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Succès des voitures électriques Tesla : le "teslisme est en train de remplacer le modèle industriel" traditionnel, assure un spécialiste

Conseiller en excellence opérationnelle, Michaël Valentin explique le succès de la start-up par son "côté transgressif". "L’échec est permis dans ces boîtes-là parce qu'on sait qu'on se retourne vite." 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un véhicule Tesla (illustration). (AURÉLIEN ACCART / RADIO FRANCE)

Michaël Valentin, directeur associé d’Opéo, cabinet de conseil en excellence opérationnelle et auteur du livre Le modèle Tesla aux éditions Dunod, a expliqué lundi 3 janvier sur franceinfo que le "teslisme est en train de remplacer le modèle industriel" traditionnel. Tesla, le constructeur américain de voitures électriques haut de gamme, a livré plus de 936 000 véhicules en 2021, quasiment deux fois plus qu'en 2020. 

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Portée par son "charismatique" fondateur Elon Musk, la marque a su "s’adapter à la crise des semi-conducteurs" grâce à son "agilité", analyse-t-il. En modifiant son logiciel plus de 21 fois l'année dernière, Tesla "a réussi à chaque fois à adapter sa voiture aux composants disponibles et non pas l'inverse", explique-t-il.

franceinfo : Pourquoi Tesla s'en sort-elle si bien ?

Michaël Valentin : Tesla c’est plus qu'un constructeur automobile. Tesla se définit comme un acteur de la transition énergétique, mais le "teslisme" est en train de remplacer le modèle industriel par une hybridation de la Tech -les GAFA, Google et Apple- avec le monde industriel. Tesla a pour ambition de multiplier ses ventes par deux chaque année. C'est typiquement le genre de modèle qu'on retrouve dans une entreprise purement digitale et c'est ça qu’Elon Musk est en train de faire avec les voitures.

Comment Tesla a-t-elle survécu à la pénurie des semi-conducteurs ?

C’est super intéressant. Une des composantes du teslisme est l’agilité du modèle d'organisation qui fait que la voiture étant connectée, elle est très centrée sur le logiciel et donc il est très facile de modifier la voiture elle-même à distance et très rapidement, comme on modifie un logiciel en tant que tel.

Comment Tesla s'est-elle adaptée à cette crise ?

D'abord, l'attractivité de la marque et des modèles électriques, qui sont en plein boom. Tesla profite de cette croissance de l'électrique, d'une part, mais c'est surtout l'agilité et la capacité à s'adapter à la crise des semi-conducteurs qui a bloqué la plupart des chaînes de ses concurrents.

"Tesla, en modifiant son logiciel plus de 21 fois l'année dernière, a réussi à chaque fois à adapter sa voiture aux composants disponibles et non pas l'inverse."

Michaël Valentin, directeur associé d’Opeo

à franceinfo

Le charisme du fondateur Elon Musk compte aussi ?

Cela compte beaucoup. Comme dans toutes les start-up, si le fondateur de la startup est charismatique c’est important pour le succès, notamment parce qu'il porte une vision. Par exemple, c'est de contribuer à la transition énergétique. Ce qui est assez surprenant et intéressant, c'est qu'au-delà des clients, vous avez aussi des employés qui sont très mobilisés et enthousiasmés par ce modèle et par la conviction forte que Tesla n'est pas seulement une entreprise qui est là pour gagner de l'argent, mais pour quelque chose d’un peu plus important pour la société. Donc, évidemment, Elon Musk est capital, mais au-delà de ça, comme dans toutes les start-up, l'entreprise a muté plusieurs fois depuis sa création, il y a une quinzaine d'années. Et il y a quand même des fondamentaux très forts qui correspondent bien au monde d'aujourd'hui. Les clients maintenant attendent d'un produit qu’il soit respectueux de l'environnement, qu’il respecte un certain nombre de codes éthiques et par ailleurs et surtout, le fait d'avoir un produit qui s'adapte au fil de l'eau.

"La voiture peut faire des montées de versions comme un iPhone. Très centrée sur la donnée, elle va permettre de faire tout un tas de choses qui sont autres que de conduire."

Michaël Valentin

à franceinfo

À terme, on peut imaginer que le réseau Tesla de voiture permettra de créer des applications comme sur des iPhone, où des gens vont pouvoir coder des applications. Quand vous allez dans votre voiture, si elle est autonome, vous allez pouvoir jouer à des jeux ou regarder la télévision, faire vos courses. C'est un nouveau modèle complet, une nouvelle façon de voir la mobilité, qui n'est pas seulement lié à la personnalité d’Elon Musk, mais c'est aussi une vision de l'évolution de ce secteur-là.

La sécurité peut-elle être un frein au développement de la marque ?

Vous avez raison. Cela pose aussi des questions. C'est aussi le propre de ces révolutions industrielles. Quand il y a une révolution industrielle, il y a de nouvelles technologies qui sont disponibles. Au départ, il y a un peu un tâtonnement. Et puis, le législateur doit s'adapter aussi. En fait, ce qui fait que ces start-up vont aussi vite, c'est qu'il y a quand même un petit côté transgressif. Effectivement, il y a une prise de risque qui fait que parfois ça échoue, mais qui fait aussi, que beaucoup de fois, cela réussit. L’échec est permis dans ces boîtes-là. Ce qui est un peu différent d'une boîte industrielle traditionnelle parce qu'on sait qu'on se retourne vite, qu'on apprend très vite et qu'on est capable d’itérer [répéter] petit à petit pour faire une voiture de plus en plus performante et un modèle industriel de plus en plus performant.

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