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"Touche pas à mon poste" : l'altercation entre Cyril Hanouna et Louis Boyard, du "jamais-vu à la télévision", selon un historien des médias

Selon Alexis Lévrier, le violent échange entre l'animateur et le député du Val-de-Marne montre que tous les bords politiques ne sont pas traités de la même manière sur le plateau de l'émission de C8.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'animateur Cyril Hanouna, sur le plateau de "Touche pas à mon poste" en mars 2022. (LP/OLIVIER LEJEUNE / MAXPPP)

L'émission Touche pas à mon poste (TPMP) de jeudi 10 novembre, sur la chaîne C8, a viré à "une espèce de mise à mort symbolique", estime l'historien des médias Alexis Lévrier, vendredi 11 novembre sur franceinfo. Pour lui, la violente altercation entre le présentateur, Cyril Hanouna, et le député La France insoumise (LFI) Louis Boyard est comparable à "une corrida" dans laquelle ce dernier "a été jugé par non seulement les chroniqueurs mais même par le public". L'élu du Val-de-Marne a en effet quitté le plateau "sous les huées".

Le chercheur revient sur le moment où l'ambiance a changé : quand Louis Boyard a critiqué le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, auquel appartient C8. "C'est comme s'il avait ouvert une boîte de Pandore, comme s'il avait prononcé le mot qu'il ne fallait pas prononcer, la séquence a dérapé vers quelque chose qu'on avait jamais vu dans TPMP, et à mon avis jamais vu à la télévision", assure-t-il. Cyril Hanouna a notamment traité son ancien chroniqueur d'"abruti" et de "tocard".

L'extrême droite "bien reçue", LFI recherche "la conflictualité"

Pour Alexis Lévrier, cette séquence montre une fois de plus que les politiques ne sont pas tous traités de la même manière, dans cette émission. "La violence se manifeste souvent à l'égard de figures de gauche", assure-t-il, alors que "les figures d'extrême droite sont très bien traitées dans TPMP". En effet, "le groupe Bolloré est au service d'une croisade idéologique", souligne-t-il.

Il prend l'exemple de Jordan Bardella, le nouveau président du Rassemblement national, reçu lundi 7 novembre "pendant un quart d'heure il a pu s'exprimer sans aucune difficulté, on lui donnait du 'M. le président', c'était amical, c'était courtois", observe Alexis Lévrier.

Dans le même temps, il pointe "l'ambiguïté originelle" des Insoumis. "Ils sont très à l'aise avec ce format" d'émission qui "favorise la conflictualité", dit-il. Il cite l'exemple du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui "lui-même recherche constamment la conflictualité".

Pour le mouvement politique, l'animateur est toutefois allé trop loin. "Nous saisissons l'Arcom", le gendarme de l'audiovisuel, a déclaré la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, jeudi soir sur Twitter, après cette violente altercation.

L'Arcom a "une vraie responsabilité dans cette dérive", selon Alexis Lévrier. En effet, "les sanctions à l'égard du groupe Bolloré" pour des dérapages dans l'émission "ont été pour l'instant uniquement symboliques". Or, "il y a des moyens de sanction : on peut menacer, par exemple, une chaîne de la priver de son canal ou de le changer".

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