mars 2024 : "On a comme une sorte de radiographie de la flèche. Ça rend, visuellement, c'est assez beau. On a même des commentaires qui nous disent : vous devriez laisser le bois comme ça. Or, le bois a quand même besoin d'être couvert de plomb pour sa protection dans le temps. On restaure cette cathédrale pour 860 ans !"
La réutilisation du plomb fait débat. En 2020, des voix se sont fait entendre pour l'utilisation d'autres matériaux moins nocifs comme le zinc ou le cuivre, à l'image de la toiture de la cathédrale de Chartres. Mais Philippe Villeneuve, l'architecte en chef, est catégorique. "Le parti général de la restauration qui a été présenté en commission nationale et approuvé à l'unanimité, et ensuite approuvé par le président de la République, c'était de refaire la cathédrale de Paris telle qu'elle était avant l'incendie. C'est-à-dire une charpente en bois et une couverture en plomb." Renoncer au plomb, c'était par ailleurs altérer l'apparence de Paris et des rives de la Seine, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. L'architecte en chef met aussi en avant les avantages du plomb, un matériau ductile que l'on peut fondre et auquel on peut donner toutes les formes que l'on souhaite. "Autrement dit, ça peut vous permettre d'habiller des gargouilles aux formes compliquées. Les ornements, la crête de faîtage, les gargouilles, les crochets, tout ça, c'est du plomb, on n'aurait pas pu le faire en cuivre."
La pose de la couverture en plomb est alors la dernière opération d'ampleur, qui voit l'entrée en scène des couvreurs qui assemblent de grandes plaques de plomb sur le toit. "Le problème du plomb, c'est son poids, ce sont des matières lourdes à déplacer, c'est ce qui peut être usant pour la santé. Mais le chantier était vraiment bien pensé, se réjouit Rémi Pinkiewicz, chef de chantier de l'entreprise UTB. Tout a été étudié pour vraiment n'avoir quasiment rien à porter."
Le plomb constitue aussi les ornements d'un autre élément symbolique de la cathédrale : la croix du chevet, héritée de Viollet-le-Duc. Elle est imposante, près de 13 mètres de hauteur. C'est le seul élément du toit du chœur à avoir survécu aux flammes, mais elle était très abîmée. "C'est une croix 19 e composée de tout un assemblage de fers qui viennent épouser parfaitement la charpente pour s'asseoir sur la tête de l'abside, décrit Vincent Combe, chef de projet pour l'entreprise UTB. Les fers rejoignent une tête de croix très ornée, avec des décors floraux, des feuilles en plomb et un très beau dragon en plomb qui vient se mordre la queue et qui tourne autour de la croix". Près de mille heures de travail ont été nécessaires à sa restauration, confiée à l'atelier Fer Art Forge dans le Calvados. "Il faut s'imaginer un plat de spaghettis où tout était entrelacé, se souvient Alexandre Gury, le patron de l'atelier de ferronnerie. On a commencé par démonter toute la tête de croix. C'est le plus imposant en taille, 2,80 mètres de diamètre, ça prend énormément de place dans un atelier. Ensuite, on a pu désosser tout le corps de croix pièce par pièce, puis on a redressé toutes les pièces jusqu'à la tête."
Un autre des symboles de Notre-Dame de Paris, c'est le coq, niché au-dessus de la flèche depuis 1859 et restauré en 1935. Il a été retrouvé entier, mais cabossé parmi les décombres de l'incendie. Un nouveau coq est alors sculpté par Henri-Patrick Stein, dessiné par l'architecte en chef Philippe Villeneuve. "Je l'ai imaginé très, très vite lorsque j'ai récupéré le coq le lendemain de l'incendie, tout cabossé, tout vert." L'idée de ce nouveau coq est venue en une seule esquisse, avec ses ailes de feu, tel "un phénix qui renaît de ses cendres" : "Ce coq est là pour dire qu'il y a eu un incendie en 2019, que la cathédrale s'est redressée de ses cendres et que l'Esprit saint veille toujours sur la cathédrale."
Le 16 décembre 2023, le soleil brille dans le ciel de Paris lorsque le coq, tout de cuivre doré, s'apprête à rejoindre le haut de la flèche. En plus de reliques, comme des ossements de saint Denis ou de sainte Geneviève, il renferme un parchemin avec les 2 000 noms des compagnons du chantier : "Ce coq nous signifie qu'on est dans la dernière ligne droite vers la réouverture, se réjouit alors Philippe Jost. Il nous reste moins d'un an maintenant. On y va, on est déterminé, on est confiant. Ce chantier, il joue collectif, c'est comme ça qu'on gagne." Et voici le coq qui s'envole dans les airs, gruté jusqu'au sommet de la flèche.
L'éclat retrouvé
A l'intérieur de Notre-Dame, les peintures et les fresques sont restaurées, tout comme l'immense tapis du chœur et les vitraux. Le mobilier liturgique, lui, est totalement renouvelé.
Mars 2024. L'intérieur de la cathédrale est à peine reconnaissable. Des bâches et des filets recouvrent les murs. La chapelle Saint-Georges, l'une des trois chapelles du centre du déambulatoire, est sous une immense bulle protectrice, totalement coupée du reste du monde. C'est là qu'officie Marie Parant, restauratrice de peintures murales. "La caractéristique des chapelles, c'est qu'à chaque fois, vous avez l'œuvre d'un artiste. Là, vous avez la fresque de saint Georges terrassant le dragon, peinte par Louis Steinheil. Autour, vous avez le décor de Viollet-le-Duc, une frise avec un fond bleu ciel et des petits motifs rose pâle. Et ce bleu ciel et ce rose pâle, vous les retrouvez dans les colonnes qui descendent de la voûte. Tout ça, c'est très Viollet-le-Duc et c'est très original."
La chapelle Saint-Georges est l'une des 24 chapelles bordant la nef et le chœur. Une à une, elles sont nettoyées et restaurées grâce à un protocole précis qui a été testé en conditions réelles dans deux chapelles-test, trois ans plus tôt. Le résultat est saisissant : d'un vif incroyable, les décors datant de plus d'un siècle qui dormaient sous des couches de saleté ont été parfaitement réveillés. "Je pense que personne n'imagine la palette qu'a utilisée Viollet-le-Duc, se réjouit Marie Parant. Vous n'avez pas deux chapelles identiques et la gamme colorée est toujours différente."
Petit à petit, la cathédrale retrouve son éclat. Dans la nef, les œuvres retrouvent aussi leurs couleurs. Vingt-deux tableaux, accrochés à l'origine côte à côte, et treize grands mays, ces œuvres gigantesques du 17e siècle qui font partie du décor de la cathédrale, ont été restaurés. "De manière assez miraculeuse, les tableaux n'avaient pas été du tout endommagés par l'incendie, ce qui a été une véritable surprise pour nous", se réjouit Oriane Lavite, conservatrice du patrimoine au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). L'ensemble des tableaux ont néanmoins bénéficié d'une campagne de restauration. Un projet d'envergure : 50 restaurateurs ont été mobilisés pendant deux ans. "Il y a eu toute une phase esthétique avec le décrassage, le dépoussiérage, le retrait des vernis et pour certains tableaux, il a fallu aller plus loin, c'est-à-dire faire une restauration du support, la toile", décrit la conservatrice.
Après leur restauration, les tableaux ont été exposés au Mobilier national, à Paris, tout comme le tapis de chœur de la cathédrale, offert par Louis-Philippe. Ce tapis monumental a été tissé par la Manufacture royale de la Savonnerie, fondée au 17e siècle. Un tapis unique d'abord par sa taille : 200 m2, près de 27 mètres de long, 8 mètres de large. "Il avait été souhaité par Louis XVIII qui voulait l'offrir au chapitre de la cathédrale , raconte Hervé Lemoine, président du Mobilier national. On a commencé à le tisser en 1825 sous Charles X et il a été achevé en 1833 sous Louis-Philippe." Au moment de l'incendie, le tapis était confiné en deux parties de part et d'autre du chœur, dans des caisses qui l'ont protégé du plomb fondu et des bois enflammés. "On savait que forcément, il serait totalement inondé par les tonnes d'eau qui ont été déversées, se souvient-il. Or, l'eau, parfois, peut faire autant de dégâts que les flammes. Nous avons craint qu'il ne pourrisse, ce qui peut aller très vite parce que la chaleur, l'eau, une ambiance confinée peuvent favoriser le développement de bactéries, de champignons qui peuvent détruire véritablement la trame du tapis. Cela a été une course contre la montre."
Ce trésor méconnu de Notre-Dame bénéficie d'une restauration hors norme au sein des ateliers du Mobilier national. Sept restauratrices se succèdent durant un an et demi. "Le tapis était totalement inondé, il pesait à peu près 3 tonnes". Difficile, à la seule force des bras, de l'extraire de la cathédrale. Les équipes l'ont sorti sur une gigantesque civière. "On l'a emmené dans nos grands entrepôts où nous l'avons déroulé et immédiatement séché, mais évidemment, un tapis de cette taille, on ne le sèche pas comme nos cheveux avec un séchoir", s'amuse Hervé Lemoine. Pour éviter la prolifération des bactéries, le tapis est congelé dans de "grands containers frigorifiques". "On l'a fait entrer en le pliant un peu, parce qu'évidemment, nous n'avions pas de container de la taille du tapis" .
Les vitraux de Notre-Dame, déposés, nettoyés et rénovés en atelier puis reposés à leur emplacement d'origine, inondent de lumière les pierres d'une blancheur immaculée et les chapelles peintes. Mais la querelle des vitraux va-t-elle être relancée ? Emmanuel Macron souhaite remplacer ceux dessinés par Viollet-le-Duc dans six des chapelles par des créations contemporaines, à l'horizon 2026. C'est le retour du "geste architectural" voulu par le président, qui a lancé un concours en mars 2024, pour une commande de 180 mètres carrés de vitraux. La Commission nationale du patrimoine et de l'architecture s'est prononcée à l'unanimité contre le remplacement de ces verrières, en invoquant la charte de Venise. Ce texte interdit le remplacement d'éléments anciens bien conservés par des pièces modernes. Son avis reste consultatif. Si le projet va à son terme, les verrières du 19e siècle seront conservées et exposées dans un nouveau musée, le musée de l'œuvre de Notre-Dame.
À l'intérieur de la cathédrale, le diocèse a choisi d'épurer l'axe central et d'installer un nouveau mobilier liturgique massif et sobre en bronze brun, ainsi que de 1 500 chaises au design ajouré en chêne massif. L'autel, le tabernacle, le baptistère, l'ambon et la cathèdre ont été réalisés par le sculpteur et designer Guillaume Bardet. "C'est un mobilier qui a une force et une présence, estime le père Guillaume Normand, vice-recteur de la cathédrale. Ces lignes sobres et élégantes s'intègrent avec le langage contemporain, dans l'harmonie de tout ce dont nous avons hérité déjà depuis neuf siècles."
La voix et l'âme
Le chantier touche à sa fin et après cinq ans de silence, Notre-Dame retrouve ses cloches et son grand orgue. Et prépare sa réouverture au public.
Notre-Dame de Paris n'est pas simplement belle à regarder, la cathédrale doit aussi se faire entendre, rythmer le quotidien des Parisiens en sonnant l'heure ou en signalant les événements. Depuis 2013, dix cloches sur les vingt de l'édifice composent la sonnerie de Notre-Dame. Neuf d'entre elles ont été fondues dans la Manche, chez Cornille-Havard, à Villedieu-les-Poêles-Rouffigny, l'une des deux dernières fonderies spécialisées dans la fabrication de cloches et de bronzes d'art. Parmi elles, Emmanuel, le bourdon historique, baptisé ainsi par Louis XIV, et les huit autres de la tour nord, qui ont par chance été épargnées par les flammes. En juillet 2023, une partie du beffroi nord doit être restaurée et les cloches sont alors déposées par les campanistes pour rejoindre la fonderie manchoise. "Six cloches sur huit étaient dans un état tout à fait correct, mais l'enjeu, c'était d'abord de faire une analyse complète, de vérifier leur intégrité mécanique, leur intégrité sonore, explique le directeur de la fonderie, Paul Bergamo. Une cloche, c'est un élément qui nous touche tous, qu'on soit croyant ou non-croyant. C'est fait pour nous transcender, pour nous faire réagir négativement, positivement, de manière triste ou joyeuse. Mais on ne peut pas rester insensible au son d'une cloche."
Après une année de restauration, les huit cloches retrouvent leur foyer le 12 septembre 2024, accueillies par des Parisiens et des touristes enthousiastes. "C'est une grande émotion d'entendre à nouveau sonner ces cloches. Elles se sont tues pendant cinq ans : le soir de l'incendie, de fait, la cathédrale est devenue muette. Entendre ces cloches, c'est le signe même que cette cathédrale est en train de revivre, qu'elle est en train de renaître", s'émeut Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale, lors de leur bénédiction. Une douzaine de campanistes travaillent à leur repose pendant près de trois semaines. Elles ont été depuis rejointes par trois nouvelles petites sœurs fabriquées par la même fonderie manchoise, dont la cloche des Jeux olympiques de Paris 2024.
Le grand orgue, lui, est unique. C'est l'âme musicale de l'édifice. Si l'utilisation d'un orgue est attestée dans la cathédrale depuis 1198, c'est depuis 1733 que l'instrument que l'on connaît existe grâce à François Thierry, facteur d'orgue qui signa là son grand œuvre. Avec ses 8 000 tuyaux et ses 115 jeux, c'est l'un des plus grands orgues de France. "Il est unique parce que c'est une succession de strates historiques, explique Olivier Latry, organiste titulaire du grand orgue de Notre-Dame. Il a été extrêmement restauré, pratiquement tous les trente ans depuis le début du 17e siècle. Et à chaque fois, les facteurs d'orgues ont su préserver ce qu'ils avaient déjà en ajoutant leur propre personnalité. Cet orgue représente un peu l'histoire musicale de France."
Lors de l'incendie, l'instrument de 18 mètres de haut est miraculeusement épargné par les flammes, mais des poussières de plomb s'infiltrent dans les tuyaux. "Le plomb en fusion de la couverture de la cathédrale a formé une sorte d'aérosol et cela a fait des petites gouttelettes de plomb, ces petits grains de poussière un peu jaunes", détaille Christian Lutz, technicien conseil chargé des orgues de la ville de Paris.
En 2020, le grand orgue est démonté. Direction l'Hérault, le Vaucluse, et la Corrèze, où un groupement de trois facteurs d'orgues prend en charge sa restauration. Et après trois ans de travail, en 2023, les 8 000 tuyaux retrouvent leur place dans la cathédrale. Jour et nuit, à partir du mois d'avril 2024, les facteurs d'orgue viennent harmoniser les tuyaux qui composent ce formidable instrument, régler leur timbre, leur intensité. "J'ai vraiment eu l'impression de retrouver un vieil ami, confie l'organiste Olivier Latry. Après cinq ans où l'on ne s'est pas vu, finalement, voilà, on retrouve ses qualités." Il poursuit : "L'orgue, c'est vraiment ce qui fait chanter les pierres de la cathédrale Notre-Dame. C'est l'âme musicale de la cathédrale. Et je dois dire qu'en tant qu'organiste, je ressens ça de manière extrêmement forte. Le célébrant va prêcher avec des mots, et nous, on va prêcher avec des notes."
Le chantier quant à lui n'est pas totalement terminé, prévient Philippe Jost, et ce grâce aux 146 millions d'euros restants. "Il y aura la base de la flèche sur laquelle on aura des travaux de couverture en plomb en début d'année 2025, explique-t-il. Et puis on aura aussi des travaux dans ce qu'on appelle le massif occidental, c'est-à-dire les deux tours où on finalisera des travaux pour remettre en service le circuit de visite. Enfin, à partir de 2025, on va entamer un nouveau cycle de travaux parce que les donateurs ont été tellement généreux après l'incendie."
Des parties de la cathédrale qui étaient en mauvais état avant l'incendie, comme les grands arcs-boutants, seront restaurées. Et pour que l'incendie de 2019 ne reste qu'un malheureux souvenir, l'installation des dispositifs techniques et électriques a été totalement repensée. Un système anti-incendie inédit pour un bâtiment aussi ancien a été installé : des brumisateurs qui diffusent un brouillard d'eau dans les charpentes de la cathédrale dès la détection d'un point chaud ou d'un départ de feu. "Cela veut dire qu'on n'a même pas à attendre l'intervention des pompiers pour qu'on ait déjà étouffé le feu, détaille Philippe Jost. C'est une grande première pour une cathédrale en France." Autre innovation : des parois coupe-feu en métal et en plâtre ont été installées au sein des charpentes.
La nef à l'éclat retrouvé s'apprête à retrouver le public et les fidèles. Pour les familiers du lieu, la sensation est saisissante. "Quand je suis à l'intérieur, prolonge Olivier Josse, le secrétaire général de la cathédrale, j'ai le sentiment d'être enveloppé dans un édifice qu'on a cru perdre et qui est désormais plus beau que jamais. On ne l'a jamais vue ainsi. Elle n'a jamais été aussi belle."
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