Retour de Bérénice Béjo, Catherine Hiegel et Valérie Lesort : onze pièces de théâtre de la rentrée à Paris, entre classique et modernité

La saison théâtrale fait la part belle à des œuvres classiques pas toujours connues du grand public, qui promettent des moments grandioses sur scène, tout en résonnant avec le monde actuel.
Article rédigé par Yemcel Sadou
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 20min
Bérénice Béjo le 22 mars 2024 au festival Séries Mania de Lille. (MPP/SIPA / SIPA)

Catherine Hiegel met en scène La serva amorosa plus de 30 ans après avoir joué le rôle-titre à la Comédie-Française, l'actrice oscarisée Bérénice Béjo de retour au théâtre avec un seul en scène fort sur la parentalité, le conte Peau d'Ane se modernise et parle d'inceste grâce à Hélène Soulié, Valérie Lesort et Christian Hecq s'emparent de l'histoire des sœurs siamoises mondialement connues, Daisy et Violet Hilton... La rentrée théâtrale est marquée par des histoires fortes qui puisent dans des œuvres classiques éclectiques. Un théâtre qui promet de fortes émotions mais surtout, de nous faire réfléchir. Notre sélection des spectacles les plus prometteurs à ne surtout pas manquer.

"La vie secrète des vieux", de Mohamed El Khatib au Théâtre des Abbesses

Les comédiens, tous âgés de plus de 75 ans, de la pièce "La vie secrète des vieux" de Mohamed El Khatib présentée au Festival d'Avignon 2024. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Cette pièce était la déflagration du Festival d'Avignon. Mohamed El Khatib y raconte sans tabou et sans filtre la sexualité des séniors dans une création naviguant entre théâtre et documentaire. On avait pleuré mais aussi beaucoup ri. Une chose est sûre, vous ne sortirez pas de ce spectacle comme lorsque vous êtes rentrés. Sur scène ils ont tous plus de 75 ans et leur témoignage est précieux, suspendu dans le temps. Il reste dans la mémoire de chaque personne du public. 

"La sexualité des vieilles et des vieux s'apparente à un angle mort que ni l'institution ni les familles ne veulent prendre en charge", explique Mohamed El Khatib dans un entretien accordé au Festival d'Avignon. Ce tabou, cet impensé de la société, le metteur en scène le renverse avec les prises de paroles de ses personnages et de leur vécu. Après une petite annonce, Mohamed El Khatib a récolté une centaine de témoignages. Avec tous ces séniors, il fait le tour de leur vie amoureuse, mais surtout un bilan à leur âge. Flirter avec le documentaire au théâtre, le metteur en scène en a fait sa spécialité. Pour 2025, Mohamed El Khatib en prépare d'ailleurs un, avec le même titre que la pièce. 

"La vie secrète des vieux", de Mohamed El Khatib, du 12 au 26 septembre 2024 au Théâtre des Abbesses. Durée : 1h10.

"Parallax" de Kata Wéber, mis en scène par Kornél Mundruczó aux Ateliers Berthier

Le spectacle "Parallax" de Kata Wéber, mis en scène par Kornél Mundruczó aux Ateliers Berthier. (NURITH WAGNER-STRAUSS)

Les histoires du metteur en scène et cinéaste internationalement reconnu Kornél Mundruczó sont souvent dérangeantes. Elles rentrent dans les quêtes intimes des personnages, leurs contradictions, et en même temps celle des sociétés dans lesquelles ils se débattent pour exister.

Parallax est un terme qui désigne l’effet du changement de point de vue sur la perception. Trois personnages sont au centre de la pièce. On suit une vieille dame juive, à Budapest, qui refuse de recevoir de l’actuel gouvernement hongrois une médaille de rescapée des camps. Sa fille, à Berlin, a choisi l’exil et a besoin au contraire de prouver son identité juive pour bénéficier de l’attention allemande et inscrire son fils dans une bonne école. Ce fils, enfin, un jeune homme homosexuel qui a rencontré la violence et les discriminations, ne s’intéresse qu’à son identité gay.

Le metteur en scène confronte les identités qui sont à la fois un fardeau et un privilège. Au sein de ces différentes générations, l’intégrité de chacun est en jeu, comme un paradoxe constitutif de notre époque.

"Parallax", de Kata Wéber mis en scène par Kornél Mundruczó. Du 10 au 18 octobre aux Ateliers Berthier 17 e. Durée 1h50, en hongrois, surtitré en français. À partir de 16 ans. Ce spectacle comporte des scènes à caractère sexuel pouvant heurter la sensibilité du public. Dans le cadre du Festival d’Automne 2024.

"Contre" de Constance Meyer et Sébastien Pouderoux au Théâtre du Vieux Colombier de la Comédie Française  

L'actrice américaine Gena Rowlands dans le film "Une femme sous influence" (1974) de John Cassavetes. (ARCHIVES DU 7EME ART)

Couple mythique dans l’histoire du 7e art, John Cassavetes et Gena Rowlands inspirent la première collaboration de la réalisatrice Constance Meyer et de Sébastien Pouderoux – qui avait déjà cosigné des projets originaux comme Les Serge (Gainsbourg point barre) avec Stéphane Varupenne.

Le binôme de metteurs en scène explore les relations tumultueuses pendant la période du film Une femme sous influence (1974). Un cinéma devenu culte, en rupture avec la société patriarcale et l’industrie hollywoodienne toute puissante des années 70.

Avec le réalisateur John Cassavetes, dont l’œuvre novatrice aura payé, de son vivant, le prix de sa marginalité, Gena Rowlands, disparue le 14 août dernier à 94 ans, est la créatrice d’un style de jeu moderne. Elle impose des personnages féminins plus complexes, à la frontière entre la normalité et la folie. La pièce n'est pas un biopic mais plutôt "une réflexion sur le rapport entre l’art et le conformisme", annoncent Constance Meyer et Sébastien Pouderoux, pour qui la radicalité et le jusqu’au-boutisme sont sources de comédie. Ils multiplient les points de vue, interrogent les vertus et les limites de l'irrévérence afin de montrer l’écart qui existe entre ce qu’on dit, ce qu’on veut et ce qu’on fait.

"Contre", mis en scène Constance Meyer et Sébastien Pouderoux, d’après la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands, du 24 septembre au 3 novembre 2024 au Théâtre du Vieux Colombier de la Comédie Française.

"Sur l’autre rive" d’Anton Tchekhov, mis en scène par Cyril Teste au Théâtre Nanterre-Amandiers

La pièce "Sur l’autre rive" d’Anton Tchekhov, mis en scène par Cyril Teste au Théâtre Nanterre-Amandiers. (SIMON GOSSELIN)

Après La Mouette (2021), le metteur en scène Cyril Teste s’intéresse de nouveau à Anton Tchekhov avec Sur l’autre rive, une réinterprétation de Platonov, la première pièce du dramaturge russe. Elle raconte l’histoire d’Anna Petrovna, une jeune veuve qui invite chaque été un groupe d'amis chez elle dans sa maison de campagne. Platonov, jeune garçon à l'air joyeux et spontané est en réalité manipulateur et cynique. Il veut que ses amis s'intéressent à lui, et multiplie les aventures amoureuses, bien qu'il soit marié. La pièce dresse le portrait d'un personnage ambigu qui sombre dans le désespoir.

Dans la version de Cyril Teste, les invités dont un aristocrate ruiné, un banquier, un marchand ou un médecin, se retrouvent en plein air pour faire la fête alors qu’une caméra scrute et épie les invités en pleines mondanités. Au fil des discussions et des entrevues dans lesquelles l’argent est au centre, les relations complexes se révèlent, pleines de vieilles rancœurs et de mépris de classe. L’ambiance de la fête et de la décadence liée à l’alcool, se reflète dans l’habituel recours à la vidéo du metteur en scène. 

"Sur l’autre rive", librement adapté d’Anton Tchekhov, mis en scène par Cyril Teste et le Collectif MxM. Du 27 septembre au 13 octobre 2024. Durée : 1h50 au Théâtre Nanterre-Amandiers.

"Les gens de Bilbao naissent où ils veulent", mis en scène par Johanna Boyé avec Bérénice Bejo au Théâtre Marigny 

L'actrice Bérénice Bejo pour la pièce "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent", mis en scène par Johanna Boyé au Théâtre Marigny. (THEATRE MARIGNY)

L’actrice Bérénice Bejo récompensée d'un Oscar pour son rôle dans The Artist (2012), fait son grand retour au théâtre dans Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, mis en scène par Johanna Boyé récompensée du Molière du jeune public pour La Reine des neiges, l'histoire oubliée en 2023.

Cette adaptation du roman éponyme de l’autrice Marie Larrea raconte l’histoire de Maria, fille d’émigrés espagnols qui ont fui le franquisme pour vivre leur rêve de liberté en France. À Paris, sa mère, au physique de star de cinéma, est femme de ménage et son père, toujours un ballon de rouge à la main, est le gardien du Théâtre de la Michodière. Tous les trois vivent dans une minuscule loge au dernier étage du théâtre, spécialisé à l’époque dans les pièces de boulevard. Élève en école de cinéma, Maria cherche dans ses courts métrages à mettre en scène ses origines, en vain. Jusqu’au jour où une tireuse de cartes lui révèle qu’un secret pèse sur sa naissance.

Dans ce seul-en-scène entre Bilbao et Paris, Bérénice Bejo incarne tous les personnages de la vie de la narratrice, traversant les époques et les lieux.

"Les gens de Bilbao naissent où ils veulent", d’après le roman de Maria Larrea (éditions Grasset), mis en scène par Johanna Boyé, avec Bérénice Bejo du 11 octobre au 24 novembre au Théâtre Marigny. Durée : 1h10.

  "Les sœurs Hilton" de Christian Hecq et Valérie Lesort aux Bouffes du Nord

La pièce "Les sœurs Hilton" de Christian Hecq et Valérie Lesort au Théâtre des Bouffes du Nord. (BOUFFES DU NORD)

Après leurs derniers succès, 20 000 lieues sous les mers et Le Bourgeois gentilhomme, Valérie Lesort et Christian Heck s’intéressent à l’histoire des sœurs siamoises Daisy et Violet. Nées en 1908 aux Etats-Unis, ces enfants illégitimes et handicapées, sont condamnées à l’abandon, voire à l’infanticide. Mary Hilton, la sage-femme qui les met au monde, décide de les adopter, plus par cupidité que par charité chrétienne.

Exploitées durant toute leur existence, elles deviendront monstres de foires, stars à Broadway et finiront dans l’oubli et la misère. Le duo de metteurs en scène raconte leur destin exceptionnel de la naissance à la mort, sur une piste de cirque. Les sœurs sont accompagnées d’un duo de garçons de piste, à la fois maîtres de cérémonie, clowns, magiciens et comédiens, des personnages ayant eu une influence dans l’existence des siamoises. Ponctué de numéros musicaux, de danse, d’effets visuels et magiques, le spectacle offre un voyage dans le temps, oscillant entre théâtre et cabaret, rire et larmes.

"Les sœurs Hilton", mis en scène par Christian Hecq et Valérie Lesort, du 10 octobre au 3 novembre 2024 au Théâtre des Bouffes du Nord. Durée du spectacle : environ 1h45, à partir de 12 ans.

"La serva amorosa", mis en scène par Catherine Hiegel au Théâtre de la Porte Saint-Martin

Plus de 30 ans après avoir joué le rôle-titre à la Comédie-Française, Catherine Hiegel met en scène la comédie de Goldoni La serva amorosa avec Isabelle Carré en servante triomphante, un grand rôle féministe du répertoire classique. Après Le Bourgeois gentilhomme (François Morel), Les Femmes savantes (Bacri/Jaoui) et Le Jeu de l’amour et du hasard (Calamy/Dedienne), il s’agit de la quatrième collaboration entre le Théâtre de la Porte Saint-Martin et Catherine Hiegel.

La pièce raconte l'histoire d'Ottavio, un riche négociant de Vérone qui prend de l’âge. Béatrice, sa seconde épouse, manigance pour écarter de la succession Florindo, le fils d’Ottavio, au profit du sien, le stupide Lélio, et convainc son mari de le chasser de la maison. Mais Coraline, leur fidèle et astucieuse servante, dévouée à Florindo, va déployer des trésors de ruse et d’audace pour rétablir la situation afin que ce dernier reprenne ses droits légitimes. 

"La serva amorosa", mis en scène par Catherine Hiegel du 25 septembre au 4 janvier 2025 au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Durée : 2h30 avec entracte.

 

"La Veuve rusée", mis en scène par Giancarlo Marinelli avec Caterina Murino et Sarah Biasini au Théâtre des Bouffes Parisiens

La Veuve rusée, jouée pour la première fois à Venise en 1748, raconte la rencontre de Rosaura, une jeune, belle et riche veuve vénitienne avec quatre prétendants de nationalités différentes : Milord Runebif, l’Anglais, Monsieur Le Blau, le Français, Don Alvaro de Castille, l’Espagnol et le comte Bosco Nero, l’Italien. Chacun d’eux la courtise, par l’intermédiaire de l’espiègle Arlequin. Mais Rosaura est indécise. Aidée de sa dame de compagnie Marionnette, elle réfléchit à un stratagème pour faire son choix.

Adapté et mis en scène par Giancarlo Marinelli, le spectacle promet un casting prometteur. L’actrice Caterina Murino connue pour son rôle de James Bond girl dans Casino Royale (2006), la comédienne Sarah Biasini, fille de Romy Schneider, l’acteur Vincent Deniard, l’animateur Vincent Desagnat, connu pour sa participation dans l’émission déjantée Morning Live, le metteur en scène Thierry Harcourt, le chanteur et ancien candidat à l’Eurovision Tom Leeb, le comédien Pierre Rochefort, avec l’amicale participation vocale de Jean Reno.

"La Veuve rusée", mis en scène par Giancarlo Marinelli avec Caterina Murino et Sarah Biasini au Théâtre des Bouffes Parisiens. Du 10 octobre au 3 novembre. Durée de la pièce : 1h30.

"Maître obscur", de Kurō Tanino au Théâtre de Gennevilliers

La pièce "Maître obscur", de Kurō Tanino en répétitions au Théâtre de Gennevilliers. (JEAN-LOUIS FERNANDEZ)

Invité par Daniel Jeanneteau à créer un spectacle en France, Kurō Tanino reprend le thème de The Dark Master, présenté au T2G en 2018. Dans cette nouvelle création intitulée Maître obscur, le metteur en scène japonais pousse encore plus loin la réflexion sur l’emprise et la manipulation des consciences, sans jamais se départir d’un humour qui confine parfois au burlesque.

Ce nouveau spectacle a pour cadre un établissement contrôlé par une Intelligence Artificielle solitaire qui cherche en vain à imiter les capacités cognitives des êtres humains. Dans un appartement à la décoration kitsch, cinq pensionnaires participent à un programme de réadaptation à la vie quotidienne. Une voix les conduit à réaliser des choses aussi banales que boire un café, danser, nettoyer la cuisine ou cuire un steak. Progressivement, un quotidien naît, unissant les protagonistes et la voix. À la fois bienveillante et inquiétante, l’Intelligence Artificielle endosse le rôle principal d’un spectacle qui révèle les paradoxes de notre condition humaine. Dans un dispositif sonore et vidéo, Kurō Tanino interroge la dimension politique et sociétale de ces nouvelles technologies.

"Maître obscur", de Kurō Tanino, du 19 septembre au 7 octobre 2024. Durée : 1h30 au Théâtre de Gennevilliers. Dans le cadre du Festival d’Automne 2024.

"Peau d'âne - La fête est finie" d’Hélène Soulié au Théâtre de Montreuil

La pièce "Peau d'âne - La fête est finie" d’Hélène Soulié au Théâtre de Montreuil. (MARC GINOT)

La metteuse en scène Hélène Soulié s’empare de l’histoire de Peau d’âne sans l’édulcorer. Finies les jeunes filles naïves et innocentes. Avec l’écriture de Marie Dilasser, le conte prend une nouvelle tournure dans une version sensible, drôle et émancipatrice, pour toute la famille. Six comédiens sur scène jouent Peau d’âne et toute la galerie de personnages qui l’entourent, dont deux protagonistes inattendus qui deviendront les alliés de l’enfant pendant son voyage : la Belle au bois dormant et l'âne. 

Ici, pas de héros ni d’héroïnes, mais des personnages inspirés par les contes de Perrault et des frères Grimm, donnant un souffle nouveau à ces histoires anciennes. Car si Hélène Soulié invente un nouveau conte, c'est pour aborder avec finesse le sujet de l’inceste dont Peau d’âne est victime et qui, dans cette version, prend son destin en main et se résout à sortir du silence. Un spectacle pour apprendre aux plus jeunes à affronter les non-dits.

"Peau d'âne - La fête est finie", d’Hélène Soulié du 14 au 22 octobre 2024. Dès 10 ans au Théâtre de Montreuil. Durée 1h20.

  "Face à la mère", mis en scène par Guy Cassiers à la MC93 de Bobigny

Jean-René Lemoine est l’auteur et le metteur en scène de Face à la mère. Il en a aussi été l’interprète à sa création en 2006 à la MC93. La pièce raconte l’histoire d’Haïti et de ses rapports historiquement conflictuels avec la France, son ancien colonisateur, à qui les Haïtiens ont dû payer le prix de leur indépendance pendant plusieurs décennies.

Guy Cassiers se réapproprie l’histoire de Jean-René Lemoine et le convie pour cette nouvelle mise en scène. "Il est l’acteur, je suis le metteur en scène mais nous avons construit le spectacle ensemble", explique Guy Cassiers dans un entretien.

"Le texte de Jean-René Lemoine n’est pas un document historique ou un pamphlet politique. C’est avant tout le récit d’une relation mère-fils complexe qui ressurgit dans l’esprit du fils après l’assassinat particulièrement abominable de la mère. Le texte évoque aussi bien les incompréhensions, les conflits, le poids de la distance et de l’exil, que les souvenirs heureux, l’admiration mutuelle, la force de l’amour qui relie le fils à sa mère. C’est une très belle déclaration d’amour, nourrie d’un désir de réconciliation et porteuse d’espoir", résume Guy Cassiers.

"Face à la mère" de Jean-René Lemoine, mis en scène par Guy Cassiers, du 2 au 19 octobre 2024 à la MC93 de Bobigny. Durée estimée : 1h40.

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