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Le coup de gueule de Stéphane Bern contre "les petits comptables mesquins" qui veulent taxer "son" Loto du patrimoine

L'animateur Stéphane Bern, chargé de la mission Patrimoine, demande depuis plusieurs mois que l'État renonce aux taxes sur le Loto du patrimoine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Stéphane Bern, le 2 mai 2019. (POOL/DAVID NIVIERE/MAXPPP / MAXPPP)

"J'attends que le président de la République manifeste son désir de défendre le patrimoine" face aux "technocrates" qui se comportent "comme des petits comptables mesquins" de Bercy, a déclaré Stéphane Bern, mardi 17 décembre, sur franceinfo. L'animateur, chargé de la mission Patrimoine, demande depuis plusieurs mois que l'État renonce aux taxes sur le Loto du patrimoine. Le Sénat lui a donné raison au mois de novembre, mais l'Assemblée nationale est revenue sur cette décision lundi soir en supprimant l'exonération dont bénéficie le Loto du patrimoine des taxes habituelles prélevées par l'État sur les jeux d'argent.

franceinfo : Cette décision de l'Assemblée nationale vous a visiblement mis très en colère, en tout cas sur les réseaux sociaux ?

Stéphane Bern : C'était un peu attendu, de toutes façons le gouvernement ne souhaitait pas cette exonération de taxes. Moi je ne fais pas de politique, c'est une mission bénévole, je mets mes tripes sur la table. Ce que je n'ai pas aimé, c'est que quand j'entends la secrétaire d'État [Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances] expliquer que c'est impossible d'exonérer le Loto du patrimoine parce que les taxes financent l'Association nationale pour le Sport et la Sécurité sociale, je dis : quand il y a des paris sportifs, les taxes ne vont pas au patrimoine ! C'est incompréhensible pour les Français. Il avait été convenu quand on a créé le Loto du patrimoine que toute la part qui va à l'État irait au patrimoine. Et c'est le cas, parce que la part prélevée par l'État au nom de la taxe est compensée d'un autre côté par l'État. On prend d'une poche pour redonner de l'autre. Cette tuyauterie budgétaire est ridicule. Ce serait tellement simple d'expliquer que, certes il y a des taxes sur les jeux d'argent, mais que le Loto du patrimoine est un jeu philantropique, qu'il n'a aucune vocation à alimenter telle caisse ou telle autre, et que tout simplement toute la part de l'Etat va au patrimoine. On vient quand même aider l'Etat avec cette mission patrimoine, je ne leur tords pas le bras ! C'est une contribution volontaire des Français.

Si l'Etat compense, quel est le problème ? Vous avez peur que cette taxe décourage les Français de jouer ?

Exactement. Les gens vont dire : il s'est encore fait berner, on l'a utilisé... non ! On a déjà sauvé 150 monuments en un an et demi, on va en sauver une centaine d'autres cette année, on prépare déjà l'année trois du Loto du patrimoine. Cela fonctionne, heureusement, on sauve les monuments les uns après les autres, mais j'ai le sentiment qu'on fait tout pour saborder mon Loto du patrimoine. Je dis mon Loto, c'est celui que j'ai mis en place. Je l'ai fait avec la volonté expresse du chef de l'État, mais en l'occurence ce sont des technocrates qui maintenant décident et qui essaient de faire des économies. Les propriétaires privés et les collectivités qui possèdent ces vieilles pierres, ils ne descendent pas dans la rue pour les défendre. Or, ces vieilles pierres impactent directement 500 000 emplois en France. Elles font travailler 30 000 métiers et artisans. Et elles attirent 90 millions de touristes dans le monde. Cela mérite d'être pris en compte, non ?

Avez-vous le sentiment de faire face à plus de déconvenues que vous ne pensiez ?

Oui, en acceptant cette mission, je ne pensais pas que j'allais devoir me battre contre autant de technocrates qui cherchent à faire des économies, sans se rendre compte que plus on restaure de monuments, plus ça crée de TVA. Ils ont une vision à court terme, comme des petits comptables mesquins. On aura oublié leur nom avant même de se souvenir d'eux, alors que le patrimoine restera dans l'histoire. J'attends que le président de la République manifeste son désir de défendre le patrimoine. Il faut peut-être qu'il soit plus obéi, j'ai l'impression que les technocrates de Bercy sont en roue libre et décident dans son dos ce qu'on augmente ou pas. J'en appelle au Premier ministre, puisque c'est lui qui tranche les arbitrages budgétaires, je pense que ce serait bien de faire un geste pour cette contribution ludique et volontaire pour le patrimoine. Aidez-moi à restaurer davantage de monuments !

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