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La Cour des comptes épingle le recours à des consultants aux prémices du Pass Culture

Dans un document publié mardi, la Cour des comptes estime que l'affaire est "emblématique des dérives du recours extensif à des consultants extérieurs" par le gouvernement Macron.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Un panneau promotionnel pour le pass culture à Poitiers, en 2021. (MATHIEU HERDUIN / MAXPPP)

En macronie, un consultant peut en cacher un autre. La Cour des comptes a épinglé mardi le gouvernement pour son recours "dans des conditions discutables" à des consultants extérieurs lors de la mise en place du Pass Culture, tout en saluant les premiers résultats "encourageants" du dispositif.

De premières statistiques "encourageantes"

Les magistrats financiers ont publié leurs observations définitives sur les années de mise en place du dispositif-phare de la politique culturelle, voulu par Emmanuel Macron, entre 2017 et 2022. Il a depuis été généralisé aux 15-18 ans, puis étendu aux classes de 6e et 5e à partir de septembre 2023.

Globalement, la Cour des comptes estime "encourageantes" les premières statistiques sur l'utilisation du Pass Culture. Il semble répondre "à certaines attentes en levant l'une des barrières, financière, à l'accès aux biens culturels", salue-t-elle.

Il n'en va pas de même pour "la phase de préfiguration du dispositif", entre 2017 et 2018. La Cour des comptes met notamment en cause, la façon dont a été piloté le projet, "de manière excessivement informelle" par le biais d'une "start-up d'Etat", qui a elle-même fait appel à des prestataires privés et des sous-traitants.

Le cas Eric Garandeau

Or la Cour des comptes n'a pu "reconstituer la liste et les fonctions précises" des consultants qui ont travaillé sur la mise en place du pass "qu'avec difficulté". "Le pilotage du Pass Culture, dans sa première phase, a été emblématique des dérives du recours extensif à des consultants extérieurs pour des missions de nature administrative et politique", relève-t-elle.

Elle s'attarde, sans le nommer, sur le cas d'Eric Garandeau, un inspecteur général des finances et ancien président du Centre national du cinéma. Il a ainsi été missionné, pendant une période, par la ministre Françoise Nyssen comme l'un des pilotes de la mise en place du Pass Culture, tout en faisant intervenir sa société comme sous-traitante.

Ce "responsable et représentant public du projet, missionné par la ministre, (...) aurait pu être employé directement au titre de ses compétences d'agent public plutôt que comme sous-traitant d'un prestataire", souligne la Cour.

Au total 332 millions d'euros dépensés

Mis en cause publiquement par Mediapart, Eric Garandeau avait démissionné en novembre 2019 de ses activités de conseil auprès du Pass Culture. Il s'est depuis reconverti en directeur des affaires publiques pour le réseau social chinois TikTok.

En décembre 2022, le Pass Culture comptait 2,6 millions de jeunes bénéficiaires depuis son lancement, leur permettant de dépenser un total de 291 millions d'euros, principalement en livres, au cinéma et dans des instruments de musique. Au total, il a représenté 332 millions d'euros de dépenses pour l'Etat depuis sa création.

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