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"Même si elle parle de sa vie, elle arrive à une universalité" : le livre d'Annie Ernaux "Mémoire de fille" adapté au théâtre

La première de "Mémoire de fille" a été présentée mercredi 7 juin à la Comédie-Française. La romancière, prix Nobel de littérature, y revient sur sa première nuit violente avec un homme, l'été de ses 18 ans.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Coraly Zahonero (D), Clotilde de Bayser (C) et Anne Kessler (G) dans "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux, adapté par Silvia Costa à la Comédie française. (MONIKA RITTERSHAUS / COLL COMEDIE FRANCAISE)

Mémoire de fille est un livre court, mais sans doute l'un des plus forts d'Annie Ernaux, qui a reçu le prix Nobel de littérature en décembre. La romancière y raconte son expérience en 1958 lorsque, fille d'épiciers dans un village, elle vit ses premières interactions sociales et découvre les "surprise-parties". Elle a alors 18 ans et obtient un job de monitrice dans une colonie de vacances. C’est là qu’elle passera sa première nuit d'amour, avec un collègue de 22 ans. Une nuit d’amour qui s'apparente plus à un viol.

Un texte cru, ambigu, complexe et émancipateur, qui a séduit la metteuse en scène italienne Silvia Costa qui en propose une nouvelle adaptation. "Parfois des choses que la société donne comme normales ne sont pas normales. Et c’est elle qui, grâce à sa culture, le déclare, explique-t-elle. Cette violence envers la femme parle encore à des femmes de son âge, de mon âge et à des femmes aussi plus jeunes. C’est quelque chose dont il fallait parler."

" C’était dur. Comment faire passer cette émotion-là ? C’était un défi, mais j’avais envie de le relever."

Silvia Costa, metteuse en scène

à franceinfo

Coraly Zahonero (D), Clotilde de Bayser (G) et Anne Kessler (C) dans "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux, adapté par Silvia Costa à la Comédie française. (MONIKA RITTERSHAUS / COLL COMEDIE FRANCAISE)

Silvia Costa avait d'ailleurs déjà dirigé cette pièce à Munich la saison passée, avec une mise en scène à la fois minimaliste et très inventive, élégante. Et c'est désormais un excellent trio de comédiennes du Français qui la portent : Coraly Zahonero, Clotilde de Bayser et Anne Kessler, dont le timbre de voix ressemble à celui de l'écrivaine.

Mais justement, cette plume qu'on qualifie de clinique, factuelle, est-elle facile à adapter au théâtre ? " Même si elle parle de sa vie, donc d’une chose très personnelle, elle arrive à ouvrir cette universalité et à toucher beaucoup de femmes et, je pense aussi, des hommes, répond Silvia Costa. Sa spécificité c’est vraiment de parler de soi dans une recherche très minutieuse et toujours dans un contexte socio-politique important". La metteuse en scène ne cache d'ailleurs pas sa joie de rencontrer Annie Ernaux, qui a prévu de venir deux fois en personne voir le spectacle.

 

La première de Mémoire de fille a été donnée mercredi 7 juin à la Comédie française où elle se jouera jusqu’au 16 juillet.

"Mémoire de fille" d'Annie Ernaux adapté au théâtre : reportage de Matteu Maestracci

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