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Affaire BNP Paribas : Obama refuse de s'en mêler

A François Hollande qui jugeait les sanctions américaines contre BNP Paribas "totalement disproportionnées", Barack Obama a répondu à distance que la tradition voulait que "le président ne se mêle pas des affaires de justice". Du moins, officiellement...
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Autour d'Obama, Stephen Harper, Herman Van Rompuy, Angela Merkel et David Cameron © REUTERS/Yves Herman)

"La tradition aux Etats-Unis est que le président ne se mêle pas des affaires de justice" . Voilà comment le président américain a botté en touche, et répondu à une question jeudi, en marge du sommet du G7, sur les sanctions que la justice américaine pourrait infliger à la banque française BNP Paribas. "J'ai un département de la Justice qui est indépendant. Ce n'est pas une posture exceptionnelle de ma part. La tradition est peut-être différente dans certains pays" .

On est loin, très loin de la position française : François Hollande avait parlé mercredi de sanctions "totalement disproportionnées, injustes" . Comme, en pareil cas, chaque mot compte, on se doute bien que les paroles n'ont pas été prononcées à la légère. Ce jeudi encore, il a ajouté : "Je me suis déjà exprimé en disant que la France respectait les procédures existant aux USA mais qu'il devait y avoir des proportions, des considérations qui vont au-delà du constat des faits" .

Plus largement, lors du premier jours du sommet du G7 mercredi, à Bruxelles, François Hollande s'était un peu expliqué. "Je respecte la justice américaine, mais en même temps (...) rien ne doit compromettre le partenariat entre la France et les Etats-Unis, car nous sommes engagés dans d'autres discussions et nous attendons la réciprocité."

Dîner à Paris

Michel Sapin, son ministre de l'Economie, a explicité sa pensée, dans un entretien au journal Le Monde de jeudi. "Cette affaire peut servir de déclencheur, pour les pays dont les grandes banques internationales sont susceptibles d'être à leur tour concernées par des procédures américaines". Le Crédit Agricole, la Société Générale, la Deutsche Bank ou encore Unicredit sont dans le viseur des Etats-Unis pour les mêmes faits.

Pis, Michel Sapin estime même que le contentieux pourrait "affecter " les négociations en cours entre l'UE et les Etats-Unis, sur l'accord de libre-échange. La menace est à peine voilée...

Accusée d'avoir enfreint l'embargo américain en réalisant des opérations en dollars avec des pays comme l'Iran ou le Soudan, BNP Paribas risque une amende record, qui pourrait avoisiner les 10 milliards de dollars selon la presse américaine, ainsi qu'une suspension temporaire de certaines de ses activités.

C'est dans ce contexte que les deux hommes se retrouvent à Paris, jeudi en fin de journée, pour dîner. Obama est l'un des prestigieux invités du 70e anniversaire du Débarquement. Mais le dossier BNP Paribas pourrait bien s'inviter à table, loin des micros et des déclarations officielles.

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