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"The Last of Us" : le créateur de "Chernobyl" sublime l'histoire du jeu vidéo dans un road-trip aussi chaotique qu'humain

L'œuvre produite par HBO suscite la curiosité du public depuis son lancement en début de semaine. Son récit morcellé en neuf épisodes est diffusé chaque lundi sur Prime Vidéo en France. Adaptée du jeu vidéo éponyme, la série réussit à fédérer fans de longue date et néophytes. Notre critique garantie sans spoiler.

Article rédigé par Diego Caparros
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pedro Pascal et Bella Ramsey incarne le duo principal de la série d'horreur post-apocalyptique. (Warner Bros / Naughty Dog / HBO)

Les unes après les autres, les adaptations de jeux vidéo en séries ou long-métrages peinent à convaincre. Puis arrive The Last of Us, tiré du chef d'œuvre vidéoludique éponyme sorti par Naughty Dog en 2013 sur PlayStation. Attendue par près de 4,7 millions de personnes le soir de la sortie du premier épisode (en France sur Prime Video), la nouvelle série post-apocalyptique du créateur de Chernobyl semble attiser la curiosité du public. Sur le papier, l’enjeu est de taille : transposer un univers devenu mythique chez les gamers à l'aide d'un casting et de réalisateurs de talent.

Pedro Pascal quitte l’armure du Mandalorian pour endosser la chemise de Joël, chargé d’escorter la jeune Ellie. Cette dernière est incarnée par l’actrice anglaise Bella Ramsey. En quelques séquences, ils réussissent à matérialiser les personnages. Tous deux évoluent au cœur d’Etats-Unis ravagés par une pandémie fongique qui transforme les personnes infectées en véritables créatures sauvages. Ils vont entamer un voyage à travers le pays (ou ce qu’il en reste) pour tenter de créer un remède potentiel à cette infection contre laquelle Ellie est immunisée. Une histoire qui acquiert une consistance toute particulière après l’épidémie mondiale de Covid-19.

Quand la fiction dépasse la fiction

D’emblée, le matériau d’origine semble fondamentalement respecté. En témoigne cette vidéo d'un internaute qui compare le jeu vidéo au premier épisode de la série télévisée. Le meilleur reste encore à venir.

Mais plus que la simple fidélité à l’œuvre d’origine, la série The Last of Us déploie sa puissance dans la mise en scène de l’ADN même du jeu : les relations profondément humaines, souvent isolées, qui se nouent quand une civilisation bascule dans le chaos et tente de se reconstruire. Neil Druckmann (qui a réalisé le jeu The Last of Us) et Craig Mazin (créateur du brillant Chernobyl) concentrent la vitalité du show au sein du voyage de Joel et Ellie et des liens qu'ils tissent peu à peu. Dans une progression chaotique à travers décors urbains qui périclitent et plantes rudérales, les deux protagonistes se dévoilent pudiquement. Face à eux, la présence banalisée de la mort, des choix éthiques complexes et la rémanente question de la fin et des moyens jalonnent leur aventure.

Ellie (Bella Ramsey), Joel (Pedro Pascal) et Tess (Anna Torv) évoluent dans des décors soignés et fidèles au jeu. (Warner Bros / Naughty Dog)

Sur neuf épisodes, le récit prend son temps, le rythme est posé et l’action diluée. En bonne œuvre post-apocalyptique, The Last of Us n'échappe pas aux mécanismes narratifs qui régissent le genre (combats avec des créatures en espace ouvert, empathie qui vient troubler les décisions à prendre...). Elle les appréhende avec recul et certaines fois, avec virtuosité. 

Les personnalités qui gravitent autour du duo principal viendront donner beaucoup de cachet au récit. Mais que les amateurs d’actions ne s’attendent pas à des phases prolongées de “gunshot” à profusion comme Naughty Dog en a le secret : la place est laissée aux paroles et aux randonnées plus qu’aux batailles, même si, oui, "claqueurs" et autres créatures charmantes seront bien présentes.

Perdu dans l'obscurité, cherchez la lumière

The Last of Us réussit à immerger les spectateurs dans des décors soignés en tenant une direction artistique uniforme. Filmés la plupart du temps sans stabilisation, les décors impressionnent d'authenticité et racontent à eux-seuls l'histoire de leur abandon par les humains. La guitare de Gustavo Santaolalla enrobe le périple : c'est doux, à l'opposé du récit et cela fonctionne bien.

Les joueurs regretteront certaines séquences vidéoludiques mémorables oubliées par la série. Ou encore le choix de la production de ne pas faire se répandre le virus dans l'air, pour éviter aux acteurs de porter un masque couvrant le visage. Dans l'ensemble, The Last of Us arrive à composer justement entre fan-service et libertés prises sur le scénario originel. Une chose est sûre, la série montre qu'il est encore possible de surprendre avec le genre post-apocalyptique quand on le manipule avec humanité. 

La série est diffusée à partir du 16 janvier 2023 sur Prime Vidéo en France et sur HBO Max aux Etats-Unis. (HBO Max / Warner Bros)

La fiche

Genre : horreur post-apocalyptique

Réalisateur : Neil Druckmann, Craig Mazin
Acteurs : Pedro Pascal, Bella Ramsey, Anna Torv
Durée : 9 épisodes
Sortie : 16 janvier 2023 en France
Distributeur :  Naughty Dog, PlayStation Productions, Sony Pictures Television

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Joel (Pedro Pascal), Ellie (Bella Ramsey), et Tess (Anna Torv) un trio lié par la dureté du monde dans lequel ils vivent, sont forcés d'endurer des circonstances brutales et des tueurs impitoyables lors d'un périple à travers une Amérique détruite.

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