Restitutions : le "tambour parleur" Djidji Ayokwe bientôt de retour en Côte d'Ivoire à la faveur d'un accord avec la France

Le tambour, pillé pendant la colonisation, est un outil de communication qui servait, entre autres, à prévenir des dangers, mobiliser pour la guerre ou encore convoquer les villages à des cérémonies.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le "Djidji Ayokwe", dit "tambour parleur", emballé après sa restauration par le musée du Quai Branly en 2023. (SUMMUM 3 D)

Les autorités françaises et ivoiriennes ont signé lundi 18 novembre un accord permettant le retour "dans les prochains mois" en Côte d'Ivoire d'un tambour, pièce centrale de l'art musical du pays, pillé pendant la colonisation, selon un communiqué commun.

Réclamé de longue date par Abidjan, le "tambour parleur" Djidji Ayokwe avait été confisqué par l'armée française en 1919 et était conservé dans les collections du musée du Quai Branly à Paris. "Les ministres de la Culture des deux pays ont décidé d'enclencher le processus de son retour en Côte d'Ivoire", indique leur communiqué commun publié à l'issue d'une rencontre au ministère de la Culture, à Paris.

Le retour de ce tambour devrait se faire "dans les prochains mois", d'abord sous la forme d'un "dépôt" longue durée, précise le communiqué. "C'est évidemment un moment historique", a salué la ministre ivoirienne de la Culture Françoise Remarck, présente à Paris, évoquant une attente longue "de plus d'un siècle".

"C'est un moment symbolique fort", a déclaré son homologue française Rachida Dati. "A chaque fois qu'on aura une restitution, on remettra un euro dans la boîte de la réconciliation", a-t-elle ajouté, notant que ces questions "étaient inabordables il y a quelques années".

En 2017, le président Emmanuel Macron s'était engagé à accélérer les restitutions des biens coloniaux vers l'Afrique, une promesse notamment concrétisée fin 2021 par le retour au Bénin de 26 oeuvres du trésor royal d'Abomey spoliées par l'armée.

En attendant l'adoption d'une loi-cadre pour les restitutions 

A l'heure actuelle, chaque restitution de biens coloniaux continue toutefois de nécessiter en France l'adoption d'une loi spécifique permettant de déroger au principe d'inaliénabilité des collections publiques. Les dépôts longue durée, comme celui convenu lundi 18 novembre, permettent de contourner cet obstacle. Le chef de l'Etat s'était engagé à faire adopter une loi-cadre permettant de sortir un bien culturel des collections publiques françaises sans passer par une loi. Mais ce texte reste à l'état de projet.

Une proposition de loi visant spécifiquement "le tambour parleur" ivoirien vient d'ailleurs d'être déposée au Sénat français pour permettre sa restitution "pleine et entière" à Abidjan. Dans leur communiqué, les autorités françaises et ivoiriennes disent espérer "l'adoption rapide" de ce texte. Pièce centrale de l'art musical de l'ethnie ivoirienne des Ébriés, le "tambour parleur" servait notamment à prévenir des dangers, mobiliser pour la guerre ou convoquer les villages à des cérémonies.

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