L'hybride dépasse l'essence en Europe : "C'est une évolution inexorable vers l'électrification du marché", selon une fédération de constructeurs d'automobiles

Dans les familles, la voiture est généralement un "couteau suisse", en solo pour aller au travail, familiale pour la vie de tous les jours et les vacances. La voiture hybride, qui combine une motorisation thermique et une électrique, est facile à utiliser, fait valoir François Roudier, secrétaire général de l'Organisation internationale des constructeurs d'automobiles.
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Véhicule hybride (photo d'illustration). (KAZUHIRO NOGI / AFP)

"C'est une évolution inexorable vers l'électrification du marché automobile", salue mardi 22 octobre sur franceinfo François Roudier, secrétaire général de l'Organisation internationale des constructeurs d'automobiles (OICA) alors qu'après des mois de baisses, les ventes de voitures hybrides devancent les voitures thermiques en septembre. Elles ont atteint 32,8% du marché européen, contre 29,8% pour les voitures essence.

"C'est une utilisation qui est quand même massivement rurale", souligne-t-il. La voiture globalement est en baisse dans les villes. Alors que le budget 2025 prévoit une taxe plus importante sur les véhicules hybrides et moins d'aides pour les véhicules 100% électriques, François Roudier craint que cela "freine les marchés".

franceinfo : C'est une bonne nouvelle pour les constructeurs automobiles ?

François Roudier : C'est une évolution inexorable vers l'électrification du marché automobile. C'est plutôt une bonne chose de voir que le moteur thermique traditionnel cède le pas aux moteurs avec une électrification, l'hybride.

"L'électrique avance, mais pas aussi vite que l'hybride."

François Roudier, de l'OICA

à franceinfo

Est-ce que la France est sur la même dynamique de vente ?

La France fonctionne bien. La France a un peu plus de véhicules électriques vendus depuis le début de l'année, c'est plutôt positif. L'Europe se débrouille assez bien par rapport à d'autres continents. Bien sûr, pas la Chine où là, vous êtes sur un pays qui est quasiment totalement sur un marché avec de l'électrification.

Les voitures hybrides sont les modèles avec un moteur à essence et une petite batterie électrique que l'on ne branche pas. C'est la clé de leur succès ?

Les véhicules qu'on appelle hybrides rechargeables sont un peu plus coûteux, mais permettent d'avoir un véhicule à la fois électrique et à la fois thermique. Les véhicules hybrides, qu'on appelle full hybride, livrés traditionnellement, sont plus connus et concernent plutôt des véhicules un petit peu plus petits, ce qui est quand même le cœur du marché européen. On n'est pas sur ce marché-là dans tous les pays. En Allemagne, on achète plutôt de grosses voitures, mais en France, c'est plutôt de petites voitures.

Où vivent les automobilistes qui achètent les voitures hybrides ?

C'est une utilisation qui est quand même massivement rurale, selon le terme de l'Insee. Ça commence à la deuxième périphérie des grandes villes. La voiture à l'intérieur des villes reste assez marginale et à tendance à baisser en utilisation, mais elle augmente fortement dans la ruralité. Vous avez un parc automobile en France en particulier qui a tendance à augmenter par la multimotorisation des ménages. Ce sont des véhicules qui consomment moins et donc qui intéressent plus les consommateurs.

Les voitures hybrides sont-elles moins chères que les voitures électriques ?

L'hybride peut être plus cher que l'électrique, mais le problème de l'électrique, au-delà de son coût qui reste élevé, c'est surtout le problème de la charge. Les constructeurs ont fait des voitures, mais il n'y a pas des bornes partout. Vous avez des bornes sur les autoroutes, sur les grands supermarchés, mais, lorsque vous allez dans des territoires assez lointains, vous ne trouvez pas de bornes. Soit vous rechargez chez vous, soit chez votre employeur. Ça pose de vrais problèmes.

"La recharge est un problème mondial."

François Roudier

à franceinfo

C'est une catastrophe aux États-Unis en particulier. En Europe, ça devient très difficile.

Les ventes de voitures électriques en Europe ont aussi bondi de presque 10% sur un an. Elles représentent un peu plus de 17% des ventes, mais c'est tout de même en deçà des niveaux espérés par les constructeurs. Comment l'expliquez-vous ?

L'automobile, ça fonctionne avec trois acteurs : l'industrie, les gouvernements et les clients. L'industrie a sorti les voitures, les gouvernements ont mis des barrières pour sortir des véhicules thermiques, le problème, c'est les consommateurs. Ils trouvent ces véhicules très chers et estiment qu'ils ne répondent pas forcément à tous les besoins. Une voiture, c'est souvent un couteau suisse, c'est-à-dire que ça va être la voiture dans laquelle on va être tout seul pour aller au travail. Puis, après la voiture dans laquelle on transporte cinq personnes, sa famille, les courses, etc. Pour l'instant, cette voiture électrique est trop chère par rapport à ce qu'elle apporte, par rapport à un véhicule thermique.

Le budget 2025 prévoit une taxe plus importante sur les véhicules hybrides et moins d'aides pour les véhicules 100% électriques. Ça peut freiner le marché ?

Ce genre de chose freine les marchés. En Allemagne, ça a été une des causes essentielles de l'effondrement des ventes de véhicules électriques. La Norvège, qui a toujours eu une politique extrêmement bien suivie, annoncée à l'avance et régulière, est maintenant sur un marché quasiment 80% électrique. Le reste étant des hybrides. Si une politique fait des yoyo, on a un effet immédiat sur le consommateur qui n'a pas confiance.

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