Derrière les plans sociaux, les cent visages du chômage
Les licenciements collectifs focalisent l'attention des médias mais ne représentent qu'une petite partie du nombre des sans-emploi.
SOCIETE – Neuf cents suppressions de postes chez Sanofi, 8 000 chez PSA Peugeot Citroën, 288 emplois menacés chez Conforama, comme le rappelait au début du mois Le Figaro… Depuis plusieurs mois, dans les médias, le sujet de l'emploi rime avec plans sociaux. Mais si les licenciements collectifs concentrent l'attention, ils ne représentent pourtant qu'une petite part des chômeurs.
Alors que le ministre du Travail, Michel Sapin, a pointé du doigt, mercredi 26 septembre, les "plans sociaux retardés" pour expliquer les mauvais chiffres de l'emploi (3 011 000 chômeurs de catégorie A en août), FTVi tente de décrypter le vrai visage du chômage en France.
Quelle est la part du chômage liée aux licenciements économiques ?
Elle est faible. Selon les derniers chiffres disponibles, les licenciements économiques, qu'ils soient individuels ou collectifs, représentent même le dernier motif d'inscription à Pôle emploi. En juillet, ils ne représentaient que 2,7%, soit 13 600 personnes (document PDF).
Ce chiffre est toutefois un peu trompeur, comme l'indiquait en mai La Tribune. Tout licencié économique peut ainsi bénéficier durant un an de 80% de son ancien salaire, en échange d'une obligation de formation. Durant cette période, il n'est pas comptabilisé comme chômeur. En juillet, 89 295 personnes étaient dans ce cas, selon le ministère (document PDF, rubrique "accompagnement des licenciements économiques").
Qu'est-ce qui représente le "cœur" du chômage ?
Bien plus nombreux sont ceux qui franchissent la porte de Pôle emploi après la fin d'un CDD ou d'une mission d'intérim. En juillet, respectivement 25,2% et 6,5% des nouveaux entrants étaient dans ces cas. "Sur le seul mois de juin, il y a eu près de 160 000 entrées au chômage pour cause de fin de CDD (126 000) et de contrat d’intérim (33 400)", expliquait en août Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), à La Croix. "En moyenne, cela concerne chaque jour 5 000 personnes, soit autant que le plan social de Peugeot en deux jours."
Restent enfin les "autres cas", qui concernaient 41,5% des entrées à Pôle emploi en juillet. Là, ça se complique : cette catégorie regroupe aussi bien les licenciés économiques en formation évoqués plus haut que des chômeurs qui s'inscrivent après une rupture conventionnelle de leur contrat (28 083 personnes en juin, selon le ministère). Une bonne partie des cas restants (environ 90 000 cas) est plus floue : contacté par FTVi, le ministère du Travail indique qu'il s'agit de demandeurs d'emploi n'ayant pas ou ayant mal renseigné leur situation précédente au moment de l'entrée à Pôle emploi.
Ceux qui ne sont pas pris en compte
Certains chômeurs échappent au décompte tenu par l'Insee, qui sert de référence. L'Institut ne mesure en effet le chômage qu'au sens retenu par le Bureau international du travail (BIT), qui regroupe trois critères, comme l'indique le ministère du Travail. Est ainsi comptabilisé comme chômeur celui qui n'a pas du tout travaillé lors de la semaine du sondage, qui est disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a entrepris des démarches actives de recherche d’emploi dans le mois précédent. Cela correspond à la catégorie A de Pôle emploi.
Cela écarte des statistiques un nombre important de personnes, comme celles qui disposent d'une activité réduite tout en cherchant un emploi, les licenciés économiques en formation ainsi que les personnes sans travail mais non immédiatement disponibles. Ils sont regroupés dans les catégories B, C, et D de Pôle emploi. Ils étaient en juillet (document PDF) 1 642 800, rien qu'en France métropolitaine. A ceux-là s'ajoutent les personnes sans emploi non inscrites à Pôle emploi, dont le nombre est difficilement quantifiable.
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