Ariège : ce que l'on sait de la mort de l'ourse abattue par un chasseur après une attaque
Un chasseur a été mordu et sévèrement blessé aux jambes. Il affirme avoir tué l'animal en tirant à deux reprises avec son fusil de chasse.
C'est un affrontement qui relance les débats sur la cohabitation entre l'homme et l'ours en montagne. Samedi 20 novembre, un chasseur a tué une ourse lors d'une partie de chasse à Seix (Ariège). L'homme de 78 ans a été violemment mordu par l'animal avant de l'abattre, à l'aide de son fusil de chasse. Blessé aux jambes et transporté à l'hôpital, il est désormais hors de danger. Franceinfo fait le point sur les premiers éléments de l'affaire.
Le groupe de chasseurs traquait le sanglier
Les faits se sont produits dans une forêt de Seix, une commune rurale située à 60 km à l'ouest de Foix, dans une zone très escarpée à 1 200 m d'altitude. Un groupe de chasseurs traquait le sanglier dans le secteur dit "du Couserans" lorsque l'un d'entre eux a été attaqué par une ourse accompagnée de ses deux petits, rapporte France 3 Occitanie. Le septuagénaire a été mordu aux jambes et dit avoir tué l'ourse en tirant à deux reprises avec son fusil de chasse.
"Il est grièvement blessé, il a les jambes déchiquetées, le péroné cassé et l'artère fémorale touchée", a détaillé Jean-Luc Fernandez, président de la Fédération de chasse de l'Ariège, à France 3 Occitanie. D'après les premiers témoignages, l'ourse a traîné le chasseur sur plusieurs mètres avant que celui-ci ne parvienne à l'abattre. Il a ensuite été secouru par les autres chasseurs et a été rapidement évacué vers l'hôpital de Foix. "Son pronostic vital n'est pas engagé", a déclaré Léa Filippi, substitut du procureur du parquet de Foix.
La présence d'ours avait été signalée
Comme l'a rapporté sur Facebook l'association Pays de l'ours-Adet, une ourse baptisée "Caramelles" et ses deux petits avaient été repérés par une caméra à Seix le 11 octobre dernier. Rien ne prouve pour l'instant qu'il s'agit de la femelle tuée ce week-end, ni même que ces ours étaient restés sur le territoire de la commune depuis cette date.
Les associations de protection des ours sont vent debout après cet incident, car "la détection d'une présence d'ours avérée" doit normalement entraîner la "suspension des chasses en battue", souligne France 3 Occitanie, qui cite l'arrêté préfectoral du 10 mai 2021 régissant l'ouverture de la chasse en Ariège. Pour Jean-Luc Fernandez, cette mesure est "inapplicable" car les ours "sont présents partout".
Une enquête judiciaire a été ouverte
La préfecture de l'Ariège a déclaré qu'une enquête judiciaire était ouverte pour en savoir plus sur les circonstances de cet accident. Une carcasse d'ourse a été retrouvée "en contrebas du lieu où a été trouvée la victime", précisent les autorités, qui privilégient pour l'instant la thèse d'un accident lié à la rencontre entre l'homme et l'animal.
L'enquête a été confiée à la brigade de recherche de Saint-Girons et des auditions avaient déjà eu lieu ce dimanche 21 novembre, rapportent France 2 et France 3 Occitanie. La carcasse a depuis été hélitreuillée et transportée à l’école vétérinaire de Toulouse pour être autopsiée, selon France 2. La préfète de l'Ariège a annoncé qu'un préfet spécialement nommé pour la question de l’ours arrivera lundi sur place.
Les associations veulent stopper les battues
Sur les réseaux sociaux, les associations de défense de l'ours exhortent les autorités à suspendre les battues dans le secteur, le temps que les deux oursons orphelins, capables de "se débrouiller seuls à cet âge", fassent leur entrée en tanière pour hiberner. "Nous appelons les chasseurs de la vallée à la plus grande vigilance envers ces oursons inoffensifs et encore fragiles", a déclaré l'association Pays de l'ours-Adet sur son site.
"Depuis 2020, c'est le quatrième ours tué dans le massif des Pyrénées [deux en Espagne et deux en France] et les trois premiers ont été tués dans l'illégalité", regrette Sabine Matraire, présidente de l'association. Une soixantaine d'ours vivent actuellement dans les Pyrénées. Cette population est issue d'un programme d'introduction dans ce massif d'ours venus de Slovénie qui remonte aux années 1990.
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