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"Chaque année, les émissions carbone par passager baissent de 1,5 à 2%" selon un expert en aéronautique

Le spécialiste du transport aérien Paul Chiambaretto estime qu'il y a "des efforts qui sont réalisés par les constructeurs" aéronautiques, en matière environnementale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un Boeign 737 800, lors d'un vol aux Etats-Unis. (JIM WATSON / AFP)

"Il y a à mon sens, une mauvaise prise en compte des efforts qui sont réalisés par le transport aérien en matière environnementale", a défendu samedi 1er juin sur franceinfo, Paul Chiambaretto, professeur à la Montpellier Business School, chercheur associé à l’Ecole polytechnique et spécialiste du transport aérien, alors que se tient le sommet mondial du secteur à Séoul en Corée du Sud, jusqu'au 3 juin. Il estime qu'il y a eu "une baisse de 25% des émissions par passager aérien", en France dans "les 17 dernières années".

franceinfo : La honte de prendre l'avion est un mouvement qui se développe notamment sur les réseaux sociaux, où des militants écologistes critiquent l'empreinte carbone de l'avion. Quel est l'impact de ce mouvement qui a vu le jour en Suède ?

Paul Chiambaretto : Pour l'instant, l'impact est difficile à mesurer au niveau des régulateurs du trafic aérien suédois. La seule chose que l'on a pu voir c'est qu'il y a une réduction dela croissance du trafic aérien en Suède avec une croissance qui est comprise entre 1 et 2% alors qu'elle était un peu plus forte les années précédentes. Maintenant il y a différents facteurs qui peuvent expliquer cette réduction de la croissance, il est donc difficile de quantifier l'impact de la honte de prendre l'avion sur le trafic aérien suédois. Les passagers loisirs représentent 60 à 70% des passagers aériens. On a toujours entre 30 et 40% des passagers qui voyagent pour motifs professionnels. Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a à mon sens, une mauvaise prise en compte des efforts qui sont réalisés par le transport aérien en matière environnementale. Il y a un gros travail à faire de la part des compagnies aériennes pour expliquer tous les efforts qui sont réalisés.

Selon vous, les compagnies aériennes sont plus vertueuses qu'hier en matière d'environnement ?

Actuellement le transport aérien, c'est environ 2% des émissions de carbone au niveau du monde. Si on prend les 17 dernières années, en France, le transport aérien a augmenté de 60% alors que dans cette même période les émissions carbone n'ont augmenté que de 15%. Ce qui veut dire qu'on a une baisse de 25% des émissions carbone par passager. En gros, chaque année, les émissions carbone par passager baissent de 1,5 à 2%. Il y a des efforts qui sont réalisés par les constructeurs et qui fonctionnent déjà. Le transport aérien peut contribuer au développement d'un pays. Il y a des études qui montrent que plus le transport aérien est développé dans un pays, plus celui-ci va pouvoir générer d'activités et d'emplois.

Le kérosène n'est pas taxé, contrairement au diesel. Cette idée pourrait-elle rendre les compagnies aériennes plus respectueuses de l'environnement ?

La non-taxation du kérosène, c'est un acquis historique du transport aérien et qui a pour effet de taxer différemment le secteur. En contrepartie, le transport aérien doit s'autofinancer même pour des missions régaliennes comme la sûreté, quand vous passez la sécurité à l'aéroport. Faudrait-il faire payer cette taxe kérosène seulement aux compagnies françaises ou aux compagnies européennes, ou au niveau mondial ? Dans une logique d'équité, il faudrait que ce soit l'ensemble des compagnies aériennes qui la payent. Faute de quoi, on risque de pénaliser les compagnies aériennes, françaises et européennes. Le secteur du transport aérien représente entre 3,5 et 4% du PIB mondial. En France, ça représente 1,1 million d'emplois directs et indirects. Au niveau mondial, c'est entre 60 et 65 millions d'emplois qui seraient impactés. 

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