Ce matin, les dépôts de Fos, Bassens, Cournon d'Auvergne et Rennes ont rouvert, cinq restent bloqués
A Fos (Bouches du Rhône) et à Vern-sur-Seiche près de Rennes, les forces de l'ordre ont sécurisé les sites. Le blocage des dépôts de Bassens (Gironde) et Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme) a aussi été levé sous la pression de la police.
Les dépôts du Mans, de Caen, Ouistreham, La Rochelle et Saint-Baussant sont ou restent bloqués depuis ce matin.
Plusieurs nouveaux blocages de dépôts pétroliers
Au Mans (Sarthe), 150 personnes, selon les syndicats sur place, participent vendredi matin au blocage parmi lesquels des militants CGT et FO ainsi que des enseignants Sud et FSU.
"On va faire une AG sauvage tout à l'heure pour savoir si les camarades veulent continuer", a déclaré à l'AFP Alain Bourneuf, secrétaire général adjoint CGT transports pour les Pays de Loire.
Avant le blocage du dépôt, plusieurs barrages filtrants avaient été établis dès cinq heures du matin autour de la ville du Mans.
Deux importants dépôts de carburants bas-normands, l'un à Caen géré par les Combustibles de Normandie, l'autre à Ouistreham, géré par Total, étaient aussi bloqués vendredi matin par plusieurs dizaines d'opposants à la réforme des retraites, selon les gendarmes et l'AFP sur place.
A La Pallice à La Rochelle, le dépôt pétrolier est bloqué depuis jeudi 23h par une quarantaine de militants CGT et CFDT, dont des dockers, a-t-on appris vendredi matin auprès de la direction.
Les manifestants ont installé jeudi soir des barrages aux deux extrémités de la route qui conduit au site du port de La Pallice qui abrite les deux dépôts appartenant aux sociétés SDLP et Picoty, a indiqué le chef de dépôt de la SDLP, Bernard Rabot.
Aucun camion n'a pu charger, a-t-il dit, ajoutant qu'il envisageait de faire constater le blocage par un huissier et qu'il comptait également introduire une action en référé pour demander la lever du blocus. Le site rochelais alimente le Centre-Ouest de la France.
A Saint-Baussant (Meurthe-et-Moselle), le blocage du dépôt pétrolier de la Société Française Donges Metz a été reconduit vendredi matin, a-t-on appris auprès de la préfecture.
Neuf salariés grévistes sur la vingtaine travaillant sur le site empêchent les camions de s'approvisionner. Le blocage devrait durer jusqu'à 18h30 avant un vote sur la reconduction du mouvement, selon la même source.
A ces blocages s'ajoute celui très bref vendredi matin du dépôt de Toulouse où sont intervenus les gendarmes pour y mettre un terme.
Fin du blocage du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine)
Le dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, bloqué depuis cinq heures du matin vendredi, a été débloqué et les manifestants ont quitté les lieux dans le calme.
Le blocage de ce dépôt, l'un des plus importants de l'Ouest, avait provoqué la formation d'une file d'une cinquantaine de camions citernes en attente de faire le plein, qui ont pu pénétrer sur le site peu après 10h, après que les gendarmes ont repoussé dans le calme les bloqueurs, comme l'a constaté un photographe de l'AFP.
Plusieurs dizaines de manifestants avaient participé au blocage, dont de nombreux étudiants venus renforcer les rangs des syndicalistes du dépôt, à la demande de ces derniers.
Pour Bernard Thibault (CGT), "le déblocage n'est pas la méthode pour sortir de l'impasse"
Interrogé sur LCI à propos de l'intervention des forces de l'ordre dans trois dépôts de carburant qui avaient été bloqués par des grévistes, le secrétaire général de la CGT a déclaré: "Ce n'est pas la méthode qui permettra de sortir de l'impasse" sur le conflit des retraites.
Selon le leader de la CGT, l'objectif "en soi" des mouvements de grève, notamment dans le secteur de l'énergie, n'est pas de stopper l'activité économique. "L'objectif de cette mobilisation c'est bien d'obtenir des discussions pour un autre avenir de nos retraites", a-t-il martelé.
"On ne peut pas se permettre une pénurie"
Le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau a justifié vendredi sur Europe 1 le déblocage par les forces de l'ordre de plusieurs dépôts de carburants par la nécessité d'éviter toute pénurie d'essence.
"On ne peut pas se permettre une pénurie d'essence, il faut penser à toutes celles et tous ceux d'entre nous qui ont besoin de se déplacer (...), aux entreprises, aux transporteurs routiers, tout ce qui fait la vie de notre pays, d'où ces décisions" de lever les blocages, a-t-il déclaré. "Il n'y aura pas de problème d'approvisionnement en cette fin de semaine", a-t-il assuré.
"L'Etat est plus prompt à la répression qu'à la négociation"
A Fos, selon la CGT, l'intervention des forces de l'ordre s'est faite en nombre, avec une cinquantaine de camions. "On avait donné pour consigne de ne pas aller à l'affrontement. On constate que l'Etat est beaucoup plus prompt à la répression qu'à la négociation", a déclaré à l'AFP une source syndicale.
Le dépôt pétrolier de Fos (DPF est le plus important de la région avec une capacité de stockage de 860.000 mètres cube de produits chimiques et raffinés) est primordial pour l'alimentation des pompes à essence de la région depuis que les quatre raffineries situées autour de l'Etang de Berre sont privées de brut, après le blocage des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera depuis le 27 septembre, et progressivement mises à l'arrêt.
Ce blocage des terminaux se poursuivait vendredi, contraignant une soixantaine de navires à rester en mer au large de Fos et Marseille.
Le blocage des accès au dépôt de Fos avait été initié jeudi matin par des agents portuaires et des salariés de la pétrochimie locale ou de l'aciériste ArcelorMittal, dont l'usine voisine le site.
Reste à savoir combien d'essence et de gasoil contiennent encore les énormes cuves de DPF, dont Total est un gros actionnaire.
Des perturbations au dépôt de Fos depuis début septembre
La CGT avait déjà temporairement bloqué l'accès à DPF le 7 septembre lors d'une action commune des agents portuaires, qui s'opposent à la création d'une filiale pour gérer les terminaux pétroliers de Fos et Lavera, et des salariés du raffinage, qui protestent contre un projet de dépôt pétrolier Oiltanking Mediaco menaçant leur activité selon eux. Le conflit combine désormais des revendications liées à l'avenir de la filière pétrochimique locale et au projet de réforme des retraites.
En Gironde, les manifestants lèvent le blocage du dépôt de Bassens
"Le préfet de la Gironde, Dominique Schmitt, s'est rendu personnellement sur place ce matin à 6h. Après un long dialogue avec l'intersyndicale, il a obtenu que l'accès aux dépôts pétroliers ne fasse plus l'objet d'un blocage, sans que les forces de l'ordre n'aient à intervenir", indique dans un communiqué la préfecture.
"En contrepartie, il a autorisé l'intersyndicale à rester sur place et à distribuer des tracts aux usagers de la voirie", poursuit le communiqué.
Le blocage du dépôt, qui alimente 13 départements du Sud-Ouest, effectif depuis le 14 octobre à 3h30 avait été reconduit jeudi soir à l'unanimité par les 71 manifestants présents pour réclamer le retrait de la réforme des retraites, avait indiqué à l'AFP une source syndicale.
A Cournon, près de Clermont-Ferrand, un déblocage sans violence
Les occupants ont été évacués par la police vers 5h du matin, a dit à Reuters, Julien Pauliac, secrétaire général de l'union départementale CGT.
"Ca s'est fait sans heurt ni violence", a-t-il ajouté, en précisant que la décision de lever le blocage avait été prise avant l'opération policière.
"C'est une réussite, personne n'a été blessé, mais on a touché une partie du secteur économique pour faire réagir le patronat et le gouvernement. On s'oriente maintenant vers d'autres actions dans la journée", a-t-il ajouté.
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