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Rideau sur le Festival Off d'Avignon 2019 : ces pièces qu'on a aimées et qui vont tourner

Une semaine après le In, le Off d'Avignon referme ses portes dimanche 28 juillet. Voici les spectacles préférés de l'équipe de franceinfo Culture qui a couvert le festival. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Sophie Jouve, Ariane Combes, Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Entrer enfin sur le terrain et jouer, le rêve de Léa Girardet. (PAULINE LE GOFF)

Dans ce Off d'Avignon de plus en plus prolifique, 1592 spectacles cette année, émergent des pépites proposées par une nouvelle génération de théâtres soignant particulièrement leur programmation : on citera parmi ceux-ci Le Train bleu et le Gilgamesh Belleville. Dans la lignée du Théâtre de la Manufacture, ils affichent haut et fort leurs ambitions : favoriser la création et les auteurs contemporains.

Après notre bilan du In, voici donc 8 spectacles du Off qui nous ont particulièrement séduits et que vous pourrez découvrir en tournée en 2019-2020

"Le syndrome du banc de touche" : Aimé Jacquet inspire le seul en scène de Léa Girardet qui rayonne 

En proie à une crise de légitimité, la comédienne Léa Girardet s'inspire du football pour raconter avec courage et lucidité les déboires du métier d'actrice (Théâtre du Train bleu) dans Le syndrome du banc de toucheEn refusant d'abandonner ses rêves de succès habilement chorégraphiés, elle irradie. Un joli pied de nez à tous ceux qui la voyaient pour toujours sur le banc de touche. 

Le syndrome du banc de touche (PAULINE LE GOFF)

"Toutes les choses géniales" ou comment aborder le suicide et la dépression avec humour et simplicité

Comment grandir et rendre la vie supportable lorsqu'on a côtoyé de près la dépression. Le metteur en scène Arnaud Anckaert s'est emparé avec brio du texte de Duncan Macmillan (Théâtre de la Manufacture). Se baigner sans maillot, découvrir la panthère rose ou encore prendre un dessert en plat principal. Toutes les choses géniales est au départ une liste, le cadeau d'un fils à sa mère dépressive. Quelques mots pour soigner ses maux. Il s'agit aussi d'un acte de résistance d'un petit garçon de 7 ans. Ce cadeau va l'accompagner sa vie durant. Et l'aider à grandir. Seul en scène, Didier Cousin porte avec délicatesse les mots simples et touchants de Duncan Macmillan. Il tisse avec les spectateurs une relation intime et les amène en douceur à devenir eux-mêmes acteurs du spectacle. 

Didier Cousin, seul en scène pour "Toutes les choses géniales" (Bruno Dewaele)

"Les secrets d’un gainage efficace" ou la désopilante aventure du corps des femmes

Quand le collectif les Filles de Simone abordent le rapport des femmes à leur corps, les blocages, les hontes les méconnaissances qu’il véhicule, ça donne un spectacle très drôle et très instructif ! (Théâtre Gilgamesh Belleville). De la cellulite à la charge mentale du poil, de la femme potiche à Mai 68, dans Les secrets d'un gainage efficace les propos les plus documentés peuvent prendre les formes les plus cocasses. 

"Les secrets d'un gainage efficace" (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

"La Journée de la jupe", du film à la scène, une adaptation remarquable

Auteur et réalisateur de La Journée de la jupe avec Isabelle Adjani, Jean-Paul Lilienfeld adapte pour le théâtre dix ans plus tard son film dont le sujet est toujours brûlant (Théâtre du Balcon). Constamment relancée, l’action ne faiblit pas dans ce thriller social où s’entremêlent une vision de la deuxième génération issue de l’immigration, l’échec relatif du mode éducatif, l’affirmation des identités religieuses, avec comme fil rouge une vision machiste des femmes. 

Gaëlle Billaut-Danno et Sissoko Abdulah dans "La Journée de la jupe" de Jean-Paul Lilienfeld, mis en scène par Frédéric Fage. (DR)

"La Dernière bande", Denis Lavant impressionne dans un Beckett radical

"La Dernière bande", un Beckett moins connu, un seul en scène où Denis Lavant impressionne, au carrefour du clownesque et de la pantomime avec cette expressivité dont il est seul détenteur (Théâtre des Halles). Denis Lavant est ce passeur d’histoire. Son art se diffuse jusqu'au pigeonnier, par son seul regard, ses seuls traits, puis ses déplacements syncopés, au rythme de ses pas quand il part en fond de cour et que leur cliquetis résonnent. Fascinant. 

Denis Lavant dans "La Dernière bande" de Samuel Becket (PIERRE GROSBOIS  / PIERRE GROSBOIS)

"Les Filles aux mains jaunes", les prémices de la libération des femmes

Les Filles aux mains jaunes de Michel Bellier, jolie pièce à la gloire des femmes, est habilement mis en scène par Johanna Boyé (Théâtre Actuel). 1914, les hommes sont mobilisés. A l’arrière les femmes sont appelées à contribuer à l’effort de guerre. Petites souris grises réquisitionnées à la production des obus, quatre femmes vont s’affirmer, entrevoir pour elles une autre place dans la société.

"Les Filles aux mains jaunes" au Théâtre Actuel, Avignon (Fabienne Rappeneau)

"Hen", la marionnette transformiste et poétique de Johanny Bert

Hen, la nouvelle créature transformiste et poétique du marionnettiste et metteur en scène Johanny Bert interroge les questions de genre et plaide pour le droit à la différence (Théâtre du Train bleu). Hen est une diva insolente qui chante la vie, l’amour, le sexe. Femme ? Homme ? Son corps se prête à toutes les métamorphoses. Et elle a beau nous interpeller, nous bousculer, c’est son exubérance et son humanité qui nous séduisent.  

Hen, la nouvelle créature du marionnettiste Johanny Bert (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

"L’Equation" ou la drôle histoire d’un atome, du Big Bang à nos jours

Un voyage de 15 milliards d’années, un atome se souvient de tous ses avatars, depuis sa naissance jusqu’à nos jours. Fabio Alessandrini écrit, met en scène et interprète seul L’Equation (Espace Alya), le projet fou d’évoquer sur les planches une cosmogonie inspirée des lectures de Pascal, Darwin, Kafka, Calvino, Einstein, Hawking, avec à la rescousse Kubrick et Greenaway. Mais attention, rien de scolaire ici, tout est surprise, drôle, visuel et spectaculaire. 

Fabio Alessandrini, auteur, interprète et metteur en scène de "L'Equation" dans le Off d’Avignon du 5 au 23 juillet à l’Espace Alya à 20h35. (Roland Baduel)

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