"Breaking Bad" : un dernier épisode après un parcours sans faute
La chaîne AMC diffuse dimanche 29 septembre l'épilogue de sa série devenue culte en cinq saisons.
"En arrivant à la dernière page, juste avant d'écrire 'Fin', j'ai versé une larme en me disant que c'était la dernière fois que j'écrivais un épisode de 'Breaking Bad'." Le créateur de la série, Vince Gilligan, l'a confirmé début septembre à Allociné : dire au revoir à son héros, un prof de chimie cancéreux devenu baron de la drogue pour assurer l'avenir de ses enfants, a été douloureux. Qu'en sera-t-il pour les fans qui attendent fébrilement la diffusion de l'ultime épisode de la cinquième et dernière saison, dimanche 29 septembre ? Que retenir de ces cinq années plongées dans le quotidien de Walter White (interprété par Bryan Cranston), le papa de la crystal meth la plus pure sur le marché ?
Si pour l'instant nul ne sait comment se terminent les aventures de la famille White, francetv info tire les conclusions qui s'imposent : que vous aimiez ou non Breaking Bad, la série a d'ores et déjà rempli les critères d'un parcours sans faute. Voici pourquoi.
La série ne s'est pas essoufflée
Rares sont les séries qui parviennent à maintenir le spectateur en haleine jusqu'au dernier épisode. Comme la "finale" de Lost ou celle de 24 Heures chrono, l'épilogue de Breaking Bad fait l'objet de tous les pronostics. "Walt vit, mais va en prison", "Walt meurt dans une fusillade", "Walt survit, mais pas sa famille", "tout le monde meurt" ? A moins que "Walt ne se suicide" ?, imagine le site Popwatch (en anglais) d'Entertainment Weekly.
Plus rare encore, Breaking Bad détient la réputation de s'être améliorée au fil des saisons. Une trajectoire que lui aurait envié ce brave tueur en série de Dexter, dont le dénouement, diffusé dimanche 22 septembre, a été mis en pièce sur Twitter, rappelle le Huffington Post. Dexter, How I Met Your Mother, The Office... Nombreuses sont les séries de qualité qui souffrent (ou ont souffert) de la, ou les saison(s) de trop (n'est-ce pas Prison Break ? Heroes ?). Selon la formule consacrée, Breaking Bad s'arrête donc avant d'avoir "sauté par dessus le requin" (une expression qui, depuis un fatal épisode de Happy Days, se dit d'une série qui rivalise d'absurdités et incohérences, preuve que ses scénaristes sont à bout de souffle).
Les personnages ont su évoluer
Le pitch de Breaking Bad repose sur la psychologie : un prof de chimie et bon père de famille apprend qu'il souffre d'un cancer et devient, au fil des épisodes, un impitoyable dealer, obsédé par sa nouvelle fortune. Décortiquée jusque sur des sites dédiés à la psychologie (en anglais), la personnalité du héros fascine : "Il se peut que Walter ait voulu nous faire croire - et se convaincre - qu'il était un homme bien, poussé par des circonstances exceptionnelles à faire de terribles choses (...) [Mais] Breaking Bad révèle l'histoire d'un homme qui épouse sa vocation et se bat pour obtenir la place qu'il mérite dans le monde", analyse le New York Times (en anglais). Bref, une complexité à la Tony Soprano (l'impitoyable et dépressif mafieux des Sopranos) et un beau cadeau pour Bryan Cranston, jusqu'alors connu dans un registre un peu différent. Individuellement, les personnages principaux ont tous gagné en intérêt au fil des saisons. Au point d'insupporter les fans de la série, comme l'a fait l'épouse de Walter, Skyler White. En août, l'actrice Anna Gunn a signé une tribune dans le New York Times pour défendre son personnage de femme forte, rappelle Metronews. Elle s'y compare à Sue Ellen (Dallas) et Carmela Soprano. Belle revanche : la comédienne a été récompensé d'un Emmy, dimanche.
"Merci de ne pas m'avoir tué !", avait pour sa part lancé en 2012 l'interprète de Jesse Pinkman, Aaron Paul, alors sacré meilleur second rôle. Son personnage, qui n'était pas censé survivre à la saison 1, a évolué en parallèle de Walter White : mauvaise graine, il manifeste une étonnante prise de conscience en milieu de saison 4. Un parcours un peu violent, a noté le site Slate (vidéo ci-dessous), pour ce personnage devenu culte grâce à son élégant tic de langage.
Autant de traits de caractère qui font des personnages de Breaking Bad de potentiels costumes d'Halloween. Un masque à l'effigie de Walter porté par Bryan Cranston a déjà été vendu plus de 22 700 dollars (16 500 euros).
Le succès est critique
Breaking Bad est tellement appréciée qu'elle fera son entrée dans le Guinness Book des records en 2014. Elle y sera sacrée pour... son exceptionnelle cote d'amour. Il s'agit de la première série à obtenir la note de 99% sur le site metacritic, lequel compile les notes attribuées aux œuvres dans la presse. Preuve ultime que "tout le monde aime 'Breaking Bad'", ceux qui n'ont pas été séduits vivent baillonnés dans les tréfonds de l'internet : d'où ils argumentent avec prudence ("avant que vous ne vous mettiez à hurler" - en anglais -) et appellent désespérément à la lucidité collective face à la "vache sacrée de cet égoût putride qu'est la télévision moderne" (en anglais).
Multi-nominée dans diverses catégories en cinq saisons d'existence, la série s'est achevée en beauté, remportant l'Emmy Awards de la meilleure série dramatique, dimanche 22 septembre. Une récompense sur le tard dans une catégorie longtemps squattée par Mad Men, la chouchoute des gens "de goût".
Le succès est aussi populaire
Et les gens "normaux" ? Ils adorent aussi, la preuve en suggestions. Là ou les séries, même extrêmement populaires (comme la plus téléchargée, Game of Thrones, ou la plus regardée sur une chaîne payante, The Walking Dead) sont questionnées sur leur qualité, Breaking Bad est encensée par une majorité d'internautes.
Pour cet épisode final, la série devrait battre son record d'audience : 8 millions de téléspectateurs américains sont attendus devant leur poste dimanche soir, estime le magazine Forbes (en anglais). De mémoire de télé cablée, c'est moins que les derniers épisodes des Sopranos et de Sex and The City, explique le site économique, toutefois incapable de savoir combien de non-Américains téléchargeront (largement illégalement, ne soyons pas hypocrites) l'épisode dans les minutes qui suivront sa diffusion aux Etats-Unis.
Par ailleurs, les places pour la projection exceptionnelle de l'épisode final, organisée dans un cimetière de Los Angeles reconverti en cinéma de plein air, se sont écoulées en 2 minutes chrono. Les plus dangereux accros pouvaient cependant tenter de racheter le sésame pour un petit millier de dollars sur eBay, selon The Hollywood Reporter (en anglais).
Comble du succès, la série a réussi à booster l'activité touristique de la ville d'Albuquerque (Nouveau Mexique, Etats-Unis) où se déroule l'action, rapporte le site du Guardian (en anglais). Pas mal pour une œuvre centrée sur le trafic de crystal meth. D'ailleurs, n'hésitez pas si vous passez dans le coin à tenter le produit du savoir-faire local : les sels de bains en sachet, estampillés Breaking Bad. 100% légal, "bitch".
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