Apple : la vie sans Jobs
Premier jour de l'après Steve Jobs à Cupertino, Californie. Et déjà, tout ne va pas très bien. Il y a le deuil bien-sûr. Véritable père, héros, figure tutélaire et charismatique d'Apple, le grand sorcier de l'informatique laisse des salariés sous le choc, comme orphelins. Mais il y autre chose. Une menace qui plane : celle de redevenir comme tout le monde. Juste un géant informatique comme un autre, lancé dans l'éternelle course au profit, la ronde sans fin des sociétés capitalistes.
Que se passera-t-il si l'âme d'Apple s'envole avec celle de Steve Jobs ? Concrètement, la firme à la pomme risque de perdre ce coup d'avance, ce trait de génie, qui mettait ses concurrents knock-out, et qui semble avoir été l'apanage de son co-fondateur. “Apple n'a plus quelqu'un d'aussi créatif et ambitieux que Jobs sur lequel compter”, s'inquiète un analyste coréen. Et en Corée justement, Samsung, le concurrent le mieux placé, a salué la mémoire du défunt, tout comme Amazon, Google ou Sony. Si personne n'a le droit de leur reprocher de verser des larmes de crocodile, tout le monde sait qu'ils en ont les dents. Business is business, c'est comme ça. Et ils ne comptent pas rester respectueusement les bras croisés.
Samsung, Google, Microsoft et les autres...
Samsung réussit à exister sur le marché des tablettes numériques avec son Galaxy Tab, qui concurrence l'iPad. C'est déjà une performance. Le groupe coréen est aussi le fournisseur du californien pour ce qui est des puces et des écrans. De l'avis général, c'est de là que pourrait venir le “gri-gri” innovant susceptible de séduire les afficionados. En tout cas, “sans Jobs, les rivaux d'Apple vont désormais avoir un peu de temps pour revenir à hauteur et des géants comme Google, Samsung, Microsoft et Facebook vont tenter d'occuper le vide laissé”, prophétise un autre analyste coréen. Samsung est toutefois encore loin derrière son concurrent question capitalisation boursière (115 milliards de dollars contre 345).
Déception de l'iPhone 4S
D'autant qu'Apple elle-même donne des signes inquiétants. La mort de Steve Jobs se produit au lendemain de l'entrée en scène décevante de son successeur, Tim Cook. Sa présentation de l'iPhone 4S a laissé les “applemaniaques” sur leur faim : sur le fond, avec un produit en dessous de leurs attentes, et sur la forme, avec un Tim Cook plutôt poussif. Les marchés y ont vu un sombre présage et les valeurs des concurrents d'Apple grimpaient, tandis les siennes baissaient.
La firme de Cupertino dispose encore d'un peu de temps pour reprendre ses appuis. Les derniers produits conçus sous la houlette de Steve Jobs doivent encore sortir, notamment le très attendu iPhone 5. Après, elle sera vraiment toute seule.
Grégoire Lecalot, avec agences
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