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A Florange, syndicats, agriculteurs et élus n'épargnent pas François Hollande

Dans la région, beaucoup ne digèrent pas la fermeture du dernier haut-fourneau, celui-là même que François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, avait promis de sauver en février 2012.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Hollande rencontre la direction et les partenaires sociaux de l'usine ArcelorMittal, à Florange (Moselle), lundi 24 novembre 2014.  ( AFP )

Pour la troisième fois en trois ans, François Hollande prend la parole à Florange (Moselle), lundi 24 novembre. Dans ce haut lieu de la sidérurgie marqué par l'extinction de ses hauts-fourneaux en avril 2013, le chef de l'Etat a promis d'assurer l'"avenir industriel" de la région. 

Inaugurant dans la commune voisine d'Uckange une plateforme publique de recherche et de développement industriel baptisée "Métafensch", le président s'est montré optimiste, alors qu'une "solution" a été trouvée pour les 629 salariés des hauts-fourneaux. 

Mais dans la région, beaucoup ne digèrent pas la fermeture du dernier haut-fourneau, celui-là même que François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, avait promis de sauver en février 2012. Francetv info revient sur ces acteurs locaux bien décidés à jouer les trouble-fêtes.

Aurélie Filippetti, l'élue locale déçue

L'ex-ministre de la Culture et députée PS de la circonscription de Florange, Aurélie Filippetti, a accueilli le président à Uckange. Mais plus tôt, sur France Info, elle n'a pas manqué de déplorer à nouveau la fermeture des hauts-fourneaux. "Cela a été un tournant dans le quinquennat, a-t-elle assuré. Le quinquennat de François Hollande n'aurait pas eu le même visage s'il s'était battu jusqu'au bout pour la position qui était possible de la nationalisation temporaire des hauts-fourneaux. C'était un espoir pour tous les Français." 

Le fait que la commune voisine de Hayange soit tombée dans l'escarcelle du FN en mars "est une tragédie politique", conséquence du "manque de volontarisme" du chef de l'Etat, a ajouté l'ancienne ministre. Elle a martelé que la création du centre de recherche, ainsi que l'obtention de nouveaux investissements, résultaient du "combat des salariés et des syndicalistes".  

Des syndicalistes en colère

Deux syndicats, la CGT et FO, ont refusé de rencontrer le chef de l'Etat au cours de sa visite. Le premier appelant à la "mobilisation" et le second "à l'indifférence". Selon la police, une trentaine de manifestants avaient répondu à l'appel de la CGT lundi matin. Une journaliste de Paris Match en compte une cinquantaine. 

"[François Hollande] n'est pas le bienvenu", a assuré le représentant FO à Florange, Walter Broccoli, sur RMC. "Parce qu'on a l'impression qu'il profite encore de nous pour redorer son blason, pour montrer que tout va très bien à Florange. Si on oublie qu'on a fermé les hauts-fourneaux, une aciérie, alors on peut considérer que tout va très bien. Mais on ne nous dit pas tout," a-t-il poursuivi, jugeant François Hollande "responsable de la condamnation à mort de Florange". "J'ai honte d'avoir ce président de la République" a-t-il encore déclaré à l'antenne de France Bleu Lorraine. 

"Nous, on aurait voulu bousculer le protocole et discuter avec lui sous une tente d'ouvriers (...)", a fait valoir Lionel Burriello (CGT) au micro de la radioApprenant que le président était passé par une porte de derrière pour ne pas croiser le chemin des manifestants, il s'est indigné : "Ça montre un signe de faiblesse de sa part, ne pas se montrer, ne pas faire face au monde ouvrier qui a su l'élire à l'époque, c'est affligeant (...)."

Plus nuancé, l'ex-leader CFDT de Florange, Edouard Martin, devenu entre-temps député européen PS, a déclaré être "déçu par la position de François Hollande de fermer les hauts-fourneaux". Toutefois, il a salué les "180 millions d'euros d'investissements [réalisés] à Florange" et qui ont permis de "sauver plus de 2 000 emplois". "On ne s'est pas battus pour rien", a-t-il souligné.

Des "non reclassés" en attente "d'un vrai boulot"

François Hollande a rencontré des salariés. Sur 629, "aujourd’hui, 327 ont été reclassés sur la partie froide du site, une poignée à l’extérieur du groupe. Et 268 sont partis à la retraite. Reste une douzaine de salariés en attente", a détaillé Libération, dimanche.Francisco Lopera, délégué CGT, fait partie de ces "non reclassés"Après six mois de formation, "on m’a dit que je ne convenais pas, que je n’étais plus assez motivé… Depuis, je vais toutes les trois semaines à la cellule mobilité", raconte-t-il au quotidien, demandant "un vrai boulot".

Si le message des salariés est majoritairement positif, relève une journaliste de Paris Match sur place, la question des salariés employés par les sous-traitants constitue le point noir de cet échange : eux n'ont pas été reclassés. "Ce sont ces salariés-là qui ont été laissés de côté", déplore un employé. Et le président acquiesce

Des agriculteurs et des salariés d'Ecomouv' en colère

Ils ont peur d'être les prochaines victimes d'un drame social semblable à celui vécu par les salariés de la sidérurgie dans la région. Ils profitent donc de la visite du président pour jouer les trouble-fêtes. C'est le cas des agriculteurs, qui entendent "sensibiliser" le président à leur cause. A proximité du site, ils ont fait passer leur message en faisant brûler des pneus et en projetant du lisier sur les véhicules de CRS. 

Enfin, une délégation des 157 salariés d'Ecomouv' de Metz avait l'intention de venir à Uckange pour interpeller le président sur leur sort. Leur avenir est en effet très incertain depuis l'abandon de l'écotaxe par le gouvernement, en octobre. 

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