Le dramaturge Lars Norén, grande figure du théâtre suédois, est mort à 76 ans des suites du Covid-19
Le dramaturge et metteur en scène Lars Norén est mort mardi à 76 ans, des suites du Covid-19, a annoncé son éditeur. Auteur parmi les plus représentés dans le monde, sa pièce "Poussière" était entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2018.
"J’ai commencé à écrire des poèmes à 13 ans. J’ai été publié à 18 ans et suis resté poète pendant 20 ans. Maintenant j’ai 73 ans. Cela fait donc soixante ans que j’écris. C’est un long, très long temps", écrvait il y a trois ans Lars Norén, lors de l'entrée de sa pièce Poussière au répertoire de la Comédie-Française. Le dramaturge et metteur en scène, grande figure du théâtre suédois, est mort mardi 26 janvier 2021 à 76 ans, des suites du Covid-19, a annoncé son éditeur.
Dans la lignée d'August Strindberg et d'Ingmar Bergman
"L'importance de Lars Norén comme auteur et dramaturge est presque impossible à résumer en quelques phrases, mais il était l'un des plus grands de notre temps", a salué Eva Bonnier, son éditrice au sein des éditions Albert Bonnier, dans un communiqué.
Célèbre dans son pays comme à l'étranger, souvent placé dans la lignée des géants August Strindberg (1849-1912) et Ingmar Bergman (1918-2007), il avait commencé par la poésie dans les années 60 avant de se concentrer sur le théâtre à la fin des années 70, comme auteur et metteur en scène.
Après avoir succédé à Ingmar Bergman à la tête du Théâtre national de Suède, Norén a été à partir de 1999 le directeur artistique du Riks Drama au Riksteatern, le théâtre national itinérant suédois.
Entré avec "Poussière" au répertoire de la Comédie-Française
La France le connaissait bien. Il avait notamment signé de nombreuses mises en scène à la Comédie-Française à Paris, dont sa propre pièce "Poussière" en 2018, une plongée dans les tourments de la fin de vie et de la démence.
Ses oeuvres qui l'ont révélé incluent La nuit est la mère du jour (1982), Le chaos est le voisin de Dieu (1983), Calme (1984), ou encore Bobby Fischer vit à Pasadena en 1990. "Dans mon écriture, la vie intime des hommes et les questions de société s’entremêlent souvent", écrivait-il. Son œuvre est imprégnée de résurgences personnelles telles que les perversions sexuelles, les maladies psychiatriques, les relations conflictuelles entre parents et enfants et le recours à la violence.
Scandale
Lars Norén a écrit une quarantaine de pièces dont certaines souvent difficiles et crues, telles Les démons, La veillée ou Sourire des mondes souterrains, dans lesquelles il traite de la violence physique et sociale. Il avait fait scandale à la fin des années 90 avec la pièce 7:3, pour laquelle il avait recruté des prisonniers dangereux purgeant des longues peines, dont deux néonazis, jouant leurs propres rôles avec de nombreux propos haineux et antisémites.
Mais le drame s'était poursuivi hors de la scène : profitant de leur levée d'écrou, de nombreux braquages avait été commis par un des acteurs amateurs, Tony Olsson. Dont un tragique au lendemain de la dernière de la pièce, qui s'était terminé par la mort de deux policiers dans la commune de Malexander, dans le sud-est du pays.
"7:3 jettera toujours une ombre sur sa production théâtrale et ses créations ultérieures n'eurent pas la même signification culturelle majeure que dans les années 80 et 90", juge le critique de Dagens Nyheter Johan Hilton dans la nécrologie du quotidien mardi 26.
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