Paris à la recherche de bouquinistes pour faire revivre les quais de Seine : "Cela fait 450 ans qu’on est là, on ne peut pas disparaître comme ça !"
La Ville lance un appel à candidatures pour attribuer 18 emplacements de bouquinistes devenus vacants. Les livres, cartes postales et autres gravures qu'il est possible d'acheter dans ces célèbres boites vertes le long de la Seine semblent moins faire rêver qu'autrefois.
Comme la tour Eiffel, les bouquinistes installés sur les deux rives de la Seine, du musée du Louvre au pont Marie, font partie de la carte postale de la capitale. Entrés au patrimoine culturel immatériel français en 2019, ils exposent leurs livres dans plus de 900 boîtes vertes sur trois kilomètres de quais. Mais le métier connaît une période difficile, notamment à cause de la crise sanitaire du Covid-19, qui les a privés de touristes. Aussi, la Ville de Paris lance un appel à candidatures pour attribuer les 18 emplacements devenus vacants sur les 220 existants.
Si les boîtes vacantes, autrefois rares et convoitées, ne semblent plus faire rêver, on peut pourtant y trouver de petits trésors : quelque 200 000 livres d’occasion, au total, mais aussi des cartes postales, des gravures… Jamie, une Américaine venue de Los Angeles repart avec de vieilles photographies entre les mains : "Je viens à Paris plusieurs fois par an, sourit-elle. J'adore ces petites boîtes parce que vous ne savez jamais quel trésor vous allez trouver."
"Sur internet, on ne peut pas toucher le livre"
De l'autre côté, on trouve des bouquinistes passionnés comme Alain Hucher, 22 ans de métier. "Je suis spécialisé en gastronomie et œnologie, indique-t-il. J'aime bien que les gens viennent me voir pour discuter cuisine : sur internet, on ne voit pas le livre, on ne peut pas le toucher..." "C'est un métier de fou, on est des papivores !", s'exclame Jérôme Callais, bouquiniste depuis une trentaine d'années et président de l'Association culturelle des bouquinistes de Paris. C'est lui qui a lancé l'alerte, il y a plusieurs mois, après le départ d'une vingtaine de bouquinistes sur les plus de 200. Pourtant, il y a plusieurs années, on se battait pour obtenir une concession.
"On a à peine plus d'une dizaine de candidatures, ce qui est dérisoire. D'habitude, on en a au minimum soixante par an. Je trouve cela très inquiétant : il faut du sang neuf."
Jérôme Callaisà franceinfo
L'âge moyen des bouquinistes augmente et beaucoup sont retraités. Les revenus issus des ventes sont très variables et après les manifestations des gilets jaunes, les grèves des transports, la crise sanitaire, le retour des touristes étrangers est timide. Et les habitudes de consommation changent. "On est frappés de plein fouet par les nouvelles technologies et la vente en ligne, soupire Jérôme Callais. Mais cela fait 450 ans qu'on est là, on ne peut pas disparaître comme ça !"
La mairie de Paris prédit que ces places seront bientôt occupées : onze candidatures ont été reçues en dix jours. Mais alors que la vente de souvenirs a pris de la place dans certaines boîtes, Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris chargée du commerce assure que les candidatures seront examinées de près. "On regardera chaque candidature avec cet œil de l'amour, du livre et de la librairie, explique-t-elle. Ce n'est effectivement pas une activité d'une rentabilité incroyable mais en soutien, on ne leur fait pas payer de loyer. Ce que nous souhaitons, c'est pouvoir conserver cette identité de bouquinistes autour du livre." Les candidatures peuvent être déposées jusqu'au 18 février prochain.
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