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Des militants PS doutent de la légalité du parachutage de Royal

A La Rochelle, certains socialistes aimeraient contester devant les tribunaux l'arrivée imposée par le parti de la présidente de Poitou-Charentes dans leur circonscription.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ségolène Royal rencontre des élus locaux et des syndicats de l'entreprise ArcelorMittal à Gandrange (Moselle), le 24 septembre 2011.  (EMILE POL / SIPA)

A La Rochelle, les militants socialistes ne décolèrent pas. Deux jours après que la direction nationale du PS a décidé d'imposer la candidature de Ségolène Royal aux législatives dans leur circonscription, certains mettent en doute la légalité du parachutage de la présidente de la Région Poitou-Charentes, initialement implantée dans le département voisin des Deux-Sèvres.

"Des militants n'excluent pas de porter l'affaire en justice", rapporte Le Monde daté du vendredi 25 novembre. "Certains me l'ont effectivement demandé", confirme à FTVi le patron de la fédération socialiste de Charente-Maritime, Olivier Falorni, qui souhaitait lui-même se présenter dans cette circonscription.

"Peut-être illégitime, mais illégal, non !"

Cités dans Le Monde, Philippe Marchand, ancien président de la commission nationale des conflits du PS, et Jean-François Merle, membre de cette même commission, doutent ouvertement de la légalité de la démarche. "Aucune disposition statutaire n'autorise la direction nationale à attribuer nominativement une circonscription à une personne donnée", affirme Jean-François Merle, également secrétaire de la fédération socialiste de Charente-Maritime.

Des affirmations que contredit Bernard Pignerol, qui préside la commission nationale des conflits depuis trois ans et en est membre depuis quinze. Contacté par FTVi, il estime que "la démarche est peut-être illégitime, mais illégale, non !" Et d'évoquer un cas de figure similaire où un militant avait saisi les tribunaux, reprochant au Parti socialiste d'imposer une candidature féminine. Ce qui écartait de fait la sienne. "Aucune disposition statutaire ne l'autorise, certes, mais aucune ne l'interdit non plus. Dès lors, la justice a estimé que la décision revenait au parti et ne la concernait donc pas : le plaignant a été débouté. On est dans le même cas de figure", explique Bernard Pignerol.

"La direction du PS a fait suffisamment de dégâts comme ça"

De toute façon, Olivier Falorni a beau dénoncer un "scandale démocratique", il ne souhaite pas pour autant entamer une action en justice. Victime du parachutage de Ségolène Royal, l'adjoint au maire de La Rochelle estime que "la direction du PS a déjà fait suffisamment de dégâts comme ça"

Il assure "entrer en résistance" face aux méthodes"hallucinantes de mépris" de la direction du Parti socialiste. Et réfléchir "avec les militants" à une éventuelle candidature dissidente. Mais une telle démarche l'excluerait de facto du PS, comme les statuts de la formation le prévoient. Il n'y a donc que peu de chances pour que Falorni affronte Royal au premier tour des législatives. Il ne se fixe d'ailleurs aucune échéance pour prendre sa décision.

Secrétaire de la section socialiste de La Rochelle, et initialement candidate, elle aussi, à l'investiture, Nanou Jamouillé appelle, elle, à tourner la page. "Nous devons ravaler notre orgueil et notre rancœur et ne pas oublier que notre but est de faire gagner la gauche." Seule certitude : "En juin prochain, Ségolène Royal devra faire campagne avec le soutien d'une minorité de militants", prévient Falorni. 

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