La polémique sur la rémunération de Carlos Ghosn en cinq actes
Le PDG du groupe Renault a touché 7,251 millions d'euros de rémunération pour l'année 2015.
Après Carlos Tavares, le président de PSA Peugeot Citroën, c'est au tour de Carlos Ghosn d'être épinglé pour son salaire. Vendredi 29 avril, l'assemblée des actionnaires a rejeté la rémunération de 7,2 millions d'euros du PDG de Renault, avant d'être contredite par le conseil d'administration.
Face à cette situation, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, a menacé mardi de "légiférer" si le conseil d'administration ne changeait pas de position. Francetv info revient sur cette polémique.
Acte 1 : Carlos Ghosn touche 7,2 millions d'euros pour l'année 2015
En 2015, le PDG de Renault a perçu 7,251 millions d'euros, soit 764 fois le smic. Une rémunération en hausse de 0,49% par rapport à 2014. Ce montant intègre un salaire fixe de 1,23 million d'euros, une part variable de 1,78 million ainsi que 4,18 millions sous forme de stock-options et de bonus.
En plus des 7,251 millions d'euros touchés chez Renault, Carlos Ghosn a aussi perçu 8 millions d'euros en qualité de PDG de Nissan, portant sa rémunération totale à plus de 15 millions d'euros.
Acte 2 : les actionnaires rejettent cette rémunération
Vendredi 29 avril, lors de l'assemblée générale des actionnaires, 54% d'entre eux rejettent la résolution portant sur la rémunération de leur PDG pour l'année 2015.
Depuis 2013, les actionnaires des entreprises du CAC 40 disposent d'un avis consultatif sur la rémunération de leurs dirigeants, dans le cadre du "say on pay". Cette pratique très répandue dans le monde anglo-saxon consiste à demander aux actionnaires de se prononcer ("say") sur la rémunération des dirigeants ("pay"), plutôt que d'en faire un sujet du conseil d'administration, rappelle L'Expansion.
"Le conseil d'administration prend acte de cet avis négatif des actionnaires (...) et va se réunir pour examiner le détail de ce vote et analyser sa signification", déclare dans la foulée le président du comité des rémunérations, Patrick Thomas.
Acte 3 : Carlos Ghosn se défend et indique qu'il "ne fixe pas sa rémunération"
Face aux accusations des actionnaires, qui pointent un "manque d'exemplarité inacceptable", Carlos Ghosn précise que ce n'est "pas lui", mais "le conseil d'administration, qui fixe la rémunération, elle-même préparée par le comité des rémunérations".
"En tant qu'actionnaire, vous donnez délégation (...) au conseil d'administration, c'est lui qui juge non pas sur la base d'un caprice, mais il juge si la façon dont le PDG est payé est conforme à ses efforts, à son talent, à la situation (...). Nous avons un processus très clair, transparent", indique-t-il, ajoutant que "le plus important, c'est que Renault aille bien".
Acte 4 : le conseil d'administration maintient la rémunération
Après réunion, le conseil d'administration annonce vendredi dans un communiqué avoir approuvé le maintien de la rémunération du PDG pour 2015, tout en mettant en place une mission sur les "évolutions utiles" pour les années à venir.
Le conseil justifie sa décision en rappelant la "qualité des résultats de l'année 2015". L'entreprise a engrangé l'an dernier un chiffre d'affaires record de plus de 45 milliards d'euros, en hausse de 10,4%. L'État, qui contrôle 19,74% de Renault, a voté contre la résolution, mais n'a pas utilisé son droit de vote double.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, se dit "gêné" par le passage "en force" du conseil d'administration. "Quand des actionnaires d'une entreprise disent non (...), passer en force aussi rapidement me gêne", réagit-il lundi sur BFMTV.
Acte 5 : Emmanuel Macron menace de légiférer sur la rémunération des grands patrons
Renault : Emmanuel Macron exige que le conseil d'administration diminue le salaire de Carlos Ghosn
Interrogé sur le sujet mardi à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron estime qu'il y a eu un "dysfonctionnement en matière de gouvernance". Il menace de "légiférer" sur la rémunération des grands patrons si le conseil d'administration du constructeur automobile ne "tire pas les conséquences" pour 2016 de cette décision.
Il faut "en tirer toutes les conséquences dans les prochaines semaines, sans quoi nous serions conduits en effet à légiférer", ajoute-t-il, demandant que le conseil d'administration "se réunisse à nouveau".
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