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DSK : "Qu'on me laisse tranquille !"

Dans un entretien au "Point", l'ancien patron du FMI s'en prend aux médias et se défend dans l'affaire du Carlton de Lille.

Article rédigé par franceinfo
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Dominique Strauss-Kahn à Sarcelles (Val-d'Oise), le 6 mai 2012. (THOMAS SAMSON / AFP)

DSK – Que devient Dominique Strauss-Kahn ? Dans une interview accordée au magazine Le Point à paraître jeudi 11 octobre, l'ancien directeur général du FMI sort de son silence, dix-sept mois après l'affaire du Sofitel. Il revient longuement sur sa chute, sur l'affaire du Carlton de Lille, s'interroge sur son avenir, mais surtout, demande à ce qu'on "le laisse tranquille". Voici ce qu'il faut retenir de cette interview.

"Inacceptable qu'on piétine ma vie privée"

"Je n'ai jamais été condamné, ni dans ce pays, ni dans aucun autre. Par conséquent, rien ne justifie que je sois devenu l'objet d'une traque médiatique qui, certains jours, finit par ressembler à une chasse à l'homme." Dominique Strauss-Kahn exprime son ras-le-bol vis-à-vis des médias. "Je ne supporte plus qu'on s'arroge le droit d'abuser de ma situation et des enquêtes judiciaires qui me visent – à tort – pour bafouer ma privée et en livrer aux quatre vents des lambeaux réels ou inventés, au prétexte de je ne sais quelle transparence moralisatrice. Qu'on me laisse tranquille !", réclame l'ancien patron du FMI.

"Je ne suis plus un politique mais pas non plus un 'people'", prévient-il, regrettant qu'"un photographe guette en bas de chez [lui] un jour sur deux""Ce qui est inacceptable, affirme-t-il, c'est qu'on piétine ma vie privée et celle de tous ceux qui me croisent ou me fréquentent."

DSK n'est pas tendre avec Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes au Monde et auteures du livre Les Strauss-Kahn. Elles "ont ramassé tous les ragots qui circulent sur mon compte depuis des années – faux pour la plupart. Elles ont inventé des scènes, additionné des pseudo-confidences, repris des vieilles affaires dans lesquelles j'ai été soupçonné ou poursuivi, mais sans insister sur le fait que j'ai toujours été innocenté", dénonce-t-il.

"Je n'ai jamais mis les pieds au Carlton"

Sur l'affaire du Carlton de Lille, dans laquelle il est mis en examen pour "proxénétisme en bande organisée", DSK se dit innocent. "Je n'ai jamais mis les pieds dans cet hôtel. La réalité, c'est qu'un de mes copains organisait des soirées auxquelles j'ai participé. Comme il y avait des prostituées, me voilà accusé d'avoir conçu un réseau de prostitution à mon service, donc d'être un proxénète - c'est aussi artificiel qu'absurde. J'ai dit et je répète que j'ignorais que certaines de ces femmes étaient payées pour être là. Elles l'ont dit, elles aussi devant la justice : elles avaient même pour consigne de ne rien m'en dire."

Sofitel : "Le procès civil m'empêche de dire ma vérité"

DSK ne s'étend pas sur l'affaire du Sofitel. "Les contraintes du procès civil m'empêchent de dire ma vérité", explique-t-il, se disant "le premier à en être frustré". Il dit pourtant regretter s'être livré, en septembre 2011 au JT de TF1. Il avait alors parlé de "relation inappropriée", de "faute morale" mais "sans contrainte, ni violence, ni agression". Et DSK de refaire l'interview : "Quand Claire Chazal m'a posé la question, j'aurais dû lui répondre : ça ne vous regarde pas. L'essentiel, c'est que ce qui s'est passé ne tombe pas sous le coup de la loi. Le reste ne regarde personne."

L'ex-directeur du FMI déplore que la procédure civile lancée par Nafissatou Diallo lui coûte très cher. "Aux Etats-Unis, on n'intente un procès de ce type qu'à quelqu'un qui est riche. Les avocats de la plaignante ont cru que je l'étais. Je ne le suis pas", assure-t-il.

La prison, "avec des chaînes aux pieds"

Dominique Strauss-Kahn se souviendra longtemps de son séjour de quatre nuits à la prison de Rikers Island, à New York. "C'était incroyablement dur, confie-t-il. Il a suffi que je demande un somnifère pour arriver à dormir et je me suis retrouvé dans le pavillon réservé aux suicidaires. Je n'avais pas droit à des vêtements normaux – pas même l'uniforme orange des prisonniers ; juste une sorte de robe, comme dans un hôpital. Et je ne pouvais me déplacer hors de ma cellule qu'avec des chaînes aux pieds."

Malgré tout, il estime que tout n'est pas à jeter dans la justice américaine. "C'est un système qui fonctionne. On vous jette en prison, on vous humilie – j'en sais quelque chose – mais le procureur est capable, après un mois et demi d'enquête, d'écrire qu'il s'est planté et d'abandonner les poursuites. En France, on a sans doute plus d'égards ; mais deux ans après, on y est encore…"

Sa carrière, "entravée par sa situation"

DSK reconnaît avoir "causé une double déception aux Français", notamment "à ceux qui ont été déçus qu'à cause de mon comportement je n'aie pas été en situation de faire mon devoir". Il jure toutefois n'avoir pas rêvé de l'Elysée. Il confie avoir dit un jour à Nicolas Sarkozy, alors qu'il était encore le patron du FMI : "A l'Elysée, tu as 80% d'emmerdements, 20% de trucs passionnants. Moi, au FMI, c'est l'inverse."

Son avenir s'écrit en pointillés. Un retour aux affaires paraît totalement exclu. DSK pense que sa vie personnelle "était trop en décalage avec la société française pour un responsable politique". "Je me suis trompé", en conclut-il.

Lui qui "s'interdit tout commentaire sur la situation française et le gouvernement" se verrait plutôt s'investir "dans de grands projets internationaux (…) qui pourraient changer la vie des gens, dans des endroits du monde qui ont besoin d'aide". Mais pour l'instant, confie-t-il, il est "encore entravé par [sa] situation".

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